
La récente rencontre entre le président de la coordination de l’opposition démocratique, Boidiel Ould Houmoid, et le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz au sujet du dialogue inclusif, n’a semble-t-il, pas décrispé totalement la scène politique. L’opposition et la majorité donne l’impression d’être prises de court et hésitent à se prononcer clairement.
Bodiel Ould Houmoid, président de la COD et d’El Wiam, a été reçu par le président de la République le 29 juin dernier. Le même jour, au siège de son parti, après avoir fait le compte rendu de son entretien avec le président de la République à ses amis de l’opposition, il a tenu un point de presse. Par rapport au dialogue, « il n’y a plus de réserve » a dit Boidiel qui parlait en tant que président de la COD.
A part cette déclaration de son président, la COD n’a publié aucune déclaration portant sur le contenu de la rencontre et ce qu’elle en pense.
D’ailleurs le « il n’y a plus de réserve de Boidiel » ne semble pas satisfaire le rassemblement des forces démocratique (RFD). Le parti de Ahmed Ould Daddah, le premier juillet, moins d’une semaine après la rencontre Boidiel/Aziz, publie un communiqué. Un communiqué dans lequel, il dit « maintenir ses positions, y compris celles relative à l’élection présidentielle du 18 juillet, en attendant l’organisation et les conclussions » du dialogue.
Après la présidentielle du 18 juillet 2009 donnant victorieux le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, le RFD/FNDD a seulement « pris acte des résultats tels que proclamés par le conseil constitutionnel» et exigé le dialogue inclusif avec le pouvoir sur la base de l’accord de Dakar. A cette exigence de dialogue, les soutiens du pouvoir, réunis au sein du CPM (coalition des partis de la majorité) répondait « il ne peut y avoir de dialogue sans reconnaissance préalable des résultats de la présidentielle.»
Le président de la République n’a pas attendu cette reconnaissance pour recevoir le président en exercice de la COD. Ce président, après l’entrevue, a fait état de la levée des réserves concernant le dialogue. Mais face au « il n’y a plus de réserve », le RFD maintient son refus de reconnaissance de la légitimité du pouvoir de Aziz, l’APP et l’UFP (autres grands partis de la COD) se taisent. Ce début de note discordante (entre Boidiel et le RFD) et les silences évoqués vont-ils se transformer en crise au sein de la COD ?
L’accord de Dakar signé le 03 juin 2009 entre les différentes parties à la crise politique mauritanienne née du coup d’Etat du 06 aout 2008 « ne met pas fin à la poursuite du Dialogue national sur les autres points qui peuvent renforcer la réconciliation nationale et la démocratie. Pour ce dialogue national inclusif dans le prolongement de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, les signataires avaient fixé quatre points.
Premier point : « Le renforcement des assises et de la pratique de la démocratie pluraliste, ainsi que de la prévention des changements anticonstitutionnels de gouvernement ; y compris la réforme des institutions nationales de sécurité.» En lieu et place du dialogue, depuis la présidentielle du 18 juillet, il y a eu invectives et mépris réciproque entre l’opposition et le pouvoir.
Ce que l’opposition demande, pour prévenir les coups d’Etat, c’est le renvoi des militaires dans les casernes, leur exclusion du champ politique. Ce n’est pas actuellement le cas. Pendant la récente campagne d’implantation de l’UPR, parti au pouvoir, certains généraux de l’armée ont activement participé à la sensibilisation des militants.
Le deuxième point : « la promotion de la bonne gouvernance politique et économique, de l’Etat de droit et du respect des Droits de l’Homme ; de l’élaboration et de l’adoption des réformes susceptibles de renforcer le bon fonctionnement et l’équilibre des institutions de la République.» Le rééquilibrage des pouvoirs entre le président de la République et le parlement est une vieille revendication de l’opposition mauritanienne. Si le dialogue demandé s’ouvre, il sera discuté une révision constitutionnelle pour donner plus de pouvoir aux parlementaires.
La CPM ne veut pas partager la soupe.
Troisième point : « la possibilité d’arrangements politiques de partenariat dans l’exercice du pouvoir et des perspectives de tenue d’élections législatives anticipées. » « Partenariat dans l’exercice du pouvoir » veut-il dire possibilité de participation de l’opposition à la gestion du pouvoir ? Le président de la République a, plus d’une fois, fait état de son rejet de toute entrée de cette opposition au gouvernement. Quant aux élections législatives anticipées, elles ne semblent préoccuper personne, ni pouvoir, ni opposition.
Au sein de la coordination de l’opposition démocratique (COD), il y aurait deux camps. Les enthousiastes qui, forts de ce point trois de l’accord de Dakar, veulent participer à la gestion du pouvoir et les réticents qui pensent qu’avec la tenue prochaines d’élection, prendre part à un gouvernement serait une participation au « passif » électoralement dangereuse.
Quatrième point « toutes autres questions susceptibles de renforcer l’unité nationale, la réconciliation, la stabilité, la moralisation de la vie publique et le développement socio-économique du pays.» Autrement dit le dialogue dans l’esprit des rédacteurs de l’accord de Dakar ne se limite pas aux points cités plus haut. Il peut toucher toute question d’intérêt national.
La majorité, toujours prompte a répondre à l’opposition et à vulgariser les fait, gestes et parole du président de la République, garde elle aussi, un curieux silence après la rencontre Boidiel/ Aziz. La CPM ne peut plus dire « reconnaissait d’abord les résultats de la présidentielle ensuite on va discuter.» Le président de la République a passé outre cette exigence.
Le président de la COD a annoncé la levée des réserves de son camp. Que craignent les soutiens « indéfectibles et inconditionnels » de Aziz ? « Que d’autres viennent partage la soupe avec eux » dit un militant de l’opposition.
