Grognes à l’Est du pays : Des manifs aux ultimatums

Alors que Nouakchott se prépare à replonger de nouveau dans le spectre des manifestations vendredi prochain, malgré les violentes répressions du week-end dernier, qui s’étaient soldées par d’importantes arrestations et plusieurs blessés, suscitant de la part des partis de l’opposition et des syndicats de vives condamnations, les régions de l’Est du pays ont renoué encore avec les révoltes, avec cette fois des ultimatums fixés aux autorités locales pour agir et satisfaire les doléances, sinon à s’attendre à des manifs monstres.

Dans la cité minière, à Aioun, à Kiffa et ailleurs, les délégations ministérielles et les autorités territoriales jouent sur tous les fronts pour apaiser le climat de tension qui règne dans ces localités, notamment parmi les employés et la famille scolaire. De nouvelles promesses sont données et des réalisations déjà faites sont passées en revue devant les populations, dans le but de convaincre l’opinion sur les efforts considérables déployés par les pouvoirs publics pour répondre aux profondes aspirations du peuple. Des campagnes destinées également à pousser les jeunes mécontents à renoncer aux sit-in et aux pressions de tout acabit sur l’administration. Le président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz, qui aurait déclaré à un confrère ne pas être au courant de la répression des manifestants, participe lui aussi à cette campagne d’apaisement. Les autorités jouent également sur tous les fronts notamment en autorisant cette la manif prévue demain à Nouakchott, mais en limitant son déroulement dans l’espace public situé dans les environs de l’assemblée nationale. La place des blocs acquise par marchés publics par des privés est interdite de toute manifestation.

Cet apaisement est aussi partagé par certains observateurs qui se sont prêtés à la besogne de décryptage du dernier discours du chef de l’Etat prononcé mardi dernier à l’occasion de l’inauguration du pole d’adduction d’eau de Toujounine. Il n’en demeure pas moins qu’à l’Est du pays, les choses commencent à atteindre des proportions inquiétantes, étant donné que les manifestants qui jusque là ont agi de manière pacifique et responsable, contrairement à leur premier mouvement, ont donné un ultimatum de 72 h aux autorités pour réagir et pour s’employer à bien gérer la tension socioéconomique. Si à ce délai, rien n’est fait dans le sens voulu par les mécontents, les débordements peuvent cette fois être plus importants, surtout qu’ailleurs, dans des endroits du pays, il y a toujours des foyers de tension encore endormis qui peuvent profiter de la moindre escalade pour rejoindre les manifestants et compliquer davantage les missions d’apaisement dépêchées sur tous les fronts par le pouvoir pour rassurer les populations que tout a été entendu et que tout sera fait le plus vite possible. Notons enfin que ces manifs, comme celles qui les ont précédé ont tous versé dans le même panier de revendications relatives au règlement des problèmes liés aux pénuries d’eau, à la hausse des prix. Ce sont des grognes qui se ressemblent énormément avec celles de Vassala dont les habitants avaient protester contre les "agissements inconséquents" de leur maire qui les privait de l'eau d'un puits approvisionnant la ville, ainsi que "des services d'une ambulance fournie à la localité par l'Etat", selon des journalistes locaux.

Bamba

Le Renovateur Quotidien