
En Mauritanie, sous les mots «passif humanitaire» se cachent des centaines d’exécutions sommaires et des milliers de personnes déportées de leurs pays vers le Sénégal. Ces violations massives des droits humains dont a été victime les populations négro africaines de la vallée, ont été commises sous le régime de Ould Taya avec un pic entre 1989 et 1991.
Les autorités militaires issues du coup d’Etat du 06 août 2008 ont engagé des contacts pour trouver une solution à ce passif. Sur la question des déportés, le chef de la junte, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, après sa prise du pouvoir par la force, à vite tenu à rassurer.
Dans ses premières déclarations, il a fait état de la poursuite du retour de ces réfugiés dans leur pays. Ce retour (Voir encadré) avait été entamé sous le régime qu’il (le général) a renversé. Le 23 novembre 2008, en visite au Trarza, le général, dans un camp de réfugiés de retour, promet de trouver une solution au passif humanitaire. Avant sa visite à Rosso, le général Ould Abdel Aziz avait reçu des représentants du colectif des victimes de la répression de 1986 à 19991 (COVIRE).
Le COVIRE regroupe six organisations de rescapés militaires, de veuves, d’orphelins…Les représentants de COVIRE disent avoir remis au Haut Conseil d’Etat (la junte au pouvoir) un document intitulé «Règlement consensuel et négocié du passif humanitaire.» Un document contenant quatre devoirs : Vérité, justice, réparation et mémoire. Selon les représentants de COVIRE, pour «aller vite», pour éviter les «lenteurs administratives», le chef de la junte a pris l’engagement sur le devoir de réparation et celui de mémoire pour «régler le problème avec les victimes».
Promesse du général.
Après le voyage de Rosso, le Général Ould Abdel Aziz a chargé le Colonel Dia Adama Oumar, membre du HCE, du dossier du passif humanitaire. Le Colonel Dia a pris contact avec les représentants de COVIRE au niveau de leur siège à Nouakchott. Selon les membres de COVIRE, Monsieur Dia, au cours de cette rencontre, a révélé «les termes de références de sa mission.» Il s’agit, toujours selon les représentants de COVIRE «d’identifier et d’évaluer le passif humanitaire de 1986 à 1991, de trouver une solution pour son règlement avec les victimes dans des délais raisonnables ne dépassant pas la période de transition.»
Après la rencontre avec le colonel, COVIRE a fait des propositions entérinées par son assemblée générale. Le préalable, selon le président du Collectif, Sy Abou est : « la Reconnaissance officielle des faits et présentation officielle d’excuses par le chef de l’Etat» Passé, cette étape, le COVIRE propose «une approche globale» qui concernera les réparation pour «les ayant droits des victimes civiles et militaires de 86 à 91» Le processus d’indemnisation proposé par COVIRE s’achèvera par un remise matérielle des indemnisations aux ayants droit par une commission suivie de présentation de condoléances.»
Localiser les lieux de repos des victimes.
Comme mesure symbolique, COVIRE propose, entre autres, l’attribution de bourses aux enfants des victimes, la distribution de terrains ou de logements aux ayant droits et une prise en charge sanitaire. Pour le souvenir, le COVIRE propose de baptiser certaines rues, d’organiser des cérémonies publiques en hommage aux victimes. Certaines victimes des exécutions sommaires se trouveraient dans des fosses communes. Leurs parents n’ont jamais pris possession de leurs dépouilles.
Le COVIRE propose de localiser les lieux où elles ont été enterrées. Le COVIRE a soumis ses propositions à un groupe d’Oulémas et d’imams (une trentaine) pour «caution morale». Ces imams et oulémas étudient actuellement les propositions. C’est après « cette caution morale » que les propositions seront soumises au Haut Conseil d’Etat. «Si tout se réalise, nous envisageons d’organiser une marche de reconnaissance» dit un des responsables de COVIRE.
Opacité et controverses.
Les démarches du Colonel Dia auprès de COVIRE et des victimes semblent se dérouler sous une certaine opacité. Dans une déclaration rendue publique le 19 février 2009, les membres du Collectif des Rescapés et Anciens Détenus Politiques Civils Torturés (CRADPOCIT), ont fait état du « gel de toute activité au sein du COVIRE(Coordination des Victimes de la Répression). Ils ont aussi décidé «la mise en place d’un Comité de Crise au sein du COVIRE dont la mission est la reprise en main des errements constatés de son Président.»
Le 26 février, Lô Souleymane, président de REVE 89 (une organisation de victimes) a rendu publique une déclaration dans laquelle il est écrit : «nous dénonçons la démarche entreprise par le Colonel Dia dont l’objectif politique évident, est de gagner les victimes à la cause du pouvoir militaire. Bien entendu, cela passe par la marginalisation des organisations authentiquement au service de la défense des droits humains en l’occurrence «le FONADH»
La démarche initiée par le HCE par l’entremise du colonel Dia ne bénéficie pas de l’adhésion de toutes les victimes et des organisations qui se sont données comme objectif leur défense. «N’êtes-vous pas gênés d’être les seuls interlocuteurs du HCE ? Le passif humanitaire peut-il connaître un règlement définitif sans une approche inclusive ?»
