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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Mamoudou Gueye, l’abbé Pierre de la Mauritanie, n’est plus. Par Ciré Kane


Mamoudou Gueye, l’abbé Pierre de la Mauritanie, n’est plus.  Par Ciré Kane

Vendredi soir, après avoir longuement bavardé avec Ibrahima SARR, je me suis rendu comme d’habitude au domicile de Hamidou Baba KANE situé à cinq minutes de marche. C’est au moment de prendre congé que ce dernier que j’appris la terrible nouvelle de la disparition d’un de ses plus grands amis, qui était bien plus qu’un ami pour moi.

Mamoudou Gueye dit Docteur était de 1994 à 1996 mon grand frère et mon père à Toulouse, sa ville de résidence où Il est retourné à Allah SWT jeudi 18 février à 21h30.

Qu’Allah SWT lui accorde le repos éternel et donne à Françoise et son fils Aboubacry la force de supporter cette épreuve inéluctable de la vie.

Samedi matin, je culpabilisai d’avoir bien dormi la nuit malgré cette perte d’un être cher. Mais c’est seulement maintenant que j’ai compris le vrai motif de ce sentiment : je serai coupable si je ne témoigne pas sur la vie de cet homme exceptionnel et l’une des grandes personnalités de la diaspora africaine de la ville rose.

Un homme d’une bonté et d’une générosité hors du commun est parti. C’est un homme que je n’ai jamais vu triste et pourtant l’exclusion dont il avait été victime en France à cause de la non reconnaissance de ses diplômes en Santé obtenus au Maroc était une injustice qui devait pousser au renfrognement, à la révolte.

Vendredi matin, le lendemain de sa disparition dont je n’étais pas encore au courant, j’ai effectué la prière sur les morts, un rituel que je négligeai depuis des lustres, qu’Allah SWT nous pardonne. Je suis sûr que ce n’est pas un hasard. Mamoudou GUEYE m’étais très proche, je me suis retrouvé à prier pour lui sans savoir qu’il venait de quitter ce monde quelques heures avant. Je veux témoigner ici que c’est l’une des personnes qui a le plus contribué à faire reculer le Sida au sein de la communauté africaine de Toulouse.

Par son action de sensibilisation il a sauvé des centaines de vies. Il allait directement dans les cités, les grandes tours concentrant les arabes et les noirs africains pour dérouler ses démonstrations sur l’usage des préservatifs, ses sketchs tournant en dérision avec humour ceux qui ne voulaient rien savoir sur le VIH. Il se faisait accompagner par des artistes et des conteurs. C’était un africaniste, il croyait à l’efficacité de nos traditions orales pour toucher ces populations dont la plupart étaient souvent nostalgique de cette Afrique naguère prospère et très civilisée.

Quand j’ai vu l’appel du Ministre de la Santé pour le retour au pays de nos compétences médicales, ma première réaction fut de me dire « quel gâchis ! si des gens comme Mamoudou n’avaient pas été obligés de s’exiler, ils auraient considérablement stoppé l’avancée du SIDA dans les quartiers pauvres dès 1990».

Mamoudou était un brillant infirmier d’Etat, d’où son surnom de Docteur. Après une formation complémentaire au Maroc, il rejoint la France. Et là, il se heurte à un problème bien connu par tous les étudiant en médecine : impossibilité de travailler si vos diplômes de santé n’ont pas été passés en France.

Binta TRAORE, la fille du doyen Ladji, maintenant Docteur au Nigéria je crois, en sait quelque chose. Elle était à l'époque la trésorière de l'Association des Mauritaniens de Toulouse.

Après plusieurs années de galère, c’est une clinique à Toulouse qui finit par découvrir les talents de fin psychologue des relations malades/soignant de Mamoudou. C’était l’un des axes de sa formation au Maroc, cela collait parfaitement avec sa personnalité, son humanisme.

