
Il y a, d'un cote, Mohamed Quid Abdelaziz, le général qui, le 6 aout, a renversé Sidi Quid Cheikh Abdallahi et s'est autoproclame chef de l’État mauritanien. Uniforme et béret verts, regard fixe et sourire rare, ce chef charismatique est apprécié de ses troupes. Une majorité de parlementaires soutient son coup d'Etat, et le peuple brandit son portrait dans la rue.
De l'autre, il y a la communauté internationale: Union africaine, Nations unies et Union européenne. Des apôtres de la démocratie et de l’État de droit qui peuvent difficilement ne pas s'offusquer de ce énième putsch et ne pas s'inquiéter du sort de sa principale victime, Sidi Quid Cheikh Abdallahi, toujours en résidence surveillée à l'heure où ces lignes sont écrites. Depuis un mois, les deux parties campent fermement sur leurs positions.
Sur de son bon droit, Quid Abdelaziz a, le 1er septembre, annonce la composition d'un nouveau gouvernement dont le chef, Moulaye Quid Mohamed Laghdaf, avait été désigné des le 14 aout. Paris a aussitôt jugé la nouvelle équipe « illégitime ». Quelques jours plus tôt, les responsables français avaient agite la menace de sanctions individuelles centre des membres de la junte si Sidi n'était pas libéré et rétabli dans ses fonctions.
« Nous sommes fermes parce que nous ne voulons pas que le coup d'Etat puisse apparaitre comme réussi, ce serait un très mauvais signal », explique un diplomate français.
Même son de cloche du cote de la Commission européenne, qui n'exclut pas de bloquer le versement des 86 millions d'euros dus a la Mauritanie dans le cadre d'un accord de pêche. Or cette somme représente une part importante du budget de ce pays: pas loin de 650 millions d'euros, cette année.
UNE « AFFAIRE INTERIEURE »
Du coup, les Mauritaniens ont tendance à se crisper. « La libération de Sidi Quid Cheikh Abdallahi est une affaire intérieure », nous a, par exemple, confie Sidi Quid Tah, le ministre des Affaires économiques et du Développement reconduit dans ses fonctions en dépit du coup d'Etat. Pour lui, comme d'ailleurs pour la junte, « Aziz » n'a fait que protéger la Mauritanie d'un président qui, en refusant le vote d'une motion de censure, puis la tenue d'une session extraordinaire du Parlement, a tente de faire obstacle au bon fonctionnement des institutions démocratiques, dont l'armée s'autoproclame la garante.
Sans transiger officiellement avec la condamnation du putsch et l'exigence du retour a l'ordre constitutionnel, une partie de la communauté internationale ne se montre pas, en coulisse, insensible à ces arguments. Entre l'ancienne puissance coloniale et Nouakchott, le contact a été maintenu par des intermédiaires mauritaniens, notamment l'homme d'affaires Mohamed Quid Bouamatou, qui appartient a la même tribu qu'Ould Abdelaziz (les Ouled Besbah). Fin aout, ce dernier a été discrètement reçu par le secrétaire général de l’Élysée, avant de déjeuner avec Alain Joyandet, le secrétaire d'Etat à la Coopération.
Nomme ministre des Affaires étrangères le 1er septembre, Mohamed Mahmoud Quid Mohamedou s'était pour sa part rendu au Quai d'Orsay, des avant le 6 aout, pour informer les diplomates français des derniers rebondissements de la crise et dénigrer Sidi.
Le 3 septembre, dans la soirée, Joyandet s'est longuement entretenu, de manière informelle, avec Sidi Quid Tah, le ministre des Affaires économiques, opportunément rencontre à Accra dans le cadre d'un forum sur l'efficacité de l'aide. Cote africain, le principe de réalité joue également a plein. « Les militaires ne reviendront pas en arrière, il faut trouver une solution sur cette base », reconnait par exemple un responsable malien.
Ces pragmatiques redoutent un renforcement de l'isolement du pays et une aggravation des maux qui le frappent: terrorisme, trafic de drogue, contrebande en tout genre, crise alimentaire. Us sont également sensibles à l'énergie déployée par Quid Abdelaziz pour traquer les islamistes, auxquels le consensuel et pieux Sidi avait fait un certain nombre de concessions. En mai, il avait notamment fait entrer au gouvernement des membres du parti « a référentiel islamique » de Jemil Quid Mansour.
