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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Entretien avec Aladji Traoré, SG de l’APP

« On a massacré depuis la frontière du Mali jusqu’au Trarza des négro-africains. Souvent en instrumentalisant des milices harratines, pour les tuer et les déporter, afin de récupérer leurs biens ».


Entretien avec Aladji Traoré, SG de l’APP
Militant politique et militant des droits de l’homme, Aladji Traoré se souvient encore des années de braises. Acteur et victime en 1989, il fut emprisonné durant 13 mois par le régime de Maouya. Dans un entretien exclusif, il revient sur son emprisonnement, sur les exactions de 1989 et sur le problème du règlement du passif humanitaire.

QDN : Quels souvenirs gardez-vous des événements de 1989/90/91 ?

Aladji Traoré : J’étais pendant ces événements tellement concentré et concerné que j’étais à la fois acteur et victime. J’ai suivi d’un bout à l’autre la dégradation de la situation.

J’étais révolté par l’ampleur de la répression, l’ampleur de la déportation et les massacres le long du fleuve. Je suis originaire de Sélibabi, et les informations me parvenaient de partout. J’étais tellement révolté que finalement j‘ai essayé d’organiser des protestations avec certains cadres pour nous faire entendre par les autorités pour qu’ils arrêtent les déportations et les exactions. Mais malheureusement je n’ai pas pu.

A un moment donné, j’ai du même pris la clandestinité. Au mois d’octobre 1989, certains amis et moi, nous avons estimés que la situation était tellement grave que nous avons décidé à l’époque sous le régime de Maouya, d’organiser une conférence de presse, convoquer ce qui existait de presse nationale et internationale pour dénoncer la situation en Mauritanie.

Les documents introductifs de la conférence de presse furent saisis, parce que j’étais dénoncé. Je fus arrêté et emprisonné pendant 13 mois, à Nouakchott, dans des villas clandestines. Après on a du me déplacer en plusieurs lieux. A un moment donné, j’étais emprisonné dans la zone industrielle, à coté de l’hôpital National. Par la suite, j’étais enfermé dans une villa clandestine au fin fond du 6e arrondissement.

Je fus libéré en décembre 1990. A ma sortie de prison, j’ai du apprendre beaucoup d’exactions, notamment la pendaison des 28 négro-mauritaniens à Inal… Ce qui m’a davantage indigné. J’ai repris mes activités professionnelles, parce que je travaillais dans le privé.

J’ai du créer moi-même une société de gestion de médicaments, Comafarm. Les gens ont décidé de détruire ma société, de mettre fin à toutes activités avec mes partenaires, notamment les éléments arabes qui étaient avec moi, qui étaient actionnaires.

On les a découragés, on leur a dit d’arrêter leurs activités et de dissoudre la société. A ma sortie de prison en 1990 et après la dissolution de la société, j’ai du rester un certain temps pour travailler jusqu’à 1991. C’est pendant cette période, après mon intervention sur RFI que le gouvernement de François Mitterrand, décide d’envoyer Rolland Dumas à Nouakchott, pour demander la cessation des procès, la cessation des exécutions.

QDN : Parler nous un peu de cette intervention sur RFI ?

Aladji Traoré : J’avais intervenu sur les antennes de RFI, à la demande de mes amis qui étaient réfugiés à l’extérieur pour dénoncer tout ce qui s’était passé que je n’avais pas pu dénoncer en 1989. Ils sont donc venus m’arrêter à nouveau et me soumettre cette fois-ci, un questionnaire beaucoup plus civilisé, dans le bureau du Directeur de la Sureté de l’Etat, M Ely Mohamed Vall qui m’a posé la question suivante : on vient d’assister à ce qui s’est passé au Mali, vous pensez qu’il suffit de parler sur les antennes de RFI pour que les gens descendent dans les rues, pour renverser le régime. ?

Je lui dis non, je suis suffisamment sage et avisé pour connaître le contexte de mon pays par rapport au contexte malien. Je suis sûr que la Mauritanie n’est pas le Mali, mais elle n’est pas non plus la Syrie, ni l’Irak. Une façon de stigmatiser le nationalisme arabe dont je soupçonnais d’être derrière cette impunité.

