
La fête est prévue pour être célébrée mardi 16 novembre sur l’ensemble du territoire national. Du coup, à l’approche de l’heureux événement, la pression monte timidement sur les différents marchés de Nouakchott. Hormis les points de vente improvisés du bétail que l’on peut apercevoir à certains endroits de la ville, les choses ne semblent pas trop bouger dans la capitale, même si une ambiance électrique règne dans les marchés et les gares routières. En fait le business de la tabaski ne se fait pas ressentir encore.
De coutume, dans la communauté musulmane, la fête de l’Aid El Kébir (Tabaski) crée au sein des familles une grande effervescence. Pour cette année, nous sommes loin de l’ambiance habituelle. Ou du moins c’est le constat fait à Nouakchott. A quelques jours de la fête, tout semble morose. Marché de la Sebkha (5ème arrondissement), vendeurs et acheteurs laissent couler leurs salives autour des tissus qui sont à la mode. Du basin aux tissus brodés, rien n’est laissé au hasard. Difficile de se frayer un passage dans ce marché où les allées sont encombrées de salons de coiffure à ciel ouvert pour de jeunes filles et femmes qui veulent se faire belle avant le jour « J ». Des boutiques remplies de tissus, à celles spécialisées dans la vente de chaussures, tout est bien achalandé, pour mieux ferrer le regard du potentiel client. Devant ces étals de tissus, chacun y va selon ses goûts et ses moyens. Le tout se passe dans une ambiance morose. Selon ce fonctionnaire croisé au marché de la capitale, cette situation s’explique par la conjoncture difficile. « Les temps sont durs. Nous ne pouvons plus nous permettre de faire certains sacrifices pour les fêtes. L’essentiel, c’est de pouvoir acheter un mouton et de s’acquitter de son devoir de musulman », dit-il. Un autre renchérit: « c’est très difficile de joindre les deux bouts. Mon souci est d’acheter avant tout mon mouton. Pour ce qui est des habits, je pourrai vraiment m’en passer », lance-t-il avec un air pressé. Les explications de ces deux fonctionnaires de l’Etat mauritanien semblent se vérifier au marché du cinquième arrondissement. Bien vrai que l’affluence y est grande, mais la majorité des présents sur ces lieux n’est venue que pour le plaisir des yeux. L’envie d’acheter les tortille mais dommage, ils sont fauchés. Pas un seul sou en poche. « Cette année, les clients n’ont pas pris d’assaut les magasins. La plupart d’entre eux font la navette, mais n’achètent rien », constate M. Lam un grand commerçant de tissus féminins et de bijoux de luxe au marché de la Sebkha. Pourtant ce n’est pas par manque de renouvellement des stocks pour appâter les acheteurs. « J’ai revu à la baisse le prix de certains tissus prisés par mes clients habituels pour mieux les servir, malgré tout les affaires ne marchent pas », indique t-il l’air désemparé. M. Lam dit n’avoir pas atteint le chiffre d’affaires de la fête du ramadan et le voilà presque à la fête de tabaski. Pourtant, il y’en a pour tous les goûts et à tous les prix », déplore M. Thiam, un autre commerçant de tissu installé de l’autre côté du marché du cinquième arrondissement relevant de la circonscription d’El Mina. A l’en croire, les acheteurs prennent souvent pour alibi le coût élevé des tissus pour ne pas acheter. Mais cet argument est facilement battu en brèche par une autre commerçante de tissus en tous genres qui soutient qu’à part le coût élevé du tissu dénommé « ganila », se négociant à 82.000 ouguiyas la pièce de 30 mètres, tous les autres tissus ont été revus à la baisse et ne coûtent pas chers. Du côté des clients, le son de cloche est différent. Si pour certains la marchandise que leur proposent les vendeurs est à la hauteur de leur bourse, la majorité par contre, trouve que les tissus sont chers.
Un business au ralenti
La conjoncture difficile n’a pas aussi épargné les couturiers. En ces périodes, ils étaient souvent très sollicités, mais a en croire certains d’entre eux, par rapport aux années précédentes, l’affluence n’a pas été aussi grande. Cette année, pour marquer la fête, femmes et hommes ont jeté leur dévolu sur le tissu dénommé « Chinguitel », si l’on en croît Demba Traoré, tailleur de son état au marché du cinquième arrondissement. Il y a deux mois, dit-il tout souriant, le pied sur la pédale de sa machine à coudre, il n’y avait pas de travail pour les tailleurs. « Maintenant avec l’approche de la fête, les affaires marchent bien », explique t-il.