De son cote, même si elle se refuse à l'avouer, la Mauritanie a besoin de I'UE, son premier partenaire économique et premier bailleur de fonds. Et puis, les membres de la junte craignent beaucoup une restriction de leurs déplacements et un gel de leurs avoirs a l'étranger...
Cette convergence d'intérêts est-elle de nature à mettre un terme au blocage? Selon des sources proches du dossier, un scenario de compromis aurait été évoqué. Sidi Quid Cheikh Abdallahi pourrait ainsi être libéré, comme l'exige la communauté internationale, mais maintenu à l’écart de la vie politique, dans son village natal, au Brakna, dans le sud du pays. En contrepartie, bien sur, de l'absence de sanctions contre la junte. Mais cette solution implique une démission de Sidi... Reste à connaitre le programme de la « rectification » - selon la terminologie officielle - promise par Quid Abdelaziz. Depuis un mois, il n'a pas vraiment précisé ses intentions.
Une élection présidentielle aura-t-elle lieu, et quand ? Ould Abdelaziz sera-t-il candidat ?
Compte-t-il être candidat a la présidentielle ? D'ailleurs, une présidentielle aura-t-elle bien lieu ? Et si oui, quand ? La junte prévoit de présenter lors du Conseil des ministres du 10 septembre une « feuille de route » qui, peut-être, répondra à ces questions capitales.
Mais le front qui soutient Sidi ne voit la qu'une manœuvre destinée à retarder le plus possible les réponses et s'éterniser au pouvoir. Ses leaders, qu'il s'agisse de Messaoud Ould Boulkheir, président de l'Assemblée nationale et de l'Alliance populaire progressiste (APP), ou de Mohamed Ould Maouloud, patron de l'Union des forces de progrès (UFP), continuent de résister pied a pied à la junte.
Dans l'autre camp, la volonté des militaires de faire le procès de la politique de Sidi Ould Cheikh Abdallahi ne fait aucun doute.
Le 2 septembre, l'Assemblée nationale a élu quatre de ses membres à la Haute Cour de justice, une instance censée juger le président renversé pour mauvaise gestion... Une manière, en somme, de justifier l'injustifiable: le « sauvetage » du 6 aout.
Matshi
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Source: kongotimes
(M) avomm
De l'autre, il y a la communauté internationale: Union africaine, Nations unies et Union européenne. Des apôtres de la démocratie et de l’État de droit qui peuvent difficilement ne pas s'offusquer de ce énième putsch et ne pas s'inquiéter du sort de sa principale victime, Sidi Quid Cheikh Abdallahi, toujours en résidence surveillée à l'heure où ces lignes sont écrites. Depuis un mois, les deux parties campent fermement sur leurs positions.
Sur de son bon droit, Quid Abdelaziz a, le 1er septembre, annonce la composition d'un nouveau gouvernement dont le chef, Moulaye Quid Mohamed Laghdaf, avait été désigné des le 14 aout. Paris a aussitôt jugé la nouvelle équipe « illégitime ». Quelques jours plus tôt, les responsables français avaient agite la menace de sanctions individuelles centre des membres de la junte si Sidi n'était pas libéré et rétabli dans ses fonctions.
« Nous sommes fermes parce que nous ne voulons pas que le coup d'Etat puisse apparaitre comme réussi, ce serait un très mauvais signal », explique un diplomate français.
Même son de cloche du cote de la Commission européenne, qui n'exclut pas de bloquer le versement des 86 millions d'euros dus a la Mauritanie dans le cadre d'un accord de pêche. Or cette somme représente une part importante du budget de ce pays: pas loin de 650 millions d'euros, cette année.
UNE « AFFAIRE INTERIEURE »
Du coup, les Mauritaniens ont tendance à se crisper. « La libération de Sidi Quid Cheikh Abdallahi est une affaire intérieure », nous a, par exemple, confie Sidi Quid Tah, le ministre des Affaires économiques et du Développement reconduit dans ses fonctions en dépit du coup d'Etat. Pour lui, comme d'ailleurs pour la junte, « Aziz » n'a fait que protéger la Mauritanie d'un président qui, en refusant le vote d'une motion de censure, puis la tenue d'une session extraordinaire du Parlement, a tente de faire obstacle au bon fonctionnement des institutions démocratiques, dont l'armée s'autoproclame la garante.
