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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Ely Ould Krombelé répond à Biram Ould Dah Ould Abeid

Enfin, il est capital de noter que, durant les purges de 1990, personne n'était contraint à torturer, encore moins à exécuter. Le libre-arbitre s'est transformé, en ces folles journées, en....arbitrage libre....les Haratines seront avec leurs cousins, neveux, oncles, frères et amis maures, dans le meilleur et dans le pire.


Ely Ould Krombelé répond à Biram Ould Dah Ould Abeid
"L'explosion communautaire n'est point la solution à l'endiguement de l'esclavage. La somalisation de la Mauritanie n'est pas dans l'intérêt des Haratines".

Après son effet boomerang, l'intervention de Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l'IRA, dans le n°573 du Calame du 20 Aout 2010, ne cesse de susciter les commentaires les plus burlesques du monde politico-médiatique mauritanien.

Contrairement à l’usage du killing-stick qui ne revient pas sur son tireur, à cause de son énergie stabilisatrice, la lutte contre l'esclavagisme et l'esclavage, particulièrement en Mauritanie, n'est point une sinécure. Les propos de Biram Ould Dah doivent interpeller l'attention de tous ceux qui sont épris de paix et de justice.

Nul n'ignore que Biram est issu d'un milieu maraboutique, les Oulad Deymane, où la métaphore, érigée en credo, corrompt la sémantique des locutions, les réduisant en expressions, tarabiscotées mais allégoriques, souvent indéchiffrables, en tout cas, pas très limpides, pour un profane.

Il est rare qu'un Deymani dise, tout haut, ce qu'il pense tout bas. Monsieur Biram, sans la prétérition à laquelle nous a habitués son milieu socioculturel, crève l'abcès, dévoile, avec fracas, les contours de sa stratégie, prédisant, au passage, l'explosion communautaire. Dans ce cas de figure, il y a lieu de surveiller le sablier de la clepsydre, en attendant le compte à rebours.

Que nous réserve monsieur Biram Ould Dah Ould Abeid? Une révolution culturelle à la chinoise ou celle, à la portugaise, des oeillets? A l'instant, cependant, la position du curseur social mauritanien n'indique aucune perturbation, encore moins de «big bang».

Car le fossé est très large, entre les élites haratines, chasseurs de postes juteux, de notoriété pro domo, corollaires d'un hédonisme égocentrique, et le lumpenprolétariat hartani. Ces Haratines ou «damnés de la terre» dont les seules préoccupations sont de sortir les fesses de l'eau des pluies torrentielles et la quête, obsédante, du pain quotidien, pour vivre d'abord, au seul dessein de survivre, le lendemain.

Monsieur Biram, votre combat est juste et louable. Retenez que la lutte contre l'esclavagisme, la plus abominable pratique des entreprises humaines, est trop précieuse pour qu'on en fasse, derechef, un fond de commerce, l'exposant dans les vitrines des chancelleries et forums occidentaux. Il est à prohiber que cette noble tâche puisse être un simple hobby ou une aubaine, même pour les descendants d'esclaves. Si la cause de la lutte est légitime, le matériau pour sa consécration se doit d'être imputrescible. Son architecture, soumise à l'approbation d'un public, tantôt contingent, tantôt récalcitrant, se voudra, elle, irréprochable.

Clin d’œil manipulateur et inquisiteur.

Enfin la finition, aboutissement d'une oeuvre aussi colossale qu'est la lutte contre l'esclavagisme et qui exige l'adhésion de tous, doit être séduisante. Ce qui n'est pas le cas de votre proposition, monsieur Biram, eu égard à la trame intellectuelle qui court à travers votre interview accordée au Calame, le 20 Aout 2010. Pour s'émanciper d'une hégémonie aussi atavique qu'est l'esclavage, le choix n'est pas multiple. C'est la logique du principe du tiers exclu: la non-violence ou la violence. L'avantage, ici, c'est que le dilemme n'est pas cornélien mais plutôt stratégique.

