
La médiation sénégalo-internationale, qui planchait sur la crise politique que nous vivons depuis le 6 août dernier, a finalement rendu l’âme, sans aboutir au moindre résultat. Pourtant, la semaine dernière n’a cessé de bruire de rumeurs variées. Qui nous ont donné beaucoup d’espoir.
Avant qu’on ne retombe de haut. Tantôt c’est le général, qui n’est, pourtant, qu’un candidat comme les autres, sans plus de pouvoir, du moins en théorie, qui «accepte de reculer» l’élection. Une autre fois, ce sont les médiateurs qui se déclarent optimistes, quant à l’issue des négociations.
Tout ne se révélera, finalement, que du pipeau. Une semaine d’intenses tractations n’aura servi qu’à constater le fossé, béant, qui sépare les deux camps.
Personne, cependant, aussi bien parmi ceux qui nous gouvernent que parmi ceux qui s’y opposent, ne viendra nous édifier sur ce qui s’est passé.
Chaque partie se contentant de rejeter, sur l’autre, la responsabilité de l’échec de la médiation. On ne sait, toujours pas, qui a fait des concessions; qui a proposé quoi; sur quel point les négociations ont achoppé; jusqu’où les deux camps étaient prêts à aller… C’est, pourtant, de notre présent, et de notre avenir, que ces gens-là discutaient, sans qu’on leur ait donné mandat, pour cela. Et ils n’ont même pas daigné nous dire de quoi ils ont parlé, ni sur quoi ils étaient d’accord ou pas d’accord.
Certes, les responsabilités ne sont pas les mêmes. En décidant, sur un coup de tête, de renverser un président démocratiquement élu, Ould Abdel Aziz s’est placé, volontairement, dans la position de l’accusé qui fait l’objet d’un tir nourri, de toutes parts. Surtout que, de sources concordantes, il se refuse, toujours, à lâcher le moindre lest. Son agenda, il y tient et ce ne sont pas des émissaires venus d’un peu partout qui le feront plier.
Les sanctions? Il y est en plein dedans, depuis son coup de force, et elles ne risquent pas l’affecter beaucoup, lui, du moins. Surtout que le chef de file de ces mêmes médiateurs, le Sénégal en l’occurrence, n’a cessé de manifester sa «compréhension», à l’égard la junte. A tel point que les opposants ont fini par ne voir, dans toute cette médiation, qu’un subterfuge, destiné à faire perdre du temps à l’opposition et à consacrer le fait accompli, par une élection postiche dont le seul objectif est de légitimer le putsch.
D’ailleurs le général l’a dit et répété : «ce ne sont pas cinq personnes [pourquoi pas six ou sept?] qui l’empêcheront de bâtir la nouvelle Mauritanie», celle où l’on ne viole pas la Constitution, où les décisions de la Cour suprême, la plus haute juridiction, sont exécutées, à la minute, où la Douane ne confisque pas, sans raison, les CD d’une artiste qui a osé dire non, où les médias d’Etat ne sont pas au service d’un seul homme, où les promesses d’un lendemain meilleur ne sont pas que des paroles en l’air, où un conseil militaire n’exige pas le respect d’une loi qu’il a, lui-même, foulée au pied.
Il n’est, ainsi, toujours pas interdit de rêver. C’est bon signe? En tout cas, la nature mauritanienne n’est, donc, pas totalement exsangue. L’harmattan souffle, fouette nos visages et notre Constitution, nous fermons les yeux, baraquons les chameaux, et l’on attend, attend, que cela passe. Certains applaudissent, d’autres maudissent, nous souffrons tous, certains, évidemment, bien plus que d’autres, rêvons, la tête ensablée, autant de rêves que nous sommes de Mauritaniens, le bien commun? La même loi pour tous? Chimères occidentales, sans doute…
L’important, c’est l’hivernage, demain, avec les pluies, après l’élection salvatrice… Là, on ne rêvera plus et bonjour, les dégâts, si le peuple s’estime, alors, floué. On pourra, toujours, regretter de n’avoir pas su négocier, aujourd’hui, un consensus, minimal, peut-être, mais viable, tout de même. Une médiation échouée, c’est une porte qu’on condamne…
Ahmed Ould Cheikh
Source: lecalame VIA Cridem
Avant qu’on ne retombe de haut. Tantôt c’est le général, qui n’est, pourtant, qu’un candidat comme les autres, sans plus de pouvoir, du moins en théorie, qui «accepte de reculer» l’élection. Une autre fois, ce sont les médiateurs qui se déclarent optimistes, quant à l’issue des négociations.