Khalilou Diagana
Le quotidien de Nouakchott
via cridem
Bodiel Ould Houmoid, président de la COD et d’El Wiam, a été reçu par le président de la République le 29 juin dernier. Le même jour, au siège de son parti, après avoir fait le compte rendu de son entretien avec le président de la République à ses amis de l’opposition, il a tenu un point de presse. Par rapport au dialogue, « il n’y a plus de réserve » a dit Boidiel qui parlait en tant que président de la COD.
A part cette déclaration de son président, la COD n’a publié aucune déclaration portant sur le contenu de la rencontre et ce qu’elle en pense.
D’ailleurs le « il n’y a plus de réserve de Boidiel » ne semble pas satisfaire le rassemblement des forces démocratique (RFD). Le parti de Ahmed Ould Daddah, le premier juillet, moins d’une semaine après la rencontre Boidiel/Aziz, publie un communiqué. Un communiqué dans lequel, il dit « maintenir ses positions, y compris celles relative à l’élection présidentielle du 18 juillet, en attendant l’organisation et les conclussions » du dialogue.
Après la présidentielle du 18 juillet 2009 donnant victorieux le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, le RFD/FNDD a seulement « pris acte des résultats tels que proclamés par le conseil constitutionnel» et exigé le dialogue inclusif avec le pouvoir sur la base de l’accord de Dakar. A cette exigence de dialogue, les soutiens du pouvoir, réunis au sein du CPM (coalition des partis de la majorité) répondait « il ne peut y avoir de dialogue sans reconnaissance préalable des résultats de la présidentielle.»
Le président de la République n’a pas attendu cette reconnaissance pour recevoir le président en exercice de la COD. Ce président, après l’entrevue, a fait état de la levée des réserves concernant le dialogue. Mais face au « il n’y a plus de réserve », le RFD maintient son refus de reconnaissance de la légitimité du pouvoir de Aziz, l’APP et l’UFP (autres grands partis de la COD) se taisent. Ce début de note discordante (entre Boidiel et le RFD) et les silences évoqués vont-ils se transformer en crise au sein de la COD ?
L’accord de Dakar signé le 03 juin 2009 entre les différentes parties à la crise politique mauritanienne née du coup d’Etat du 06 aout 2008 « ne met pas fin à la poursuite du Dialogue national sur les autres points qui peuvent renforcer la réconciliation nationale et la démocratie. Pour ce dialogue national inclusif dans le prolongement de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, les signataires avaient fixé quatre points.
Premier point : « Le renforcement des assises et de la pratique de la démocratie pluraliste, ainsi que de la prévention des changements anticonstitutionnels de gouvernement ; y compris la réforme des institutions nationales de sécurité.» En lieu et place du dialogue, depuis la présidentielle du 18 juillet, il y a eu invectives et mépris réciproque entre l’opposition et le pouvoir.
Ce que l’opposition demande, pour prévenir les coups d’Etat, c’est le renvoi des militaires dans les casernes, leur exclusion du champ politique. Ce n’est pas actuellement le cas. Pendant la récente campagne d’implantation de l’UPR, parti au pouvoir, certains généraux de l’armée ont activement participé à la sensibilisation des militants.
Le deuxième point : « la promotion de la bonne gouvernance politique et économique, de l’Etat de droit et du respect des Droits de l’Homme ; de l’élaboration et de l’adoption des réformes susceptibles de renforcer le bon fonctionnement et l’équilibre des institutions de la République.» Le rééquilibrage des pouvoirs entre le président de la République et le parlement est une vieille revendication de l’opposition mauritanienne. Si le dialogue demandé s’ouvre, il sera discuté une révision constitutionnelle pour donner plus de pouvoir aux parlementaires.
La CPM ne veut pas partager la soupe.
Troisième point : « la possibilité d’arrangements politiques de partenariat dans l’exercice du pouvoir et des perspectives de tenue d’élections législatives anticipées. » « Partenariat dans l’exercice du pouvoir » veut-il dire possibilité de participation de l’opposition à la gestion du pouvoir ? Le président de la République a, plus d’une fois, fait état de son rejet de toute entrée de cette opposition au gouvernement. Quant aux élections législatives anticipées, elles ne semblent préoccuper personne, ni pouvoir, ni opposition.
Au sein de la coordination de l’opposition démocratique (COD), il y aurait deux camps. Les enthousiastes qui, forts de ce point trois de l’accord de Dakar, veulent participer à la gestion du pouvoir et les réticents qui pensent qu’avec la tenue prochaines d’élection, prendre part à un gouvernement serait une participation au « passif » électoralement dangereuse.
Quatrième point « toutes autres questions susceptibles de renforcer l’unité nationale, la réconciliation, la stabilité, la moralisation de la vie publique et le développement socio-économique du pays.» Autrement dit le dialogue dans l’esprit des rédacteurs de l’accord de Dakar ne se limite pas aux points cités plus haut. Il peut toucher toute question d’intérêt national.
La majorité, toujours prompte a répondre à l’opposition et à vulgariser les fait, gestes et parole du président de la République, garde elle aussi, un curieux silence après la rencontre Boidiel/ Aziz. La CPM ne peut plus dire « reconnaissait d’abord les résultats de la présidentielle ensuite on va discuter.» Le président de la République a passé outre cette exigence.
Le président de la COD a annoncé la levée des réserves de son camp. Que craignent les soutiens « indéfectibles et inconditionnels » de Aziz ? « Que d’autres viennent partage la soupe avec eux » dit un militant de l’opposition.
Khalilou Diagana
Le quotidien de Nouakchott
via cridem