La Francophonie obtient un nouveau siège pour son 40e anniversaire

Née en 1970 à Niamey sous la forme d'une Agence de coopération culturelle et technique, l'Organisation internationale de la Francophonie célèbre cette année ses 40 ans.

«C'est l'occasion de mesurer le chemin parcouru et de rappeler que la Francophonie est toujours porteuse de modernité», a dit son numéro deux, le Québécois Clément Duhaime, administrateur de la l'OIF.

A 40 ans, la Francophonie est arrivée à maturité. La France lui offre comme cadeau d'anniversaire un nouveau siège, situé dans le 7e arrondissement de Paris.

Le secrétaire général, Abdou Diouf, l'administration, tous les «opérateurs» francophones et leurs 200 salariés, actuellement dispersés sur plusieurs sites parisiens, s'y installeront dans le courant de l'été prochain. Signe qui ne trompe pas: le président Sarkozy viendra, en personne, inaugurer les lieux le 20 mars, à la Journée internationale de la Francophonie.

L'inauguration de cette maison de la Francophonie marque la fin de la patiente mutation qu'a connue la Francophonie. Longtemps rongée par des débats institutionnels parfois byzantins (sur fond de rivalité Canada-Québec), l'OIF est devenue en 2005 une organisation politique, modeste certes, mais capable de pratiquer sur la scène internationale une «magistrature d'influence», selon une expression chère à son secrétaire général.

Ces dernières années, elle a consolidé sa place à l'ONU ou dans les instances européennes, s'appliquant par ailleurs à faire entendre sa voix lors des grandes conférences comme celle de Copenhague sur le réchauffement climatique.

«Il est intéressant de constater, après 40 ans, que la Francophonie a joué un rôle de précurseur, a souligné Clément Duhaime. Aujourd'hui, les questions d'identité sont en débat, la diversité culturelle est devenue un enjeu majeur. Ce sont des préoccupations qui étaient inscrites dès le départ dans son ADN.»

Curieusement, la Francophonie, qui a attendu 2006 pour se donner une «direction de langue française», a mis du temps à défendre ouvertement la langue de Molière, Senghor et Tremblay, peut-être parce que cela aurait pu être perçu comme un combat d'arrière-garde. Abdou Diouf n'hésite plus à le faire: les Québécois ont pu s'en rendre compte en marge des Jeux de Vancouver, où il s'est montré déçu de la place faite au français.

En cette matière, particulièrement à l'ONU où le français est officiellement une langue de travail, l'OIF prône désormais l'intransigeance. Coïncidence: l'ancien premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, représentant personnel du président Sarkozy auprès de la Francophonie, s'est rendu à New York la semaine dernière. Après un entretien avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, il a lui-même annoncé son intention d'exprimer «avec fermeté une certaine intransigeance francophone» pour lutter contre le recul du français dans les instances internationales. L'OIF n'est pas la seule à avoir changé, la France aussi.

Plus de 200 millions de personnes parlent français dans le monde. Vingt-et-un Etats et gouvernements ont pris part à la naissance de la Francophonie le 20 mars 1970. Aujourd'hui, l'OIF regroupe 56 pays membres et 14 observateurs. Pendant les prochains mois, ils célèbreront les 40 ans de l'organisation sur le thème «La diversité au service de la paix». L'anniversaire connaitra son point d'orgue à l'automne au prochain sommet de la Francophonie, à Montreux, en Suisse.

Michel Dolbec



Source: cyberpresse