Sans transiger officiellement avec la condamnation du putsch et l'exigence du retour a l'ordre constitutionnel, une partie de la communauté internationale ne se montre pas, en coulisse, insensible à ces arguments. Entre l'ancienne puissance coloniale et Nouakchott, le contact a été maintenu par des intermédiaires mauritaniens, notamment l'homme d'affaires Mohamed Quid Bouamatou, qui appartient a la même tribu qu'Ould Abdelaziz (les Ouled Besbah). Fin aout, ce dernier a été discrètement reçu par le secrétaire général de l’Élysée, avant de déjeuner avec Alain Joyandet, le secrétaire d'Etat à la Coopération.
Nomme ministre des Affaires étrangères le 1er septembre, Mohamed Mahmoud Quid Mohamedou s'était pour sa part rendu au Quai d'Orsay, des avant le 6 aout, pour informer les diplomates français des derniers rebondissements de la crise et dénigrer Sidi.
Le 3 septembre, dans la soirée, Joyandet s'est longuement entretenu, de manière informelle, avec Sidi Quid Tah, le ministre des Affaires économiques, opportunément rencontre à Accra dans le cadre d'un forum sur l'efficacité de l'aide. Cote africain, le principe de réalité joue également a plein. « Les militaires ne reviendront pas en arrière, il faut trouver une solution sur cette base », reconnait par exemple un responsable malien.
Ces pragmatiques redoutent un renforcement de l'isolement du pays et une aggravation des maux qui le frappent: terrorisme, trafic de drogue, contrebande en tout genre, crise alimentaire. Us sont également sensibles à l'énergie déployée par Quid Abdelaziz pour traquer les islamistes, auxquels le consensuel et pieux Sidi avait fait un certain nombre de concessions. En mai, il avait notamment fait entrer au gouvernement des membres du parti « a référentiel islamique » de Jemil Quid Mansour.
De son cote, même si elle se refuse à l'avouer, la Mauritanie a besoin de I'UE, son premier partenaire économique et premier bailleur de fonds. Et puis, les membres de la junte craignent beaucoup une restriction de leurs déplacements et un gel de leurs avoirs a l'étranger...
Cette convergence d'intérêts est-elle de nature à mettre un terme au blocage? Selon des sources proches du dossier, un scenario de compromis aurait été évoqué. Sidi Quid Cheikh Abdallahi pourrait ainsi être libéré, comme l'exige la communauté internationale, mais maintenu à l’écart de la vie politique, dans son village natal, au Brakna, dans le sud du pays. En contrepartie, bien sur, de l'absence de sanctions contre la junte. Mais cette solution implique une démission de Sidi... Reste à connaitre le programme de la « rectification » - selon la terminologie officielle - promise par Quid Abdelaziz. Depuis un mois, il n'a pas vraiment précisé ses intentions.
Une élection présidentielle aura-t-elle lieu, et quand ? Ould Abdelaziz sera-t-il candidat ?
Compte-t-il être candidat a la présidentielle ? D'ailleurs, une présidentielle aura-t-elle bien lieu ? Et si oui, quand ? La junte prévoit de présenter lors du Conseil des ministres du 10 septembre une « feuille de route » qui, peut-être, répondra à ces questions capitales.
Mais le front qui soutient Sidi ne voit la qu'une manœuvre destinée à retarder le plus possible les réponses et s'éterniser au pouvoir. Ses leaders, qu'il s'agisse de Messaoud Ould Boulkheir, président de l'Assemblée nationale et de l'Alliance populaire progressiste (APP), ou de Mohamed Ould Maouloud, patron de l'Union des forces de progrès (UFP), continuent de résister pied a pied à la junte.
Dans l'autre camp, la volonté des militaires de faire le procès de la politique de Sidi Ould Cheikh Abdallahi ne fait aucun doute.
Le 2 septembre, l'Assemblée nationale a élu quatre de ses membres à la Haute Cour de justice, une instance censée juger le président renversé pour mauvaise gestion... Une manière, en somme, de justifier l'injustifiable: le « sauvetage » du 6 aout.
Matshi
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Source: kongotimes
(M) avomm