A cette question, le secrétaire général de COVIRE, Sidibé Abou, a donné la réponse suivante : «Toutes les organisations sont visibles dans COVIRE. Notre collectif appartient à toutes les victimes de 86 à 91. Nous sommes représentatifs de ces victimes et nous restons ouverts.» Le Coordinateur du Collectif, N’Gaidé Aliou Moctar, a ajouté :
«Rien ne gênerait le COVIRE qui regroupe les membres fondateurs. Qui peut être plus légitime que ces membres. Si les accompagnants veulent être plus légitimes que les victimes, il y a problème. » Enfin, Sow Ibrahima Sidi, du collectif des policiers radiés en 89 a déclaré : «Depuis les révocation, notre collectif a enregistré le décès de 17 de ses membres qui ont laissé orphelins et veuves. S’il y a possibilité de trouver une solution, nous sommes preneurs, quitte à nous désengager par la suite si le règlement prend une direction contraire à nos attentes.»
Le processus a été engagé sous Sidi.
Sidi Ould Cheikh Abdellahi, premier président mauritanien élu démocratiquement, a pris fonction le 19 avril 2007. Le 29 juin de la même année, dans un discours adressé à la nation, Ould Cheikh Abdellahi, au nom de la République a reconnu les faits qualifiés habituellement passif humanitaire. Aux mauritaniens, il a dit «Au cours des années 80, notre pays a été le théâtre d’atteintes massives aux droits de l’homme qui devaient culminer en 1989-90-91. Des citoyens mauritaniens à l’intérieur et à l’extérieur du pays ainsi que des résidents établis en Mauritanie ont été victimes d’exactions graves et injustifiées.
Des populations mauritaniennes paisibles se sont vues contraintes à quitter leur pays. Des atteintes cruelles à la dignité, des abus et dénis de droit d’une grande ampleur ont été commis.», Toujours au nom de la République, il a exprimé «sa compassion à l’égard de toutes les victimes de ces années sombres.» «Je voudrais dire à chaque veuve, à chaque orphelin, à chaque réfugié, à chaque opprimé blessé dans sa dignité, que je partage l’intimité de leurs souffrances.» avait ajouté Ould Cheikh Abdellahi.
Dans le même discours, Sidi Ould Cheikh Abdellahi a annoncé les retours futurs des mauritaniens réfugiés au Sénégal. En mars 2008, le premier contingent de réfugiés est revenu en Mauritanie après vingt ans d’exil forcé dans des camps au Sénégal. Le Coup d’Etat du 06 août 2008 n’a pas interrompu les opérations de rapatriement.
Source: QuotidienNouakchott
Les autorités militaires issues du coup d’Etat du 06 août 2008 ont engagé des contacts pour trouver une solution à ce passif. Sur la question des déportés, le chef de la junte, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, après sa prise du pouvoir par la force, à vite tenu à rassurer.
Dans ses premières déclarations, il a fait état de la poursuite du retour de ces réfugiés dans leur pays. Ce retour (Voir encadré) avait été entamé sous le régime qu’il (le général) a renversé. Le 23 novembre 2008, en visite au Trarza, le général, dans un camp de réfugiés de retour, promet de trouver une solution au passif humanitaire. Avant sa visite à Rosso, le général Ould Abdel Aziz avait reçu des représentants du colectif des victimes de la répression de 1986 à 19991 (COVIRE).
Le COVIRE regroupe six organisations de rescapés militaires, de veuves, d’orphelins…Les représentants de COVIRE disent avoir remis au Haut Conseil d’Etat (la junte au pouvoir) un document intitulé «Règlement consensuel et négocié du passif humanitaire.» Un document contenant quatre devoirs : Vérité, justice, réparation et mémoire. Selon les représentants de COVIRE, pour «aller vite», pour éviter les «lenteurs administratives», le chef de la junte a pris l’engagement sur le devoir de réparation et celui de mémoire pour «régler le problème avec les victimes».
Promesse du général.
Après le voyage de Rosso, le Général Ould Abdel Aziz a chargé le Colonel Dia Adama Oumar, membre du HCE, du dossier du passif humanitaire. Le Colonel Dia a pris contact avec les représentants de COVIRE au niveau de leur siège à Nouakchott. Selon les membres de COVIRE, Monsieur Dia, au cours de cette rencontre, a révélé «les termes de références de sa mission.» Il s’agit, toujours selon les représentants de COVIRE «d’identifier et d’évaluer le passif humanitaire de 1986 à 1991, de trouver une solution pour son règlement avec les victimes dans des délais raisonnables ne dépassant pas la période de transition.»
Après la rencontre avec le colonel, COVIRE a fait des propositions entérinées par son assemblée générale. Le préalable, selon le président du Collectif, Sy Abou est : « la Reconnaissance officielle des faits et présentation officielle d’excuses par le chef de l’Etat» Passé, cette étape, le COVIRE propose «une approche globale» qui concernera les réparation pour «les ayant droits des victimes civiles et militaires de 86 à 91» Le processus d’indemnisation proposé par COVIRE s’achèvera par un remise matérielle des indemnisations aux ayants droit par une commission suivie de présentation de condoléances.»