Tout ne se révélera, finalement, que du pipeau. Une semaine d’intenses tractations n’aura servi qu’à constater le fossé, béant, qui sépare les deux camps.
Personne, cependant, aussi bien parmi ceux qui nous gouvernent que parmi ceux qui s’y opposent, ne viendra nous édifier sur ce qui s’est passé.
Chaque partie se contentant de rejeter, sur l’autre, la responsabilité de l’échec de la médiation. On ne sait, toujours pas, qui a fait des concessions; qui a proposé quoi; sur quel point les négociations ont achoppé; jusqu’où les deux camps étaient prêts à aller… C’est, pourtant, de notre présent, et de notre avenir, que ces gens-là discutaient, sans qu’on leur ait donné mandat, pour cela. Et ils n’ont même pas daigné nous dire de quoi ils ont parlé, ni sur quoi ils étaient d’accord ou pas d’accord.
Certes, les responsabilités ne sont pas les mêmes. En décidant, sur un coup de tête, de renverser un président démocratiquement élu, Ould Abdel Aziz s’est placé, volontairement, dans la position de l’accusé qui fait l’objet d’un tir nourri, de toutes parts. Surtout que, de sources concordantes, il se refuse, toujours, à lâcher le moindre lest. Son agenda, il y tient et ce ne sont pas des émissaires venus d’un peu partout qui le feront plier.
Les sanctions? Il y est en plein dedans, depuis son coup de force, et elles ne risquent pas l’affecter beaucoup, lui, du moins. Surtout que le chef de file de ces mêmes médiateurs, le Sénégal en l’occurrence, n’a cessé de manifester sa «compréhension», à l’égard la junte. A tel point que les opposants ont fini par ne voir, dans toute cette médiation, qu’un subterfuge, destiné à faire perdre du temps à l’opposition et à consacrer le fait accompli, par une élection postiche dont le seul objectif est de légitimer le putsch.
D’ailleurs le général l’a dit et répété : «ce ne sont pas cinq personnes [pourquoi pas six ou sept?] qui l’empêcheront de bâtir la nouvelle Mauritanie», celle où l’on ne viole pas la Constitution, où les décisions de la Cour suprême, la plus haute juridiction, sont exécutées, à la minute, où la Douane ne confisque pas, sans raison, les CD d’une artiste qui a osé dire non, où les médias d’Etat ne sont pas au service d’un seul homme, où les promesses d’un lendemain meilleur ne sont pas que des paroles en l’air, où un conseil militaire n’exige pas le respect d’une loi qu’il a, lui-même, foulée au pied.
Il n’est, ainsi, toujours pas interdit de rêver. C’est bon signe? En tout cas, la nature mauritanienne n’est, donc, pas totalement exsangue. L’harmattan souffle, fouette nos visages et notre Constitution, nous fermons les yeux, baraquons les chameaux, et l’on attend, attend, que cela passe. Certains applaudissent, d’autres maudissent, nous souffrons tous, certains, évidemment, bien plus que d’autres, rêvons, la tête ensablée, autant de rêves que nous sommes de Mauritaniens, le bien commun? La même loi pour tous? Chimères occidentales, sans doute…
L’important, c’est l’hivernage, demain, avec les pluies, après l’élection salvatrice… Là, on ne rêvera plus et bonjour, les dégâts, si le peuple s’estime, alors, floué. On pourra, toujours, regretter de n’avoir pas su négocier, aujourd’hui, un consensus, minimal, peut-être, mais viable, tout de même. Une médiation échouée, c’est une porte qu’on condamne…
Ahmed Ould Cheikh
Source: lecalame VIA Cridem