
Mohamed Ould Abdel Aziz a désormais presque les mains libres pour conduire seul son bateau politique. Après avoir fait face à la vindicte politique de ses adversaires les plus acharnés durant la période de transition, il a battu campagne pour une présidentielle qu’il a remportée haut la main. L’homme ne manque pas d’ambitions et surtout de fougue pour diriger le pays d’une main de fer en usant de ses pouvoirs au sein de l’armée mais aussi de son influence dans les milieux politiques. Aujourd’hui force est de dire qu’il est devenu le maitre incontesté de la situation. Cette position est pourtant loin d’être un gage d’assurance pour cet homme déterminé à mettre KO tous ceux qui tentent de lui faire ombrage. Ould Abdel Aziz veut être de tous les fronts pour incarner une puissance olympienne. Il pense que la meilleure façon de maitriser le pays est d’improviser des visites sur le terrain pour constater de lui-même de visu , la vérité de la situation. Il ne conçoit pas de la même manière les principes d’un pouvoir démocratique qui doit reposer sur une gestion collégiale des affaires de la République. Avec lui, le gouvernement n’est qu’une coquille vide car les hommes qui le composent ne sont que des stéréotypes. C’est pour cette raison que rien ne fonctionne vraiment normalement dans les ministères. Les ministres ont du mal à prendre des décisions librement. L’argent ne coule plus comme avant car tous les circuits de dépenses sont contrôlés par le maitre de la maison brune. Les mauritaniens ont l’impression que le pays traverse une crise économique sévère. Que s’est –il passé donc ? Il y a un tarissement manifeste de l’argent dans les marchés. Les commerces ne font plus que de maigres recettes. Les activités dans les places boursières tournent au ralenti. Partout c’est la même chanson qu’on entend consistant à dire que l’argent a disparu du pays. Les mesures d’assainissement des finances n’ont pas produit les effets attendus sinon comment comprendre que le pays tout entier vit dans une atmosphère de malaise consécutive à un manque d’argent. Tous les secteurs générateurs d’emploi sont touchés par cette crise financière à ne pas lier forcément à la récession mondiale qui est d’un autre ordre et surtout d’une autre logique économique internationale. En Mauritanie, il y a des zones d’ombre qui subsistent au sujet de la disparition de milliards d’Um pour lesquels on n’arrive pas à donner des explications claires. Qu’on nous dise précisément que cette crise est causée par un facteur économique bien défini. Il serait aberrant de continuer à faire croire aux mauritaniens que ce sont les détournements des deniers publics qui ont plongé en si peu de temps le pays dans la situation actuelle. Si tel est le cas la Mauritanie ne retrouvera jamais sa santé financière à cause de plus de trois décennies de gabegie. Et si la solution viendrait de la restitution des fonds détournés, aucun responsable de tous les régimes passés n’aurait échappé à une poursuite judiciaire. La crise que connait aujourd’hui la Mauritanie est en grande partie due à la crise politique qui agite le pays depuis plus d’une année. Les investisseurs nationaux et étrangers n’ont pas encore confiance en l’état actuel des choses si bien qu’ils ne veulent pas prendre le risque de placer leur argent dans certains créneaux porteurs. Les conséquences se font sentir dans le marché de l’emploi où le nombre de demandeurs d’emplois ne fait qu’augmenter et le chômage monter en flèche. A cela s’ajoute une gestion centralisée de la trésorerie et une rigueur dans les dépenses qui a paralysé tous les secteurs financiers.
Cheikh Tidiane Dia
le renovateur quotidien
Cheikh Tidiane Dia
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