Ouverture sous haute sécurité du XVe sommet de l'UA

Le XVe sommet de l'organisation panafricaine s'est ouvert ce dimanche 25 juillet 2010 dans la capitale ougandaise en présence d'une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement sur les 53 Etats membres que compte l'UA. Deux minutes de silence ont été observées par les participants en hommage aux victimes du double attentat de Kampala, le 11 juillet, revendiqué par les islamistes somaliens. Ce sommet s’ouvre dans une atmosphère tendue, pas uniquement en raison des menaces d’attentats, mais également à cause des profondes divergences qui minent l’organisation sur les Etats-Unis d’Afrique, le projet du colonel Kadhafi.

Des camions et des herses en travers des rues pour bloquer d’éventuelles voitures bourrées d’explosifs. Des batteries anti-aériennes et même un char installés sur un carrefour. La marine de ce pays enclavé a même mobilisé deux vedettes qui croisent sur le lac Victoria en face du luxueux complexe hôtelier qui abritera le sommet. Les Ougandais n’ont pas lésiné sur les mesures de sécurité.

Ce XVe sommet s’ouvre dans une atmosphère tendue, pas uniquement en raison des menaces d’attentats, mais également à cause des profondes divergences qui minent l’organisation sur les Etats-Unis d’Afrique, le projet du colonel Kadhafi. Les diplomates qui croyaient que la parenthèse Kadhafi était définitivement fermée depuis le camouflet qui lui a été infligé en janvier dernier à Addis Abeba se sont trompés ! Le bouillant colonel n’a pas renoncé à son projet d’Etats-Unis d’Afrique. Il a rallié à sa cause 29 pays, regroupés au sein de la CENSAD, la Communauté des Etats sahélo-sahariens, une organisation qu’il a créée de toute pièce. Les 29 partisans du colonel ont, à l’issue d’un sommet à Ndjamena, dénoncé l’absence de progrès de l’Union africaine et appelé à la mise en place d’une structure dotée de pouvoir et de compétence supranationale. L’homme fort de Tripoli souhaite en effet la création immédiate de trois ministères africains, Affaires étrangères, Défense et Commerce.

Faire barrage au colonel Kadhafi

Les pays d’Afrique australe et des l’Est sont déterminés à faire barrage au colonel Kadhafi. Les premières escarmouches ont eu lieu durant le Conseil des ministres. « Qui va venir donner des ordres au chef d’état-major de notre armée », s’est exclamé sous couvert de l’anonymat le ministre des Affaires étrangères d’un grand pays d’Afrique australe à propos d’un éventuel ministère africain de la Défense.

Le président de la Commission, le Gabonais Jean Ping, devra déployer ses talents de diplomate pour éviter que le débat sur la compétence supranationale de l’Union africaine ne dégénère. Bref, une nouvelle fois le clivage entre partisans et adversaires des Etats-Unis d’Afrique va occulter les autres questions, la Somalie, mais aussi le thème officiel de ce sommet : « la santé de la mère et de l’enfant africain ».

Le thème de ce sommet pourtant primordial ne semble pas faire l’unanimité. « C’est un débat technique », a déclaré un ministre visiblement plus préoccupé par les questions de politique politicienne.

Le débat sur la Somalie devrait être beaucoup plus consensuel. Tous les participants semblent d’accord sur un point : barrer la route aux shebabs. Ce XVe sommet devrait donc entériner le principe de nouveaux renforts pour la force de l’Union africaine à Mogadiscio, l’Amisom. Les discussions sur la modification du mandat devraient également, selon des sources diplomatiques, ne pas poser de problèmes majeurs.

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RFI