« Il y’a le long du fleuve Sénégal, depuis le Guidimagha, notamment à Ouayedoungol, dans certaines casernes du Guidimakha, au Brakna, jusqu’au Trarza du coté de Tiguent, des fosses communes qui n’ont pas fait l’objet d’une identification définitive »

QDN : Quel est cette image, ce souvenir qui continue de vous hanter les nuits ?

Aladji Traoré : L’impunité. Jusqu’à présent, il ya des mauritaniens qui sont déportés au Sénégal et qui ont commencé à rentrer. Leurs conditions de réinsertion ne sont pas établies. D’autres sont restés là-bas. D’autres sont encore dispersés à travers le monde. Il ya aussi les réfugiés du Mali dont on continue de nier l’existence, alors qu’ils ont tous perdu en Mauritanie. Ils ont perdu leur bétail, leurs villages ont été saccagés dans le département d’Ould Néja et de Sélibaby.

Il ya aussi un problème beaucoup plus grave : le passif humanitaire. Il n’ya pas que les soldats. On a massacré depuis la frontière du Mali jusqu’au Trarza des négro-africains. Souvent en instrumentalisant des milices harratines, pour les tuer et les déporter, afin de récupérer leurs biens.

Il y’a le long du fleuve Sénégal, depuis le Guidimagha, notamment à Ouayedoungol, dans certaines casernes du Guidimakha, au Brakna, jusqu’au Trarza du coté de Tiguent, des fosses communes qui n’ont pas fait l’objet d’une identification définitive. Il ya du coté de Jreida des fosses communes que nous avons essayés d’identifier et qui ont été rapidement effacées. Par conséquent, le passif humanitaire est entier.

Au delà des 530 militaires qui ont tués, des 28 qui ont été pendus à Inal, il ya d’autres victimes civiles qui ont été a assassinés, qui ont été jetés au fond des prisons ou des puits, pendant les événements. C’est pourquoi nous pensons que sans une enquête indépendante sérieuse pour connaître exactement le nombre de victimes, les conditions dans lesquelles, les choses se sont passées, situer les responsabilités, passer par la justice et la réparation, le mot réconciliation nationale au delà des prières de Kaédi et autres pour moi est nul.

QDN : Selon vous, quel est le meilleur moyen de réconcilier les cœurs ?

Aladji Traoré : Passer par la voie de la justice comme dans tous les pays qui ont connu des événements graves. Je ne voudrai pas que l’on recopie le modèle marocain ou sud-africain, parce que les contextes nationaux et historiques sont différents, la nature des violations est différente. Mais il faut qu’il ait une commission d’enquête indépendante qui va faire toute la lumière sur les exactions, les différentes procédures.

Que les responsabilités soient situées, qu’il ait des jugements. C’est justement après qu’il pourra y avoir des justes indemnisations et le pardon. Sans cela, j’estime que le reste n’est rien d’autre que marchander les crimes et essayer de faire fi des souffrances et des sacrifices endurés par des hommes et des femmes de ce pays. Donc on ne peut pas prétendre à une quelconque réconciliation, s’il n’ya pas la justice, s’il n’ya pas des enquêtes sérieuses.

QDN : Concernant la loi d’amnistie ?

Aladji Traoré : Vous vous souvenez dans quelles conditions, elle a été prise. Comment le régime de Maouya peut commettre des crimes et ensuite instrumentaliser des députés négro-africains pour passer une loi d’amnistie ? A l’époque, l’opposition était déjà formée,elle est allée protester jusqu’à l’enceinte de l’Assemblée nationale. Cette loi d’amnistie ne règle rien, elle doit être dénoncée, elle doit être complètement abolie.

Propos recueillis par Dialtabé

Source : Le Quotidien de Nouakchott
via cridem.org
Mardi 14 Décembre 2010 - 16:17
Mardi 14 Décembre 2010 - 16:21
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1.Posté par Ciré BA le 14/12/2010 20:23
Bravo et Félicitations Monsieur Aladji TRAORE.

2.Posté par Moussa M'Baré Ba le 15/12/2010 18:20
Un grand Monsieur Aladji Traoré qui ne fait pas trop de bruit pour qu'on sache son degré d'homme Politique,l'homme traoré a ses convictions pour moi il fait partie des rares opposants constant. on le voit partout que ca soit au niveau syndical et politque et c'est tellement agréable de l'entendre parler.
Je vous salue Doyen ,
Moussa M'Baré Bâ
Montréal Québec

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