Si le HCE a célébré le 48e anniversaire de l’indépendance dans la simplicité avec comme moments forts la cérémonie de levée des couleurs et les décorations, en revanche l’événement a été largement dominé par les inaugurations et autres visites effectuées par les membres du gouvernement dans certaines localités du pays pour porter très loin le discours du président du HCE.
Les nouvelles autorités ont mis à profit ce moment historique pour capitaliser toutes les réalisations accomplies par le pouvoir déchu et en faire un fonds de propagande politique.
Les différentes infrastructures de base réceptionnées ces derniers jours résultent incontestablement des actions du pouvoir de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi grâce à des financements extérieurs. On compte au moins une dizaine d’inaugurations multisectorielles. De là à dire que rien n’avait bougé après 15 mois de régime démocratique, procède d’un nihilisme extravagant.
Le HCE a le droit de déballer toutes les imperfections du régime renversé mais à condition d’en fournir des preuves objectives.
Le PSI, Air Mauritanie, la FKB intéresseraient les mauritaniens si d’autres scandales passés sous silence auraient été traités avec la même rigueur et la même promptitude par le HCE, si toutes les grosses fortunes possédées par les pontes des régimes antérieurs seront saisies et remises au trésor public. Un simple discours négationniste ne suffit pas pour apporter le changement tant souhaité par les mauritaniens.
De tout temps, chaque nouvel homme du pouvoir a encensé le peuple de promesses à l’occasion de la commémoration du 28 novembre. Rarement, une seule de ces promesses a vu le jour. Que peut apporter un pouvoir illégitime au peuple qui ne sait plus à qui confier son destin ?
Un nouveau régime en quête de reconnaissance ne laisse passer aucune occasion pour vendre le produit de sa popularité à l’intérieur, à défaut de pouvoir l’exporter. Les nombreuses coupures de rubans et les poses de premières pierres ont pu au moins épargner au HCE l’absence d’un programme sur lequel focaliser "son agenda rectificatif".
Le programme que le peuple attend avec impatience et dans l’urgence est d’abord le retour à l’ordre constitutionnel, le départ des militaires du pouvoir, l’instauration d’un dialogue politique entre les différents acteurs concernés par cette crise, la suspension des campagnes politiques de part et d’autre des parties en conflit.
Le discours du 48e anniversaire de l’indépendance n’a nullement donné le ton à un retour à la normalité réclamée par les mauritaniens sincères et par les partenaires étrangers. Décidément, quand on goutte aux délices du pouvoir, on devient sourd aux appels de la raison. En attendant, le destin des mauritaniens se partage entre leurres et lueurs.
Cheikh Tidiane Dia
Le rénovateur