
Il y a un an, il était accueilli en grande pompe à l’hôtel Holiday Inn, pour décliner les grands axes de son programme électoral. Samedi 26 juin dernier, il a revisité les mêmes lieux, cette fois-ci, pour les besoins d’une conférence dont le thème fort évocateur a mobilisé très tôt la diaspora mauritanienne. « Quelle refondation pour la Mauritanie à l’orée de son indépendance ? » Un pari. Une attente pesante dans le public alors que le président du Mouvement pour la refondation faisait son entrée dans la salle, accompagné du président du bureau du MPR à Paris, Boubacar Diagana, et d’autres cadres et militants. Avec humilité et le sens de la formule juste, le conférencier a affirmé à l’entame de sa communication qu’il ne visait pas à faire un éventaire exhaustif du cheminement politique, économique et social de la Mauritanie. Non, l’heure n’était pas au bilan postcolonial. «Mais si un jour la nécessité de faire ce bilan se manifeste, je serais très heureux de m’y essayer», promet-il.
L’hôte de la diaspora s’était simplement proposé de tirer les principales leçons et les enseignements à l’orée du cinquantenaire. Un retour sur le passé. Un arrêt sur le présent. Et le futur dans tout ça ? Ni exclusivement passéiste, encore moins résolument tourné vers un horizon politique et social à venir, le thème articulait les deux dans une approche innovante. De sorte que l’orateur parlait souvent du passé pour éclairer le présent ou envisager ce futur qu’on souhaite bâtir. Solidement. Tout est lié, n’est-ce pas ? Mais la refondation, à écouter même le conférencier, pose problème puisqu’il pourrait bien s’agir d’une notion polysémique, profondément polluée par des prénotions. Ainsi le président du MPR s’est attelé à lever toutes les équivoques, à faire en sorte que ce mot ait un sens ou un contenu pratique. « Soyons clairs sur ce sujet. Il s’agit bien d’un parti pris, car l’acte de refondation ne procède pas d’un diagnostic, mais d’une volonté de procéder à un changement profond de l’Etat et de la société mauritanienne à travers des réformes courageuses, efficaces, consensuelles et durables », martèle-t-il. Historien par moment, politologue dans la démarche, le leader politique a convoqué l’histoire à la table pour examiner minutieusement les faits et les événements qui ont façonné notre trajectoire. « Mon idée, c’est de mettre d’abord la lumière sur les grandes lignes de l’évolution politique de notre pays, en m’intéressant plus particulièrement aux enseignements que l’on peut tirer des enjeux du passé ». Exercice délicat. Surtout que l’échiquier politique national a évolué. Au point qu’il s’avère aujourd’hui difficile de saisir définitivement les logiques qui structurent le champ politique. Remarquez, nous parlons politique. Ce sont effectivement les contradictions sociales qui fondent, selon l’orateur, la pertinence du concept. Et parmi ces ambigüités, citons la question des droits de l’Homme, le problème culturel ou celui de la cohabitation en Mauritanie. Il s’agit là des questions éminemment politiques sur lesquelles sont construites des positions de lutte évidemment politiques. Et, il arrive souvent que ces positions se radicalisent pour créer finalement un climat de suspicion dans l’espace politique mais au-delà, également.
Un destin lié.
L’excursion au cœur de l’histoire commence par le rappel de la position géographique de la Mauritanie, mais encore et surtout par l’appréciation de la réalité postcoloniale immédiate. Une réalité sociologique et politique qui dépasse largement nos frontières. Au conférencier de faire constater ensuite que notre pays se situe sur un arc de crises qui traverse l’Afrique de long en large. « Les pays de l’arc de crises ont certes connus des fortunes diverses, mais à des degrés divers et selon les époques, le choc des cultures ethno-religieuses, ethno-raciales ou racio-religieuses en Afrique (cause ou conséquence) a provoqué des violences d’une rare intensité dès les premières années d’indépendance », donne-t-il à voir. Il n’y a pas de doute qu’en se généralisant, les conflits produisent des effets dévastateurs plus ou moins identiques sur des pays ayant une proximité géographique. L’exemple le plus éloquent est le cas Touareg qui constitue, affirme Kane Hamidou Baba, une préoccupation essentielle pour le Mali, le Niger et dans une certaine mesure la Mauritanie et l’Algérie.
Outre même ce problème transnational, la Mauritanie, à l’instar de ses voisins, est confrontée à des revendications internes où la tribu, l’ethnie et même la race servent de cadre référentiel. Voilà qui semblerait porter un coup à la pensée politique et à l’organisation modernes de l’Etat. « On comprend aussi dans ces conditions l’enjeu que représente la qualification de l’identité mauritanienne : pays arabe, africain et islamique ; pays africain, arabe et islamique ; pays arabe, négro-africain et islamique ? Et le président du MPR de poursuivre : « Le second enseignement que nous en tirons, c’est que derrière cette bataille pour imposer la caractérisation de la Mauritanie se profile bien sûr un combat pour l’imposition d’une certaine idée de la Mauritanie et l’idéologie dominante de l’époque.» Sous cette optique, l’homme politique a évoqué la séquence des coups d’Etat depuis 1978, ainsi que le problème de la dualité des nationalismes négro-africain et arabe. La surenchère idéologique continue jusqu’à présent - mais sous d’autres formes – à prendre en otage la concorde sociale et la stabilité de la scène politique nationale. C’est dire que la prévalence des structures segmentaires idéologiques et politiques particularistes semblerait poser encore problème dans le processus de la construction d’un Etat moderne. Après avoir dit que la refondation ne peut être valablement analysée en dehors de la problématique d’intégration nationale, le conférencier a appelé solennellement à des réformes constitutionnelles qui doivent réinventer un nouveau contrat de confiance entre l’Etat et la société. Un contrat qui serait à même de garantir « une place aux groupes sociaux victimes de discriminations de toutes sortes», conclut-il, tout en renouvelant ses remerciements aux participants, et plus particulièrement aux représentants d’Avomm, Afmaf, Ocvidh, ID (Intégration et dignité), UPR, AJD/MR, Flam, Akjpfk.
