
Manifestation pour l'abandon de l'excision, le 5 août 2007 à Malicounda Bambara au Sénégal
La lutte contre l'excision en Afrique ne pourra se passer de l'implication décisive des hommes, ont estimé experts et acteurs de terrain vendredi à la veille de la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines.
"Si les hommes se décident à abandonner la pratique, c'est sûr et certain que les femmes vont suivre, parce que pour l'instant je n'ai pas vu au Mali une femme monter au créneau pour dire : +il faut exciser nos filles+", a expliqué à l'AFP le médecin et député malien Omar Mariko.
"Qui est-ce qui monte au créneau pour dire que c'est notre tradition, que c'est notre culture ? Ce sont les hommes !", a souligné ce médecin rencontré au siège de l’Union interparlementaire (UIP) à Genève.
"Si vous voulez du changement, il faut une approche qui englobe toute la communauté", a néanmoins nuancé pour l'AFP Elise Johansen, de l'Organisation mondiale pour la santé (OMS).
"Mais il a été prouvé que dans de nombreux pays les hommes sont plus souvent contre cette pratique que les femmes, donc en les impliquant on augmente les chances que cela change", a-t-elle ajouté, en soulignant que parfois des mères ou grand-mères attendent que le père de famille s'absente pour amener leur fille chez l'exciseur.
Au Mali, plus de 90% des femmes de 15 à 49 ans ont les organes génitaux mutilés, selon l'OMS, qui rappelle que les mutilations génitales touchent 120 à 140 millions de femmes et filles dans 28 pays, surtout d'Afrique et du Moyen-Orient.
"Cette pratique traditionnelle viole gravement les droits fondamentaux des femmes et des filles" et "a de graves conséquences pour leur santé" causant des douleurs intenses, et parfois des saignements, la stérilité ou la mort, a rappelé le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) vendredi.
Source: AFP