
Après avoir quitté la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Mauritanie veut aujourd’hui tourner le dos à la langue française. C’est en tout cas l’intention que l’on prête aux autorités de Nouakchott depuis qu’il est question de "l’arabisation complète de l’administration". Si cela s’avérait, l’on assisterait à une mise à l’écart du français du système éducatif et de l’administration qui l’emploie jusque-là comme langue de travail. Et cela au profit de l’arabe. Mais cela n’est pas du goût de tout le monde au pays des Maures.
La preuve : l’opposition violente manifestée par les étudiants de l’université de Nouakchott qui se sont divisés en pro et anti-arabisation. N’ayant pas pu s’imposer par la force de l’argument, chaque camp a eu recours à l’argument de la force d’où des affrontements. Un calme précaire est revenu avec l’annonce de la fin des manifestations et la création d’une structure de coordination sur la question, faite par les responsables de syndicats d’étudiants. Ce calme sera précaire tant que les autorités ne se seront pas clairement prononcées sur cette question de l’arabisation vue d’un très mauvais oeil par les Négro-Mauritaniens, majoritairement francophones, et qui se disent sous la menace d’une exclusion totale de l’administration.
Les autorités semblent souffler le chaud et le froid avec la déclaration du Premier ministre Moulaye Ould Mohemed Laghdaf, au lendemain de la célébration, le 1er mars dernier, de la Journée de la langue arabe. Il est prêté au chef du gouvernement d’avoir dit que "la civilisation du pays était arabo-islamique". Ce qui a été interpreté comme un quitus donné à l’arabisation au grand bonheur des Maures. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Ahmed Ould Bahya, a beau asséner quelques semaines plus tard "qu’aucune option pour une arabisation complète n’a été prise par le gouvernement", le mal avait déjà été fait. Le Premier ministre voudrait faire dans la provocation qu’il ne se serait pas pris autrement. L’arabisation est un sujet sensible dans ce pays tampon entre le Magbreb et l’Afrique subsaharienne. Ce sujet remet au goût du jour l’obsession de l’arabité pour laquelle le régime de Mohamed Ould Taya a sacrifié les Négro-Mauritaniens qui ont été chassés de leur pays.
Au regard de ce douloureux précédent, on se demande ce qui a bien pu amener le régime actuel à ouvrir cette boîte de Pandore. A notre sens, il y a d’autres sujets plus préoccupants que l’arabisation. La Mauritanie est un pays confronté au terrorisme avec des attentats kamikazes, des assassinats d’Occidentaux ou leur enlèvement. Il y a aussi cette incongruité qu’est l’esclavage, officiellement aboli mais qui persiste toujours. On n’oubliera pas non plus la réconciliation sur le plan politique qui n’est pas encore effective.
L’élection du général Abdel Aziz passe toujours mal auprès de l’opposition qui, à la faveur de cette affaire d’arabisation, est montée au créneau pour demander purement et simplement son départ du pouvoir. Sur le plan social, la réconciliation ne manquera pas non plus de prendre un coup. Par une politique d’apaisement et de main tendue, le régime en place avait pu convaincre les Négro-Mauritaniens, réfugiés au Sénégal, de rentrer chez eux. L’arabisation annoncée pourrait bien faire changer d’avis ceux qui n’avaient pas encore franchi le fleuve pour regagner la Mauritanie. Le prix à payer pour l’arabité est fort et il y a lieu pour les autorités de s’inspirer des pays comme l’Algérie et le Maroc qui, bien qu’anciennes colonies françaises, ont une expertise en la matière. L’arabité, dans le cas mauritanien particulièrement, est un concept dangereux à manipuler avec beaucoup de prudence et de doigté, sa frontière avec l’identité nationale étant très sensible. On a vu ce que l’identité nationale a coûté à Nicolas Sarkozy en France dont le camp a été laminé aux élections régionales.
© Le Pays : Séni DABO
source: camer
La preuve : l’opposition violente manifestée par les étudiants de l’université de Nouakchott qui se sont divisés en pro et anti-arabisation. N’ayant pas pu s’imposer par la force de l’argument, chaque camp a eu recours à l’argument de la force d’où des affrontements. Un calme précaire est revenu avec l’annonce de la fin des manifestations et la création d’une structure de coordination sur la question, faite par les responsables de syndicats d’étudiants. Ce calme sera précaire tant que les autorités ne se seront pas clairement prononcées sur cette question de l’arabisation vue d’un très mauvais oeil par les Négro-Mauritaniens, majoritairement francophones, et qui se disent sous la menace d’une exclusion totale de l’administration.
Les autorités semblent souffler le chaud et le froid avec la déclaration du Premier ministre Moulaye Ould Mohemed Laghdaf, au lendemain de la célébration, le 1er mars dernier, de la Journée de la langue arabe. Il est prêté au chef du gouvernement d’avoir dit que "la civilisation du pays était arabo-islamique". Ce qui a été interpreté comme un quitus donné à l’arabisation au grand bonheur des Maures. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Ahmed Ould Bahya, a beau asséner quelques semaines plus tard "qu’aucune option pour une arabisation complète n’a été prise par le gouvernement", le mal avait déjà été fait. Le Premier ministre voudrait faire dans la provocation qu’il ne se serait pas pris autrement. L’arabisation est un sujet sensible dans ce pays tampon entre le Magbreb et l’Afrique subsaharienne. Ce sujet remet au goût du jour l’obsession de l’arabité pour laquelle le régime de Mohamed Ould Taya a sacrifié les Négro-Mauritaniens qui ont été chassés de leur pays.
Au regard de ce douloureux précédent, on se demande ce qui a bien pu amener le régime actuel à ouvrir cette boîte de Pandore. A notre sens, il y a d’autres sujets plus préoccupants que l’arabisation. La Mauritanie est un pays confronté au terrorisme avec des attentats kamikazes, des assassinats d’Occidentaux ou leur enlèvement. Il y a aussi cette incongruité qu’est l’esclavage, officiellement aboli mais qui persiste toujours. On n’oubliera pas non plus la réconciliation sur le plan politique qui n’est pas encore effective.
L’élection du général Abdel Aziz passe toujours mal auprès de l’opposition qui, à la faveur de cette affaire d’arabisation, est montée au créneau pour demander purement et simplement son départ du pouvoir. Sur le plan social, la réconciliation ne manquera pas non plus de prendre un coup. Par une politique d’apaisement et de main tendue, le régime en place avait pu convaincre les Négro-Mauritaniens, réfugiés au Sénégal, de rentrer chez eux. L’arabisation annoncée pourrait bien faire changer d’avis ceux qui n’avaient pas encore franchi le fleuve pour regagner la Mauritanie. Le prix à payer pour l’arabité est fort et il y a lieu pour les autorités de s’inspirer des pays comme l’Algérie et le Maroc qui, bien qu’anciennes colonies françaises, ont une expertise en la matière. L’arabité, dans le cas mauritanien particulièrement, est un concept dangereux à manipuler avec beaucoup de prudence et de doigté, sa frontière avec l’identité nationale étant très sensible. On a vu ce que l’identité nationale a coûté à Nicolas Sarkozy en France dont le camp a été laminé aux élections régionales.
© Le Pays : Séni DABO
source: camer