L'empirisme spatio-temporel nous édifie sur la lutte des Noirs Américains des années 50-60 jusqu'à nos jours. Vous constaterez, monsieur Biram, que le pasteur Martin Luther King, chantre de la non-violence a plus de notoriété, auprès de la conscience universelle, que Malcom X, les Black Muslims, Les Black Panthers et autre Angela Davis, partisans de la violence.

Le cas, récent, de Nelson Mandela, son acceptation à faire table rase de l'apartheid anté-réconciliation nationale, illustrent cette assertion. De l'antique révolté, Spartacus, en passant par le muezzin de l'ère islamique, Bilal Ibn Rabah d'Arabie, jusqu'au jour du 1er décembre 1955 où Rosa Louise Perks, cette militante afro-américaine de l'Alabama, bravant les lois ségrégationnistes de Jim Crow, refusa de céder sa place à un blanc, dans le bus, beaucoup d'enseignements nous éclairent sur les différentes péripéties de la lutte contre l'esclavagisme.

Certes, il y a l'esclavagisme et les multiples sortes d'esclavage car ce qui s'est passé, aux bords du Mississipi-Missouri, n'a pas de commune mesure avec les turpitudes constatées sur la rive droite du fleuve Sénégal.

Monsieur Biram, pour parfaire votre lutte, qui est aussi la mienne, il est impératif qu'elle ait une étoffe charismatique, attrayante. Il va falloir, aussi, vous défaire d'un triptyque fangeux qui jugule votre réservoir de recrutement. En effet, le vocable "Arabo-berbères", pour stigmatiser les Maures; la «Majorité de la Majorité», pour gargariser les Haratines; l'évocation du passif humanitaire de 1990, en lequel vous semblez dédouaner les Haratines, de toute implication voire de forfait.

Le clin d'oeil que vous lancez, aux Négro-mauritaniens, est manipulateur et inquisiteur, à l'égard des «Maures Blancs». A l'instar du Négro-mauritanien extrémiste, vous utilisez le vocable «Arabo-berbère», avec une intention péjorative, au seul dessein, inavoué, de dénier, au peuple Maure, sa prétention, légitime, à l'arabité.

De facto et de manière latente, vous réduisez la berbérité, cette civilisation millénaire qui s’est étendue des bords occidentaux du Nil à l'Atlantique, nous donnant, au passage, Ptolémée, Saint Augustin et Carthage, en plus d'un alphabet, le Tifinagh, encore utilisé par les Touaregs, à un parterre de niais. Voilà que votre extrémisme vous mène, tacitement, au racisme que vous prétendez combattre, peu ou prou. Admettons que tous les Maures soient des Berbères.

En quoi cela changerait-il la problématique de l'esclavage et de la cohabitation, en Mauritanie? Monsieur Biram, le biologique ignore le culturel, selon Jean Rostand. Autrement dit, on peut être nanti de gènes arabes et épouser la culture de son milieu de naissance. C'est le cas des Arabes de Mauritanie. Le deuxième litige, c'est de faire croire, aux Haratines qu'ils sont majoritaires, au sein de l'ensemble Maure. Monsieur Biram, d'où tirez-vous ces statistiques à la bolchevique?

Est-ce par recensement clandestin ou par procédé empirique? Monsieur Biram, méfiez-vous des apparences, elles sont, souvent, trompeuses. Le nombre, impressionnant, de charretiers (y compris des Maliens vendeurs d'eau), de bouchers, de manœuvres, (et ouvriers sénégalais, maçons, électriciens, plombiers, etc.) n'est que la partie visible de l'iceberg. La partie cachée est-elle dans les campements, les villes, à l'intérieur et en dehors du pays?

Monsieur Biram, en quoi quelques adwabas épars où vivent, de coutume, un patriarche et ses descendants, peuvent-ils se prévaloir de «majorité de la majorité»? Les affirmations, oiseuses et abjectes, d'un manichéisme ambiant ne font pas avancer le débat, encore moins le rendre intelligible. La question de l'esclavage en Mauritanie ne doit souffrir d'aucun quiproquo, prolixe ou byzantin.