Il disait souvent qu’il faut tenir en premier lieu du « système de valeurs » de l’individu, une expression qui nous faisait rire tellement elle revenait sur ses lèvres à chaque fois qu’on discutait avec lui. Mamoudou a toujours été très proche des personnes fragiles, les pauvres, les sans-abri et les malades sont ses plus nombreux amis. Je l’appelai l’abbé Pierre. Il m’est arrivé de lui conseiller, pour sa sécurité, de ne pas accueillir ou héberger des gens qu’il ne connaissait absolument pas. Il me rappelait alors mon propre cas d’étudiant pommé et sans le sou et la joie que j’avais ressenti en rencontrant en plein hiver le premier mauritanien à Toulouse. C’était lui, on s’est croisé tout à fait par hasard et il m’adopta comme son fils. Que serait-il advenu du non boursier que j’étais si je n’avais pas cette assurance de trouver au moins une maison aux portes béantes 24h/24 dans cette grande ville dite « rose » mais pas toujours chaleureuse ?

Cérise sur le gâteau, j'avais en plus les clés de sa maison, celles de Ibrahima Ndiaye, un ex inspecteur de Police malgré lui. Ibrahima, Mamoudou et Hamidou étaient inséparables à Nouakchott dans les années 80.

Avec la disparition de Mamoudou, c’est la Mauritanie qui perd l’un de ses plus grands éducateurs sociaux. Il était pédagogue, intelligent, fin et s’adaptait à tous les milieux socioculturels. C’était le point focal des communautés africaines de Toulouse.

Sa vie est un exemple. Après sa longue traversée du désert, il a eu une situation très confortable, il gagnait quelque milliers d’euros par mois. De quoi se construire une maison, s’assurer un bon capital retraite et rentrer à Haeré Goléré, son village dans le Brakna.

Il nous reviendra par avion cette semaine, sans vie. Sans vie ? Non, cet homme a intensément vécu en redonnant aux pauvres tout ce qu’Allah SWT lui donnait par sa grâce.

Un grand hommage lui sera rendu par SOS DISCRIMINES qui fera de lui son premier membre fondateur. Ce n’est pas à titre symbolique, un grand lutteur contre l’exclusion des faibles vient de regagner sa dernière demeure.

Je m’engage à vulgariser ses scènettes contre le SIDA dans les kebbas et partout où le sida tue en se servant de l’ignorance ou de la peur de savoir. Mais aussi à faire connaître ses travaux de fin d’études qu’il montrait à ses visiteurs comme pour leur demander une explication de son rejet par cette France qui refuse de le laisser travailler pour vivre dignement. Il batailla ferme pour ne pas être un assisté social. Ce grand humaniste nous exposait, sans termes techniques inutiles, comment soigner par la parole, la tendresse et l’attention ceux qui n’ont plus aucun espoir de guérison.

Monsieur Le Ministre de la Santé, votre appel au retour de nos cadres été un peu tard pour Mamoudou, il ne rêvait que de servir son pays mais le système que nous combattons était programmé pour l’exclure. Ce système avait jugé ce halpulaar, comme tant d’autres comme lui, était compétent et comprenait un peu trop la trajectoire que les autorités de l'époque voulaient insuffler à la Mauritanie, il fallait les exiler, les bouter dehors.

Espérons que d’autres infirmiers, médecins, chirurgiens, pédiatres, psychologues… trouveront dans votre appel les mesures d’accompagnement nécessaires pour s’extraire d’un exil qu’ils n’ont pas toujours choisi.

Avant de finir, j’adresse aussi mes condoléances à

- Son frère Oumar Guèye et à toute sa famille et au village de Haeré Golléré

- Ses amis Hamidou Baba KANE et l’ex inspecteur malgré lui Ibrahima Ndiaye

- Toute la diaspora mauritanienne et africaine de Toulouse, particulièrement l’ex soldat malgré lui de la marin Fari DIALLO, Abou Alpha BA et Seydou Ndongo, pour ne citer que ceux là car la liste est longue.

