
Quelques responsables de l’IRA (Initiative de Résurgence du Mouvement Abolitionniste) ont été arrêtés, le 13 décembre 2010, par les éléments du commissariat 1 d’Arafat dont Balla Touré, qui est de surcroît le Secrétaire Exécutif du FLERE (Front de Lutte contre l’Esclavage, le Racisme et l’Exclusion).
Les uns et les autres sont comparus, le mercredi 5 Janvier dernier devant la Cour correctionnelle et ont plaidé «non coupables». Qu’à cela ne tienne, ils ont été diversement condamnés. Balla Touré a écopé de six mois de prison avec sursis.
Dans cet entretien, il est revenu sur les conditions de leur détention dans les locaux de la police et de la gendarmerie ainsi que son appréciation du verdict de la cour correctionnelle.
Nouakchott Info: Quelles ont été les conditions de votre détention?
Balla Touré: Permettez-moi d’abord, au nom de mes amis et à mon nom personnel de remercier toutes ces femmes et tous ces hommes qui nous ont exprimé leur soutien et se sont joints aux nombreuses voix pour dénoncer notre détention. Une mention spéciale aux ONGs nationales et internationales de défense de Droits de l’Homme et aux partis politiques qui ont tout de suite réagi, dénoncé de façon ferme et exigé notre libération rapide et sans conditions.
Que tous les braves trouvent ici l’expression de ma profonde gratitude. La détention de mes amis et moi a débuté le 13 décembre 2010 au commissariat d’Arafat 1 (Nouakchott). Nous y avons passé trois nuits; cela a été une épreuve physique et mentale très rude. Nous étions détenus dans une cellule sale, nue de tout équipement; l’odeur y était insupportable.
Une nuit, c’est long surtout quand on la passe à même le sol, sur du carreau froid. Au quatrième jour, vers quatorze heures trente, nous avons été présentés au Procureur de la République. Notre transfert de commissariat au palais de justice a nécessité un tel dispositif de sécurité et la nervosité des policiers était telle qu’on en rirait à tomber au sol; c’était vraiment ridicule.
Le Procureur de la République, sur la base des Procès Verbaux de la police, nous a mis à la disposition de la Brigade mixte de la Gendarmerie. Ici, notre détention a duré du 16 au 20 décembre 2010. Même si le cadre n’était pas très approprié (nous étions dans un local qui faisait office de bureau), le comportement des gendarmes était bien plus humain et plus digne que celui des policiers d’Arafat 1 et on sentait un certain souci de nous mettre à l’aise.
N.I : quelle appréciation faites-vous des peines prononcées contre vous et vos amis?
B.T: Il est important, au départ, de signaler la gravité des charges qui étaient retenues contre nous, à savoir: agressions aux éléments de la police dont le Commissaire, administration d’une organisation non reconnue et rassemblement non autorisé. Les peines de six mois de prison avec sursis pour trois de nous dont moi-même et une année de prison dont six mois avec sursis pour les trois autres dont le Président Biram O. Dah ABEID.
Comment expliquer cette grande disproportion entre la lourdeur des charges et les peines prononcées par la cour? Le collectif qui nous a défendu était formé des trente six avocats. Ces brillants femmes et hommes en robes noires ont réussi avec une grande clarté à relever une série de vices de forme et à démontrer le caractère infondé des accusations.
Ce procès n’était pas le nôtre, c’était celui d’une partie de la Mauritanie, celle qui persiste dans les pratiques esclavagistes, elle est appuyée par des responsables qui, malheureusement, maintiennent notre pays dans sa singularité par rapport à cette tare. Pour plus de détails sur les aspects techniques du procès, je vous propose d’entrer en contact avec notre défense.
N.I: Nous avons appris de source sûre que pendant le procès que vous avez été le seul parmi les codétenus à avoir été interrogé par le Président du Tribunal sur votre nationalité. Qu’en dites-vous?
B.T: (Eclats de rire). Je voudrais rappeler une idée du Président Boubacar Ould Messaoud qui déclarait récemment qu’il est temps que tout le monde comprenne que la question de l’esclavage ne concerne pas que les hratin, qu’elle est nationale et devrait alerter tous les mauritaniens.
Je pense qu’être mauritanien, c’est avant tout aimer la Mauritanie et quant à moi, je n’ai pas trouvé meilleure manière de lui exprimer mon amour que de concéder de modestes sacrifices pour faire avancer la question des Droits de l’Homme en Mauritanie. Je suis soninké né quelque part dans le Fouta et ne pense pas être un intrus parmi la famille antiesclavagiste de Mauritanie.
N.I: Avez-vous un message?
Bien sûr, je voudrais remercier toutes les personnes qui se sont données la peine de nous appeler au téléphone. Mieux, je dirai que tous ces appels et ces dénonciations ont été audibles grâce au travail remarquable de la presse nationale et internationale. Que les journalistes trouvent ici notre hommage appuyé.