Le problème de l'esclavage, en Mauritanie, doit être mené avec doigté. Une approche pédagogique est, donc, plus que nécessaire car le thème est complexe. Jusqu'à nos jours, certains Maures le croient légitime, dans une interprétation fallacieuse de la religion. L'esclavage est même banalisé, chez certaines ethnies, en Mauritanie, ou les komès (esclaves en soninké) ont le privilège, post-mortem, d'avoir leur propre cimetière.

Pour dire vrai, c'est un prestige familial que d'avoir des esclaves, dans certains milieux traditionnels de Mauritanie. Le troisième point concerne le passif humanitaire dont vous semblez vouloir innocenter les Haratines.

Monsieur Biram, l'Histoire ne s'écrit pas de cette façon. Des témoins oculaires de ces douloureux événements sont encore vivants, Dieu merci. Les historiens prétendent qu'Hitler a eu tort d'attaquer la Russie, en 1941. S’en serait-il abstenu que ce nazi aurait pu mourir, comme le dictateur Franco, dans son lit. Ceci est valable pour au moins deux des officiers Haratines, lors des purges de1990, qui ont raté un rendez-vous avec l'Histoire.

Syndrome de Stockholm.

Si le colonel Ely Vall Ould El Khal, alors chef du 2ème bureau (renseignements) avait attiré l'attention de ses chefs hiérarchiques, en l'occurrence feu le colonel Minnih, chef d'état-major, et le Ministre de la Défense, Maaouya, sur l'irréalité du complot peulh, nous ne serions pas, à nos jours, gestionnaires de comptabilités macabres. Il aurait suffi, au colonel Ely Vall, de consigner, dans son rapport événementiel, l'intention dolosive et manipulatrice de certains officiers, proches ou cousins de Maaouya, pour que ce dernier prenne ses responsabilités, en son âme et conscience.

D'autre part, à Nouadhibou où il y eut le plus de tués, le maestro, orchestrant, cette fois le vrai complot contre les Maures blancs, à en croire certains citoyens, toutes tendances confondues, n'était autre que le cousin du président, le colonel Ould Boilil. L'officier, qui commandait le passage obligé du PK 55 et qui fut décoré, un 28 novembre, pour avoir dénoncé l'actuel député du RFD, monsieur Abderrahmane Ould Minni, ancien putschiste, est un Hartani.

Si le colonel Boilil avait plus agi par raison que par passion, en homme du sérail et officier organisé, rusé, démasquant les vrais comploteurs, nous n'en serions, certes pas, à évoquer les tristes événements des années 90. Monsieur Biram, vous constaterez, par vous-même, que les officiers, sous-officiers et soldats haratines sont aussi comptables du passif humanitaire, de l'exorde à l'épitaphe.

Je doute que les Maures Blancs ne soient, cette fois, manipulés par les Haratines. Pourquoi? Par aversion des Haratines envers les Peulhs ou par empathie pour les anciens maîtres esclavagistes maures, justifiant, ainsi, le syndrome de Stockholm?

Enfin, il est capital de noter que, durant les purges de 1990, personne n'était contraint à torturer, encore moins à exécuter. Le libre-arbitre s'est transformé, en ces folles journées, en....arbitrage libre.

Monsieur Biram, faites de telle sorte que je ne puisse donner raison à un cercle d'intellectuels, Maures et Touaregs maliens, rompus à la géopolitique sous-régionale, avec qui je m’entretins, lors de mon bref séjour à Bamako, au mois d'août dernier. Ce cercle est persuadé que vous roulez pour Israël et ses alliés, afin de déstabiliser le régime du général Ould Abdel Aziz qui a rompu avec l’Etat martyrisant les Palestiniens.

Selon ce groupe, Israël a manipulé, de la même manière, les extrémistes négro-mauritaniens. Cela, dans le seul but de contraindre Maaouya à reconnaître l'entité sioniste, moyennant la cessation de toute poursuite judiciaire contre l'actuel hôte du Qatar. Si tel est le cas, monsieur Biram, vous risquez de radicaliser le régime d'Ould Abdel Aziz.

Mais connaissant l'homme, impavide, impérieux et n'ayant rien à se reprocher, quant aux droits de l'Homme, je crois que le général tentera de se rallier plutôt les islamistes, que vous qualifiez d’esclavagistes, selon vos propres termes. Monsieur Biram, n'en rajoutez pas, aux maux de la Mauritanie – pauvreté, infrastructures et superstructures désuètes – des mots d'intolérance et de division.