- Aux anciens étudiants mauritaniens au Maroc qui l’ont connu

- A ceux que j’ai oublié de citer, Mamoudou connaissait tout le monde

La meilleure façon de se souvenir de Mamoudou est d’écouter Compay SEGUNDO, ce roi de la musique cubaine faisait pleurer notre cher Docteur.

Compay interrogé un jour sur le secret de sa longévité – il dansait et chantait à plus de 90 ans – répondit à peu près ceci : « Quand on me prépare un poulet très délicieux, j’en raffole mais je n’en mange qu’un petit bout. C’est pour que le désir d’en remanger soit encore plus fort le lendemain. il faut toujours laisser quelque chose pour demain. »
Vous avez compris, sinon remplacez le poulet délicieux par la vie.


Cher Docteur,
Cher ami, cher grand frère et cher père
,

Tu es parti sans laisser de voiture, ni villa mais tu as laissé quelque chose pour demain mon grand. On se souviendra longtemps de toi.

Bien qu’il t’arrivait de souffrir, je ne t’ai jamais vu triste.

Bien qu’il t’arrivait d’être blessé, je ne t’ai jamais vu en colère. JAMAIS.

Ça c’est la grande leçon de vie que tu as légué à ceux qui ont eu la chance de t’approcher. J’avais prévu d’aller à la mer aujourd’hui, je crois que tu es d’accord pour que je ne change rien à ce programme, toi qui croquait la vie à pleines dents. J’espère que tu n’as trop souffert des séquelles de ton accident.

Yo alaahu subhaanahu wa taala yurmo yaafo maamudu


Nouakchott, samedi 20 fevrier 14h


Ciré KANE
Ancien Président de l’Association des Mauritaniens de Toulouse
GSM : +222 729 55 95*
cire.kane@gmail.com

* anciens mauritaniens de Toulouse revenus en Mauritanie ou toute personne proche de Mamoudou Gueye, contactez-moi sur ce numéro pour qu’on s’organise afin de l’accompagner jusque vers sa dernière demeure.



Source: http://www.cirekane.blogspot.com
Dimanche 21 Février 2010 - 20:51
Dimanche 21 Février 2010 - 21:23
INFOS AVOMM
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1.Posté par Taarikh le 21/02/2010 22:27
J'ai connu Mamoudou Guèye, un être humble, sensible, nous avons toujours gardé nos rapports d'amitiés depuis Nouakchott. J'avais l'habitude de l'appeler presque tous les mois vu qu'il était malade. Mais depuis plus de trois mois j'ai pas pris ses nouvelles et je le regretterai toute ma vie.
Que la terre lui soit légère, que les portes du Paridis lui soient ouvertes. J'adresse mes sincères condéléances à sa famille de Haéré golléré et son grand ami Kane hamidou Baba ainsi que Ndiaye Ibrahima de Toulouse. Aurevoir mon frère Mamoudou Guèye, tes amis ne t'oublieront jamais. Paix à ton âme.

2.Posté par YONGANE DJIBRIL DEMBA. FRANCE le 21/02/2010 23:39
Toutes mes condoléances à mon cher frère DOCTEUR MAMOUDOU GUEYE. Toute la commune de AERE MBAR te souhaite un repos paisible dans ta dernière demeure. Merci à toi aussi CIRE KANE. Prions longtemps pour lui et pour tous nos morts.Amen.

3.Posté par Ciré BA le 22/02/2010 00:37
Mamoudou GUEYE avait les qualités de L'Abbé Pierre, la tolérance de Mandela, la sagesse d'un Prophète... Il avait cette facilité rare de mettre son interlocuteur à l'aise et l'intelligence de ne pas juger.

Comme l'a bien dit mon homonyne Ciré KANE, il a consacré sa vie à Toulouse à aider ses compatriotes à s'intégrer et mieux, il s'est beaucoup investi dans le tissu associatif local en créant l'association APSSCA (voir lien ci dessous) dont la vocation est de promouvoir la santé des migrants et de créer la solidarité par le dialogue des cultures.