Localiser les lieux de repos des victimes.
Comme mesure symbolique, COVIRE propose, entre autres, l’attribution de bourses aux enfants des victimes, la distribution de terrains ou de logements aux ayant droits et une prise en charge sanitaire. Pour le souvenir, le COVIRE propose de baptiser certaines rues, d’organiser des cérémonies publiques en hommage aux victimes. Certaines victimes des exécutions sommaires se trouveraient dans des fosses communes. Leurs parents n’ont jamais pris possession de leurs dépouilles.
Le COVIRE propose de localiser les lieux où elles ont été enterrées. Le COVIRE a soumis ses propositions à un groupe d’Oulémas et d’imams (une trentaine) pour «caution morale». Ces imams et oulémas étudient actuellement les propositions. C’est après « cette caution morale » que les propositions seront soumises au Haut Conseil d’Etat. «Si tout se réalise, nous envisageons d’organiser une marche de reconnaissance» dit un des responsables de COVIRE.
Opacité et controverses.
Les démarches du Colonel Dia auprès de COVIRE et des victimes semblent se dérouler sous une certaine opacité. Dans une déclaration rendue publique le 19 février 2009, les membres du Collectif des Rescapés et Anciens Détenus Politiques Civils Torturés (CRADPOCIT), ont fait état du « gel de toute activité au sein du COVIRE(Coordination des Victimes de la Répression). Ils ont aussi décidé «la mise en place d’un Comité de Crise au sein du COVIRE dont la mission est la reprise en main des errements constatés de son Président.»
Le 26 février, Lô Souleymane, président de REVE 89 (une organisation de victimes) a rendu publique une déclaration dans laquelle il est écrit : «nous dénonçons la démarche entreprise par le Colonel Dia dont l’objectif politique évident, est de gagner les victimes à la cause du pouvoir militaire. Bien entendu, cela passe par la marginalisation des organisations authentiquement au service de la défense des droits humains en l’occurrence «le FONADH»
La démarche initiée par le HCE par l’entremise du colonel Dia ne bénéficie pas de l’adhésion de toutes les victimes et des organisations qui se sont données comme objectif leur défense. «N’êtes-vous pas gênés d’être les seuls interlocuteurs du HCE ? Le passif humanitaire peut-il connaître un règlement définitif sans une approche inclusive ?»
A cette question, le secrétaire général de COVIRE, Sidibé Abou, a donné la réponse suivante : «Toutes les organisations sont visibles dans COVIRE. Notre collectif appartient à toutes les victimes de 86 à 91. Nous sommes représentatifs de ces victimes et nous restons ouverts.» Le Coordinateur du Collectif, N’Gaidé Aliou Moctar, a ajouté :
«Rien ne gênerait le COVIRE qui regroupe les membres fondateurs. Qui peut être plus légitime que ces membres. Si les accompagnants veulent être plus légitimes que les victimes, il y a problème. » Enfin, Sow Ibrahima Sidi, du collectif des policiers radiés en 89 a déclaré : «Depuis les révocation, notre collectif a enregistré le décès de 17 de ses membres qui ont laissé orphelins et veuves. S’il y a possibilité de trouver une solution, nous sommes preneurs, quitte à nous désengager par la suite si le règlement prend une direction contraire à nos attentes.»
Le processus a été engagé sous Sidi.
Sidi Ould Cheikh Abdellahi, premier président mauritanien élu démocratiquement, a pris fonction le 19 avril 2007. Le 29 juin de la même année, dans un discours adressé à la nation, Ould Cheikh Abdellahi, au nom de la République a reconnu les faits qualifiés habituellement passif humanitaire. Aux mauritaniens, il a dit «Au cours des années 80, notre pays a été le théâtre d’atteintes massives aux droits de l’homme qui devaient culminer en 1989-90-91. Des citoyens mauritaniens à l’intérieur et à l’extérieur du pays ainsi que des résidents établis en Mauritanie ont été victimes d’exactions graves et injustifiées.
Des populations mauritaniennes paisibles se sont vues contraintes à quitter leur pays. Des atteintes cruelles à la dignité, des abus et dénis de droit d’une grande ampleur ont été commis.», Toujours au nom de la République, il a exprimé «sa compassion à l’égard de toutes les victimes de ces années sombres.» «Je voudrais dire à chaque veuve, à chaque orphelin, à chaque réfugié, à chaque opprimé blessé dans sa dignité, que je partage l’intimité de leurs souffrances.» avait ajouté Ould Cheikh Abdellahi.
Dans le même discours, Sidi Ould Cheikh Abdellahi a annoncé les retours futurs des mauritaniens réfugiés au Sénégal. En mars 2008, le premier contingent de réfugiés est revenu en Mauritanie après vingt ans d’exil forcé dans des camps au Sénégal. Le Coup d’Etat du 06 août 2008 n’a pas interrompu les opérations de rapatriement.
Source: QuotidienNouakchott