Mademoiselle Nucci, la plus mauritanienne des italiennes de Barcelone

Pour la première fois dans l’histoire des arts plastiques mauritaniens, une thèse d’anthropologie de l’art leur est sérieusement destinée. Dans quelques heures, les noms, les œuvres de nos artistes
plasticiens résonneront dans la prestigieuse faculté des beaux-arts de Barcelone lors d’un cours à cet effet. C’est très émouvant de savoir que des chercheurs s’intéressent au travail de nos artistes
plasticiens pendant que notre ministère de la culture reste fidèle à sa politique du mépris indifférent autant dire ignorant si ce n’est du culte des promesses éternellement stériles.

En attendant de présenter sous peu sa thèse de doctorat, expresiones plásticas mauritanas contemporáneas: presencia por exceso de ausencia, dans quelques heures, elle présentera nos artistes plasticiens dans le cadre d’une série de cours sur la sociologie et l’anthropologie de
l’art. Tout à l’heure, les élèves des Beaux-arts entendront parler de maître Mamadou Anne, maître Mokhis, maître Sidi yahya, maître Brahim Fall, maître Mohamed-Ali et tant d’autres qu’on ne peut tous citer, sans oublier la nouvelle génération avec Omar Ball, Amy Sow et bien d’autres.

C’est vraiment très émouvant de savoir que bientôt cette thèse achevée, tous les artistes plasticiens confirmés verront leur travail définitivement reconnu car pouvant être consulté par d’autres chercheurs. Il s’agit de la première thèse sur les arts plastiques mauritaniens, ce n’est pas rien. D’autres suivront inchallah.

Je suis au regret d’être le premier à parler de ce travail formidable pourtant cela fait déjà plus de deux ans que mademoiselle Nucci se rend régulièrement en Mauritanie pour suivre de près le travail, la
vie et l’environnement de ces pionniers de l’art contemporain mauritanien ainsi que celui de la génération qui suit.

Celles et ceux qui ne connaissent pas vraiment nos artistes, et ils sont nombreux, ne savent pas qu’il y a vraiment là tout un monde qui bouillonne, qui travaille et qui crée, porté par une véritable vocation. On peut aimer ou pas. On peut apprécier les réussites et faire des critiques constructives mais on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de sérieux et talentueux artistes plasticiens mauritaniens malgré
quelques imposteurs magnifiques par leur audace et criminels par leur longévité largement cultivée par un copinage inconscient qui peut permettre à une nullité académique notoire de se faire passer pour une graine d’artiste pendant que son seul talent de virtuose est d’enfumer celles et ceux qui l’aident sans jamais qu’ils ne sachent qu’ils cultivent là une abjecte mauvaise graine dont la langue instable est particulièrement bien introduite dans certaines pauvres oreilles des amis de l’art étrangers pour les balader comme des enfants pendant que les autres artistes assistent, tétanisés, à l’intox imparable qui opère, sans pouvoir dire un mot de peur de se voir marginalisés par lesdits amis de l’art étrangers naïvement persuadés d’y voir déjà clair quand ils n’y voient que du feu...

Malgré ces imposteurs et sans eux, voilà pour la première fois un travail dense et intellectuellement avisé qui se fait ; on ne peut que s’en féliciter. Pour ce faire, ne parlant pas un traître mot de
français avant de partir à l’aventure, mademoiselle Nucci est allée jusqu’à Bordeaux pour apprendre ce trait permettant avec l’espagnol, l’anglais, l’italien, le tout complété par des cours d’arabe, d’avoir
une communication plus précise avec le monde de l’art en Mauritanie en attendant de pouvoir percer les mystères du poular du wolof et du soninké car notre italienne est curieuse de tout savoir de la
Mauritanie or une vie n’y suffirait pas, machallah.

On se souvient encore de son émerveillement en découvrant qu’il existait une maison des artistes où s’épanouissait tout un monde artistique et servant de carrefour aux amis de l’art, sans parler des
autres artistes qui vivant et travaillant ailleurs pouvaient se retrouver ici. Elle nous parle souvent de l’hospitalité des mauritaniens en général et des artistes en particulier toujours prêts à communiquer, ne ménageant aucun effort pour permettre à la thèse de prendre racine et se développer.

Ce fut aussi l’occasion de rencontrer de véritables personnages hors normes, le tout dans une atmosphère totalement dédiée à la création en milieu hostile si on en juge par le frein à l’épanouissement de l’art qu’est le ministère de tutelle. C’est l’heure de dire tout cela car l’heure du départ n’est plus très loin.

Bientôt mademoiselle Nucci viendra faire ses derniers voyages. Ensuite ce sera le retour avec le travail accompli. Inchallah. Merci à Francesca pour ses efforts, sa patience, sa passion et merci à
l’université de Barcelone sans laquelle jamais cette première thèse sur un tel sujet n’eût été jamais possible à temps.

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