
Le premier ministre kényan, Raila Odinga, à l'aéroport d'Abidjan, a constaté l'échec de sa tentative de négociation.
Le premier ministre kényan, Raila Odinga, a qualifié d'échec sa nouvelle tentative de médiation dans le conflit postélectoral ivoirien. Il a quitté la capitale ivoirienne mercredi matin, après deux jours de discussion, coupant court à un séjour qui devait durer quelques jours encore.
« Malgré des discussions intensives avec M. Laurent Gbagbo et le président élu, Alassane Ouattara, qui ont duré jusqu'à très tard dans la nuit, je suis au regret d'annoncer que la percée attendue ne s'est pas réalisée », a déclaré M. Odinga quelques minutes avant de prendre son avion.
« Le temps est compté », a ajouté M. Odinga qui agit à titre de médiateur délégué de l'Union africaine dans ce dossier. Il a d'ailleurs accusé Laurent Gbagbo de n'avoir « pas tenu sa promesse » de lever le blocus contre l'hôtel du Golf où est retranché M. Ouattara.
Un porte-parole de Raila Odinga a toutefois assuré que le premier ministre kényan n'abandonnerait pas le processus de négociation en cours. « Il part demain matin. Ensuite, il ira au Ghana, au Burkina Faso et en Afrique du Sud pour faire des pressions sur les chefs de l'Union africaine afin qu'ils respectent la position de l'Union », a affirmé le porte-parole.
La diplomatie africaine sur le pied de guerre
Le médiateur Raila Odinga avait pourtant fait état de « progrès » lundi, après sa rencontre avec le président sortant, Laurent Gbagbo.
Aucune offre de partage du pouvoir ne faisait d'ailleurs partie des discussions, la communauté internationale offrant plutôt à M. Gbagbo, parmi d'autres choses, une vie en exil à l'étranger assortie d'une allocation mensuelle.
La mission infructueuse du premier ministre kényan n'est qu'un nouvel épisode dans une série de tentatives de médiation qui se succèdent depuis plusieurs semaines.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) accélère d'ailleurs ses préparatifs militaires en vue d'une intervention contre Laurent Gbagbo.
Les chefs d'état-major de ses 15 pays membres sont réunis au Mali pour discuter de cette éventualité, présentée cependant comme un dernier recours.
« Pratiquement tous les membres de la CEDEAO ont accepté de fournir des soldats », a dit le général nigérian Oluseyi Petinrin.
Une éventuelle intervention devrait se faire par le nord du pays, fief d'Alassane Ouattara. Le sud, où se trouvent le port et l'aéroport d'Abidjan, est sous le contrôle des fidèles de Laurent Gbagbo.
Une situation intenable
Alassane Ouattara, vainqueur de la présidentielle reconnu par la communauté internationale, est retranché depuis le début de la crise dans un grand hôtel d'Abidjan sous blocus des forces loyales à Laurent Gbagbo. Seul le Conseil constitutionnel ivoirien, contrôlé par le pouvoir, a donné M. Gbagbo vainqueur de l'élection.
Les quelque 9000 soldats de l'ONU déployés en Côte d'Ivoire, qui assurent notamment la protection de l'hôtel, ont dénoncé à plusieurs reprises des actes répétés d'agression contre leurs patrouilles par les partisans et les forces du camp Gbagbo.
« La situation se détériore. Quelque chose doit être fait, cela ne peut plus durer très longtemps », a affirmé le chef de l'opération de l'ONU dans le pays, Choi Young-jin.
La venue prochaine de renforts devait d'ailleurs être annoncée mardi, mais la Russie a utilisé son droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour bloquer une résolution prévoyant un renfort de 2000 Casques bleus.
Les violences postélectorales ont fait 247 morts depuis la mi-décembre, selon l'ONU qui a lancé mardi, avec des ONG, un appel de fonds de 32,7 millions de dollars destinés à éviter une crise humanitaire majeure dans le pays que quelque 28 000 habitants ont déjà fui.
Source: cyberpresse