Propos recueillis par Camara Mamady
Source: nouakchott info via cridem
Les uns et les autres sont comparus, le mercredi 5 Janvier dernier devant la Cour correctionnelle et ont plaidé «non coupables». Qu’à cela ne tienne, ils ont été diversement condamnés. Balla Touré a écopé de six mois de prison avec sursis.
Dans cet entretien, il est revenu sur les conditions de leur détention dans les locaux de la police et de la gendarmerie ainsi que son appréciation du verdict de la cour correctionnelle.
Nouakchott Info: Quelles ont été les conditions de votre détention?
Balla Touré: Permettez-moi d’abord, au nom de mes amis et à mon nom personnel de remercier toutes ces femmes et tous ces hommes qui nous ont exprimé leur soutien et se sont joints aux nombreuses voix pour dénoncer notre détention. Une mention spéciale aux ONGs nationales et internationales de défense de Droits de l’Homme et aux partis politiques qui ont tout de suite réagi, dénoncé de façon ferme et exigé notre libération rapide et sans conditions.
Que tous les braves trouvent ici l’expression de ma profonde gratitude. La détention de mes amis et moi a débuté le 13 décembre 2010 au commissariat d’Arafat 1 (Nouakchott). Nous y avons passé trois nuits; cela a été une épreuve physique et mentale très rude. Nous étions détenus dans une cellule sale, nue de tout équipement; l’odeur y était insupportable.
Une nuit, c’est long surtout quand on la passe à même le sol, sur du carreau froid. Au quatrième jour, vers quatorze heures trente, nous avons été présentés au Procureur de la République. Notre transfert de commissariat au palais de justice a nécessité un tel dispositif de sécurité et la nervosité des policiers était telle qu’on en rirait à tomber au sol; c’était vraiment ridicule.
Le Procureur de la République, sur la base des Procès Verbaux de la police, nous a mis à la disposition de la Brigade mixte de la Gendarmerie. Ici, notre détention a duré du 16 au 20 décembre 2010. Même si le cadre n’était pas très approprié (nous étions dans un local qui faisait office de bureau), le comportement des gendarmes était bien plus humain et plus digne que celui des policiers d’Arafat 1 et on sentait un certain souci de nous mettre à l’aise.
N.I : quelle appréciation faites-vous des peines prononcées contre vous et vos amis?
B.T: Il est important, au départ, de signaler la gravité des charges qui étaient retenues contre nous, à savoir: agressions aux éléments de la police dont le Commissaire, administration d’une organisation non reconnue et rassemblement non autorisé. Les peines de six mois de prison avec sursis pour trois de nous dont moi-même et une année de prison dont six mois avec sursis pour les trois autres dont le Président Biram O. Dah ABEID.
Comment expliquer cette grande disproportion entre la lourdeur des charges et les peines prononcées par la cour? Le collectif qui nous a défendu était formé des trente six avocats. Ces brillants femmes et hommes en robes noires ont réussi avec une grande clarté à relever une série de vices de forme et à démontrer le caractère infondé des accusations.
Ce procès n’était pas le nôtre, c’était celui d’une partie de la Mauritanie, celle qui persiste dans les pratiques esclavagistes, elle est appuyée par des responsables qui, malheureusement, maintiennent notre pays dans sa singularité par rapport à cette tare. Pour plus de détails sur les aspects techniques du procès, je vous propose d’entrer en contact avec notre défense.
N.I: Nous avons appris de source sûre que pendant le procès que vous avez été le seul parmi les codétenus à avoir été interrogé par le Président du Tribunal sur votre nationalité. Qu’en dites-vous?
B.T: (Eclats de rire). Je voudrais rappeler une idée du Président Boubacar Ould Messaoud qui déclarait récemment qu’il est temps que tout le monde comprenne que la question de l’esclavage ne concerne pas que les hratin, qu’elle est nationale et devrait alerter tous les mauritaniens.
Je pense qu’être mauritanien, c’est avant tout aimer la Mauritanie et quant à moi, je n’ai pas trouvé meilleure manière de lui exprimer mon amour que de concéder de modestes sacrifices pour faire avancer la question des Droits de l’Homme en Mauritanie. Je suis soninké né quelque part dans le Fouta et ne pense pas être un intrus parmi la famille antiesclavagiste de Mauritanie.
N.I: Avez-vous un message?
Bien sûr, je voudrais remercier toutes les personnes qui se sont données la peine de nous appeler au téléphone. Mieux, je dirai que tous ces appels et ces dénonciations ont été audibles grâce au travail remarquable de la presse nationale et internationale. Que les journalistes trouvent ici notre hommage appuyé.
Propos recueillis par Camara Mamady
Source: nouakchott info via cridem