Mme Sall, veuve d’une quarantaine d’année, dit n’avoir pas reçu beaucoup de commandes. « Cette année, il y a eu moins d’affluence. Mon chiffre d’affaires n’a pas augmenté », confie-t-elle. Elle lie cette situation à la crise économique qui sévit actuellement dans le pays. « L’argent est devenu introuvable en ces temps qui courent, en plus des coupures d’électricité qui rendent difficile notre situation, car pour le peu de commandes que nous avons, nous rencontrons des difficultés à les livrer à temps à cause des coupures de courant », dit-elle.
Le mouton d’abord…
Interrogé sur la propension des mauritaniens à ne lésiner sur aucun moyen pour bien s’habiller, Oumou Kelsoum confie que « les mauritaniens aiment le beau et ils veulent apparaître sous leurs plus beaux habits. Les gens maintenant, préfèrent acheter du neuf, surtout les femmes ». Pour la confection des habits de la Tabaski, M. Thiam avance que « les modèles des femmes sont plus chers parce que plus compliqués à coudre ». Selon lui, les tailleurs travaillent de 7 heures du matin jusqu’à 19 heures le soir, rien que pour pouvoir honorer les engagements pris auprès des clients. A la question de savoir s’il a déjà confectionné son boubou, il affirme « pour les tailleurs que nous sommes, c’est le lendemain de la Tabaski qui est notre Tabaski ». Et pour ceux dont les tailleurs refusent de prendre le tissu, les boutiques et les marchands ambulants proposent des habits déjà cousus. Un conseil : les essayer avant de les acheter, car gare aux défauts de mesures.
Dans l’ensemble, les mauritaniens semblent plutôt donner la priorité pour le moment à l’achat du mouton. Avec les fêtes de fin d’année qui se profilent à l’horizon, la fièvre va monter lentement mais sûrement. Et comme à leur habitude, riches ou pauvres, qu’importe, ils vont se couper les veines pour se parer de leurs plus beaux boubous le jour de la fête.
Moussa Diop
Le panier de la ménagère n’est pas encore allégé
Dans les commerces des différents marchés de la capitale, les prix des denrées alimentaires sont identiques. Nous nous sommes rendus à plusieurs endroits pour nous enquérir des prix de certaines denrées alimentaires. Acheté par sac de 25 kg, un sac d’oignon revient à 5000 ouguiyas tandis que le sac de pommes de terre coûte 4000 ouguiyas. Ce qui revient au total à 9000 ouguiyas pour les deux sacs. Acheté à la paire, (un sac d’oignon et un sac de pommes de terre) cela revient à 8800 ouguiyas la paire. Quant au riz, il y a trois variétés. La première coûte 8000, la seconde 8200 et la troisième 8500 ouguiyas tandis que le kg de thé coûte 1300 ouguiyas. Il existe dans cette catégorie d’autres variétés plus chères encore.
MD
Source: QuotidienNouakchott
De coutume, dans la communauté musulmane, la fête de l’Aid El Kébir (Tabaski) crée au sein des familles une grande effervescence. Pour cette année, nous sommes loin de l’ambiance habituelle. Ou du moins c’est le constat fait à Nouakchott. A quelques jours de la fête, tout semble morose. Marché de la Sebkha (5ème arrondissement), vendeurs et acheteurs laissent couler leurs salives autour des tissus qui sont à la mode. Du basin aux tissus brodés, rien n’est laissé au hasard. Difficile de se frayer un passage dans ce marché où les allées sont encombrées de salons de coiffure à ciel ouvert pour de jeunes filles et femmes qui veulent se faire belle avant le jour « J ». Des boutiques remplies de tissus, à celles spécialisées dans la vente de chaussures, tout est bien achalandé, pour mieux ferrer le regard du potentiel client. Devant ces étals de tissus, chacun y va selon ses goûts et ses moyens. Le tout se passe dans une ambiance morose. Selon ce fonctionnaire croisé au marché de la capitale, cette situation s’explique par la conjoncture difficile. « Les temps sont durs. Nous ne pouvons plus nous permettre de faire certains sacrifices pour les fêtes. L’essentiel, c’est de pouvoir acheter un mouton et de s’acquitter de son devoir de musulman », dit-il. Un autre renchérit: « c’est très difficile de joindre les deux bouts. Mon souci est d’acheter avant tout mon mouton. Pour ce qui est des habits, je pourrai vraiment m’en passer », lance-t-il avec un air pressé. Les explications de ces deux fonctionnaires de l’Etat mauritanien semblent se vérifier au marché du cinquième arrondissement. Bien vrai que l’affluence y est grande, mais la majorité des présents sur ces lieux n’est venue que pour le plaisir des yeux. L’envie d’acheter les tortille mais dommage, ils sont fauchés. Pas un seul sou en poche. « Cette année, les clients n’ont pas pris d’assaut les magasins. La plupart d’entre eux font la navette, mais n’achètent rien », constate M. Lam un grand commerçant de tissus féminins et de bijoux de luxe au marché de la Sebkha. Pourtant ce n’est pas par manque de renouvellement des stocks pour appâter les acheteurs. « J’ai revu à la baisse le prix de certains tissus prisés par mes clients habituels pour mieux les servir, malgré tout les affaires ne marchent pas », indique t-il l’air désemparé. M. Lam dit n’avoir pas atteint le chiffre d’affaires de la fête du ramadan et le voilà presque à la fête de tabaski. Pourtant, il y’en a pour tous les goûts et à tous les prix », déplore M. Thiam, un autre commerçant de tissu installé de l’autre côté du marché du cinquième arrondissement relevant de la circonscription d’El Mina. A l’en croire, les acheteurs prennent souvent pour alibi le coût élevé des tissus pour ne pas acheter. Mais cet argument est facilement battu en brèche par une autre commerçante de tissus en tous genres qui soutient qu’à part le coût élevé du tissu dénommé « ganila », se négociant à 82.000 ouguiyas la pièce de 30 mètres, tous les autres tissus ont été revus à la baisse et ne coûtent pas chers. Du côté des clients, le son de cloche est différent. Si pour certains la marchandise que leur proposent les vendeurs est à la hauteur de leur bourse, la majorité par contre, trouve que les tissus sont chers.
