Interview avec le manager de Diam Min Teki, Madou Fall : «On ne pouvait pas rester en France et se battre pour l’égalité et la justice pour tous les mauritaniens»

Fidèles à leur philosophie et à leurs discours « hard », le groupe phare de la banlieue du 6e arrondissement de Nouakchott, Diam Min Teki est l’un des rares groupes de rap mauritanien à se produire en France. C’était à l’occasion de « miss peul 2010 ». Un séjour de trois semaines qui leur a permis d’être en contact avec leurs fans de l’Hexagone. Leur manager, Madou Fall revient sur les temps forts de cette tournée.

QDN : vous revenez d’un séjour en France, dites nous comment avez-vous établi les contacts avec vos partenaires?

Madou Fall : C’était dans le cadre d’une manifestation dénommée « miss peul France 2010 ». Des ressortissants mauritaniens vivant à paris nous ont recommandé à la présidente d’une association mauritanienne basée en France dénommé ACPF. C’est grâce à ces contacts que nous sommes arrivés en France dans le but d’animer la manifestation qui s’est déroulée dans le palais omnisport de Montreuil, dans le département de Paris.

Le séjour a duré trois semaines et il s’est très bien déroulé. On a noué d’autres contacts avec d’autres associations. On a fait deux autres prestations à part la manifestation de Montreuil. On s’est produit à Mantes la jolie dans le cadre de la fête de la musique et dans une boite de nuit nommée « le Titan. », d’où on a partagé la scène avec Salam Diallo. On a rencontré la colonie mauritanienne ; les gens se sont déplacés des autres villes de France comme Bordeaux, Reims, Angers pour nous voir. Actuellement, on est en contact avancé avec certaines associations qui veulent nous faire revenir en France.

QDN : Vu les conditions difficiles que vivent les rappeurs mauritaniens, on disait que Diam Min Teki ne va plus revenir. Pourquoi n’êtes-vous pas restés en France et continuer votre carrière ?

Madou Fall : Avant tout nous sommes des citoyens mauritaniens, quelques soient les problèmes que nous endurons ici, nous sommes des porte-paroles de la Nation. Si nous partons en Europe ou aux Usa et y rester, ca veut dire que l’on a failli à notre mission. On est là, on se bat pour une cause bien déterminée. On ne pouvait pas rester en France et se battre pour l’égalité et la justice pour tous les mauritaniens. Il nous fallait revenir pour bien mener notre combat et apprendre à surmonter les obstacles. On a eu des propositions pour rester en France, les conditions étaient réunies, mais on ne veut pas suivre les pas de nos autres compatriotes rappeurs qui vivent là-bas, on a vu dans quelles conditions ils vivent.

QDN : Quel est leur situation ?

Madou Fall : Il ya une exception, mais 98% d’entre eux sont perdus dans la nature. Il ya des groupes qui marchaient bien en Mauritanie et qui sont maintenant perdu dans la nature. S’ils te disent qu’ils chantent, ce n’est pas vrai, ils sont entrain de broyer le noir tous les jours.
Nous de note coté, on a un combat à mener et ce combat n’est pas encore fini et ce combat est l’égalité et la justice pour tous les citoyens mauritaniens. Nous sommes un groupe engagé depuis 15 ans dans le mouvement hip-hop et on n’a jamais été récompensé de nos efforts. On a notre place ici, on veut percer à partir d’ici, c’est pourquoi on est revenu.

QDN : la Mauritanie célèbre son cinquantenaire le 28 novembre, avez-vous eu des contacts avec la commission chargé de l’organisation ?

Madou Fall : La commission ne nous a pas encore contactés. On sait que les autres pays de la sous région ont dégagé des moyens colossaux pour leur cinquantenaire. Ici les gens sont tellement gourmands qu’à chaque fois qu’un gros budget est déboursé pour une cause, ils ont tendance à garder l’argent pour eux-mêmes. Si les gens de la commission viennent nous contacter et qu’on y trouve notre compte, on va s’engager.

QDN : vos discours ne représentent-ils pas un handicap ?

Madou Fall : Je ne crois pas. Les politiciens et d’autres personnes nous contactent à chaque fois pour des manifestations. Si vous voyez que Diam Min Teki se produit rarement à Nouakchott, sachez que c’est a cause de mésententes financières.

QDN : Pour la fin d’année, que réservez-vous à vos fans ?

Madou Fall : Depuis la sortie de notre premier album en 2007, nous avons sillonné toute la Mauritanie avec des partenaires comme vidéo pro pub laser, des gens disponibles qui ont été à notre disposition. On a réalisé beaucoup d’images qui nous permettront de faire notre biographie à travers un Dvd pour montrer à nos fans la face cachée de Diam Min Teki. Le Dvd sortira en décembre. On a un projet de festival nommé « hip hop banlieusard », on avait un problème de financement. Mais actuellement on est en contact avec une Ong de la place qui compte InchAllah nous financer.

Propos recueillis par Dialtabé


Source: Quotidien