L'aphorisme coupable, à l'égard des «Maures Blancs», ne doit, sous aucun prétexte, se muer en aversion qui s'abreuverait, alors, de par votre appartenance sociale, d'un complexe d'Oedipe dont on se défait difficilement. Une approche philosophique, pour déterminer la «dialectique du maître et de l'esclave», traitée par le philosophe allemand Hegel, vous édifierait sans aucun doute, monsieur Biram, sur cette dichotomie, ce dualisme; bref, cette complexité de l'Homme, dans toute sa dimension existentielle.

Il ne s'agit pas, pour moi, de justifier l'esclavage, comme le fit Aristote qui qualifiait les esclaves «d'outils animés», encore moins le dédouaner, mais, plutôt, porter le doigt sur l'éternelle bêtise humaine.

A titre d'exemple, Napoléon Bonaparte, quelques années après son coup d'Etat de 1799, rétablit l'esclavage aux Antilles et emprisonna le vaillant Toussaint Louverture, sous l’impulsion, probable, de son épouse Joséphine, une fille de riches planteurs martiniquais. Monsieur Biram, la société traditionnelle maure n'a pas que «chosifié» les esclaves noirs.

Elle a, aussi, «déclassé» des Maures blancs, «castés», comme les forgerons, les griots, les eznagas, les lahmas, etc., qui, n'ayant pas choisi leur moule de genèse, ont subi, malgré eux, une véritable lobotomie, les rendant, aujourd'hui encore, dans l'impossibilité spirituelle de jouir de leur liberté de conscience et sociétale. C'est aussi une forme d'esclavage.

Enfin, monsieur Biram, il vous est très difficile de couper, sans coup férir, le cordon ombilical entre les Haratines et les Maures, blancs ou colorés, comme moi. Platon écrivit, sur les portiques de son académie: «que nul n'entre ici, s'il n'est géomètre». Seriez-vous dans l'amabilité, 25 siècles plus tard, de vous laisser contaminer par le sublime virus de ce grand philosophe du «monde intelligible», en prônant le sens de la mesure et du savoir-être?

L'explosion communautaire n'est point la solution à l'endiguement de l'esclavage. La somalisation de la Mauritanie, si le pouvoir central venait à basculer, ce qui est peu probable, tant que l'Armée sera bien commandée, n'est pas dans l'intérêt des Haratines mais, plutôt, des anarchistes Beni Hassan, vouant aux gémonies l'Etat moderne qui, selon eux, protège les faibles et opprime les forts. L'anarchie est, aussi, dans l'intérêt des puissances sous-régionales du Nord – Maroc et Algérie, par Polisario, voire AQMI, interposé – qui occuperaient, qui la façade atlantique, qui le centre de la Mauritanie.

Renaîtrait, alors, le réflexe tribal car les guerriers maures, prompts à la cacophonie, essayeraient de marquer, chacun, leur territoire, en connivence avec l'AQMI, les trafiquants, les brigands... Où seraient, alors, les Haratines? Certainement pas dans le Nord, en train de repousser les guerriers Rgueibats et autres Oulad Dleim… Au centre ou à l'Est, bravant les tribus Beni Hassan, sur place, ou au bord du fleuve Sénégal, fief des Négro-mauritaniens? Rien de tout cela, monsieur Biram, les Haratines seront avec leurs cousins, neveux, oncles, frères et amis maures, dans le meilleur et dans le pire. Monsieur Biram, si vous devez jouer un rôle bienfaiteur, c'est celui de facilitateur de la réconciliation nationale tant éprouvée, de par votre station socioculturelle.

Je ne terminerai pas sans signaler que je me mets à votre disposition, dans le but de féconder toute initiative qui va dans le sens de l'éradication, totale, de l'esclavagisme et de tous genres d'esclavage.

Ely Ould Krombelé
Orléans, France
Email : krombele@gmail.com


Le calame







Jeudi 7 Octobre 2010 - 08:07
Jeudi 7 Octobre 2010 - 08:44
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