Un business au ralenti
La conjoncture difficile n’a pas aussi épargné les couturiers. En ces périodes, ils étaient souvent très sollicités, mais a en croire certains d’entre eux, par rapport aux années précédentes, l’affluence n’a pas été aussi grande. Cette année, pour marquer la fête, femmes et hommes ont jeté leur dévolu sur le tissu dénommé « Chinguitel », si l’on en croît Demba Traoré, tailleur de son état au marché du cinquième arrondissement. Il y a deux mois, dit-il tout souriant, le pied sur la pédale de sa machine à coudre, il n’y avait pas de travail pour les tailleurs. « Maintenant avec l’approche de la fête, les affaires marchent bien », explique t-il.
Mme Sall, veuve d’une quarantaine d’année, dit n’avoir pas reçu beaucoup de commandes. « Cette année, il y a eu moins d’affluence. Mon chiffre d’affaires n’a pas augmenté », confie-t-elle. Elle lie cette situation à la crise économique qui sévit actuellement dans le pays. « L’argent est devenu introuvable en ces temps qui courent, en plus des coupures d’électricité qui rendent difficile notre situation, car pour le peu de commandes que nous avons, nous rencontrons des difficultés à les livrer à temps à cause des coupures de courant », dit-elle.
Le mouton d’abord…
Interrogé sur la propension des mauritaniens à ne lésiner sur aucun moyen pour bien s’habiller, Oumou Kelsoum confie que « les mauritaniens aiment le beau et ils veulent apparaître sous leurs plus beaux habits. Les gens maintenant, préfèrent acheter du neuf, surtout les femmes ». Pour la confection des habits de la Tabaski, M. Thiam avance que « les modèles des femmes sont plus chers parce que plus compliqués à coudre ». Selon lui, les tailleurs travaillent de 7 heures du matin jusqu’à 19 heures le soir, rien que pour pouvoir honorer les engagements pris auprès des clients. A la question de savoir s’il a déjà confectionné son boubou, il affirme « pour les tailleurs que nous sommes, c’est le lendemain de la Tabaski qui est notre Tabaski ». Et pour ceux dont les tailleurs refusent de prendre le tissu, les boutiques et les marchands ambulants proposent des habits déjà cousus. Un conseil : les essayer avant de les acheter, car gare aux défauts de mesures.
Dans l’ensemble, les mauritaniens semblent plutôt donner la priorité pour le moment à l’achat du mouton. Avec les fêtes de fin d’année qui se profilent à l’horizon, la fièvre va monter lentement mais sûrement. Et comme à leur habitude, riches ou pauvres, qu’importe, ils vont se couper les veines pour se parer de leurs plus beaux boubous le jour de la fête.
Moussa Diop
Le panier de la ménagère n’est pas encore allégé
Dans les commerces des différents marchés de la capitale, les prix des denrées alimentaires sont identiques. Nous nous sommes rendus à plusieurs endroits pour nous enquérir des prix de certaines denrées alimentaires. Acheté par sac de 25 kg, un sac d’oignon revient à 5000 ouguiyas tandis que le sac de pommes de terre coûte 4000 ouguiyas. Ce qui revient au total à 9000 ouguiyas pour les deux sacs. Acheté à la paire, (un sac d’oignon et un sac de pommes de terre) cela revient à 8800 ouguiyas la paire. Quant au riz, il y a trois variétés. La première coûte 8000, la seconde 8200 et la troisième 8500 ouguiyas tandis que le kg de thé coûte 1300 ouguiyas. Il existe dans cette catégorie d’autres variétés plus chères encore.
MD
Source: QuotidienNouakchott