Mamoudou ignorait les frontières et les origines. Il était à la fois panafricaniste et partisan d'une "immigration réussie qui transfert ses talents et compétences dans son pays d'origine". Ce sont ses propres mots. A Toulouse, il était apprécié dans le milieu associatif qui l'a adopté. Pour rendre à César ce qui appartient à César, je cite l'association UCJG Robert Monnier - qui m'a employé - qui lui a ouvert ses portes.

Mamoudou était tellement positif que j'avais le sentiment en sortant de chez lui que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Adieu. Tu as rejoins Paape Seck, Laba Sosseh et les autres Salseros que tu chérissais tant.

Ciré BA - Paris



4.Posté par Habiboullah KANE le 22/02/2010 11:40
Vibrant hommage que Ciré KANE a rendu à Grand Gueye! très émouvant! les mots employés sont justes . Je compatis à la douleur de la famille. Mes condoléances à son frère Oumar Gueye et à Ndiaye Ibrahima de Toulouse

5.Posté par ndongo le 23/02/2010 20:40
kaaw Mamoudou,Allah t'a oté de notre vue,de notre affection mais c'est vrai aussi que ta sagesse,ta bonté, tes largesses,ton esprit ouvert te survivront pour toujours.Ah docteur!!tant de coeurs meurtris soulagés rien qu'en t'écoutant,que de blessures soignés par ta grandeur d'esprit dans ta demeure devenue une oasis pour nombre d'entre nous(dixit ton frère Adama Touré).Kaaw Mamoudou,nous ne t'oublierons jamais!Repose en paix et saches que nous avons beaucoup appris à tes cotés.Que la terre de haéré gollééré te soit légère digne fils du fouta.Un grand merci à toute la communauté sénégalo-mauritanienne de toulouse pour sa mobilisation.Mes sincères condoléances à toute la famille.

6.Posté par touresanounou le 25/02/2010 10:20
Yo alla yurmo nbo yaafoomo

7.Posté par Patrick le 27/02/2010 14:11
Bonjour Ciré


> Je suis Patrick un infirmier Toulousain ami de Mamoudou GUEYE.

> Tout d'abord je voulais te remercier pour l'hommage à notre cher Mamoudou que tu as rédigé et diffusé sur plusieurs sites internet.
> Cet écrit est vraiment remarquable et illustre parfaitement notre regretté camarade.
> J'étais très proche du 'Docteur ' et je connais bien son parcours assez compliqué: Effectivement c'était quelqu'un de très positif qui pensait d'abord aux autres, c'était notre Abée Pierre - tu as raison !!!-

> Ces dernières années, je lui donnais parfois un coup de main pour l'aider dans son travail associatif de prévention du VIH/SIDA. Il accomplissait cette mission très sérieusement avec beaucoup de rigueur et de méthode.

> On passait des soirées à refaire le monde en buvant du thé à la menthe...

> Son altruisme était sans équivoque et à l'issue de nos nombreuses conversations j'étais toujours rassuré sur les valeurs essentielles à notre vie sur terre (amour, partage, tolérance...).

> J'ai pu l'accompagner dans sa galère ces derniers mois (son accident de voiture et ses difficultés respiratoires), il était toujours digne et ne voulait jamais occasionner de soucis à son entourage à son égard.

> Ciré, ces quelques mots me rappellent beaucoup de souvenirs (ça fait 15 ans que je connaissais Mamoudou) et me rendent triste, mais je me dis comme toi, que j'ai la chance d'avoir connu un ami comme lui avec des valeurs énormes qui vont m'accompagner tout au long de ma vie.

> Un jour j'espère pouvoir me recueillir sur sa tombe et comme il disait quand il perdait un proche :" que la terre lui soit légère".
>
> Je vais prier pour lui et ses proches.

> Amitiées

> Patrick

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