Source: Abdoulaye Wane
L’hôte de la diaspora s’était simplement proposé de tirer les principales leçons et les enseignements à l’orée du cinquantenaire. Un retour sur le passé. Un arrêt sur le présent. Et le futur dans tout ça ? Ni exclusivement passéiste, encore moins résolument tourné vers un horizon politique et social à venir, le thème articulait les deux dans une approche innovante. De sorte que l’orateur parlait souvent du passé pour éclairer le présent ou envisager ce futur qu’on souhaite bâtir. Solidement. Tout est lié, n’est-ce pas ? Mais la refondation, à écouter même le conférencier, pose problème puisqu’il pourrait bien s’agir d’une notion polysémique, profondément polluée par des prénotions. Ainsi le président du MPR s’est attelé à lever toutes les équivoques, à faire en sorte que ce mot ait un sens ou un contenu pratique. « Soyons clairs sur ce sujet. Il s’agit bien d’un parti pris, car l’acte de refondation ne procède pas d’un diagnostic, mais d’une volonté de procéder à un changement profond de l’Etat et de la société mauritanienne à travers des réformes courageuses, efficaces, consensuelles et durables », martèle-t-il. Historien par moment, politologue dans la démarche, le leader politique a convoqué l’histoire à la table pour examiner minutieusement les faits et les événements qui ont façonné notre trajectoire. « Mon idée, c’est de mettre d’abord la lumière sur les grandes lignes de l’évolution politique de notre pays, en m’intéressant plus particulièrement aux enseignements que l’on peut tirer des enjeux du passé ». Exercice délicat. Surtout que l’échiquier politique national a évolué. Au point qu’il s’avère aujourd’hui difficile de saisir définitivement les logiques qui structurent le champ politique. Remarquez, nous parlons politique. Ce sont effectivement les contradictions sociales qui fondent, selon l’orateur, la pertinence du concept. Et parmi ces ambigüités, citons la question des droits de l’Homme, le problème culturel ou celui de la cohabitation en Mauritanie. Il s’agit là des questions éminemment politiques sur lesquelles sont construites des positions de lutte évidemment politiques. Et, il arrive souvent que ces positions se radicalisent pour créer finalement un climat de suspicion dans l’espace politique mais au-delà, également.
Un destin lié.
L’excursion au cœur de l’histoire commence par le rappel de la position géographique de la Mauritanie, mais encore et surtout par l’appréciation de la réalité postcoloniale immédiate. Une réalité sociologique et politique qui dépasse largement nos frontières. Au conférencier de faire constater ensuite que notre pays se situe sur un arc de crises qui traverse l’Afrique de long en large. « Les pays de l’arc de crises ont certes connus des fortunes diverses, mais à des degrés divers et selon les époques, le choc des cultures ethno-religieuses, ethno-raciales ou racio-religieuses en Afrique (cause ou conséquence) a provoqué des violences d’une rare intensité dès les premières années d’indépendance », donne-t-il à voir. Il n’y a pas de doute qu’en se généralisant, les conflits produisent des effets dévastateurs plus ou moins identiques sur des pays ayant une proximité géographique. L’exemple le plus éloquent est le cas Touareg qui constitue, affirme Kane Hamidou Baba, une préoccupation essentielle pour le Mali, le Niger et dans une certaine mesure la Mauritanie et l’Algérie.
Outre même ce problème transnational, la Mauritanie, à l’instar de ses voisins, est confrontée à des revendications internes où la tribu, l’ethnie et même la race servent de cadre référentiel. Voilà qui semblerait porter un coup à la pensée politique et à l’organisation modernes de l’Etat. « On comprend aussi dans ces conditions l’enjeu que représente la qualification de l’identité mauritanienne : pays arabe, africain et islamique ; pays africain, arabe et islamique ; pays arabe, négro-africain et islamique ? Et le président du MPR de poursuivre : « Le second enseignement que nous en tirons, c’est que derrière cette bataille pour imposer la caractérisation de la Mauritanie se profile bien sûr un combat pour l’imposition d’une certaine idée de la Mauritanie et l’idéologie dominante de l’époque.» Sous cette optique, l’homme politique a évoqué la séquence des coups d’Etat depuis 1978, ainsi que le problème de la dualité des nationalismes négro-africain et arabe. La surenchère idéologique continue jusqu’à présent - mais sous d’autres formes – à prendre en otage la concorde sociale et la stabilité de la scène politique nationale. C’est dire que la prévalence des structures segmentaires idéologiques et politiques particularistes semblerait poser encore problème dans le processus de la construction d’un Etat moderne. Après avoir dit que la refondation ne peut être valablement analysée en dehors de la problématique d’intégration nationale, le conférencier a appelé solennellement à des réformes constitutionnelles qui doivent réinventer un nouveau contrat de confiance entre l’Etat et la société. Un contrat qui serait à même de garantir « une place aux groupes sociaux victimes de discriminations de toutes sortes», conclut-il, tout en renouvelant ses remerciements aux participants, et plus particulièrement aux représentants d’Avomm, Afmaf, Ocvidh, ID (Intégration et dignité), UPR, AJD/MR, Flam, Akjpfk.
Source: Abdoulaye Wane