
Dans sa configuration, comme dans ses résultats, le remaniement ministériel opéré mardi dans le gouvernement du premier Ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, surprend totalement. L’urgence dans laquelle a été débarquée celle qui était pressentie pour une longue période aux commandes des affaires étrangères désarçonne les plus sceptiques sur son sort. Les supputations vont bon train. Le limogeage de Naha Mint Mouknass ferait planer l’ombre du président libyen Mouammar Ghaddafi.
Le remaniement ministériel annoncé mardi par un communiqué laconique de l’Ami indique que " par décret en date de ce jour et sur proposition du premier Ministre sont nommés MM : Hamady Ould Hamady, ministre des affaires étrangères et de la coopération, Ahmedou Ould Dey Ould Mohamed Radhi, ministre de la défense nationale et Hamed Hamouny, ministre délégué auprès du ministre d'Etat à l'éducation nationale chargé de l'enseignement fondamental".
Ce dernier était le Secrétaire général du ministère de la Culture de la jeunesse et des sports. Naha Mint Mouknasse, seule femme du monde arabe à occuper jusqu’ici ce poste clé dans le gouvernement du président Mohamed Ould Abdelaziz fait-elle les frais du soutien de l’Union Africaine au président Libyen, Mouammar Ghaddafi, actuellement dans le collimateur des Usa et de l’Ue?
La veille le président Mohamed Ould Abdelaziz, recevait au palais, SEM Hans-Goerg Gerstenlawer, chef de mission de l’Ue en Mauritanie, une coïncidence qui ne prête peut-être pas à causalité. La déclaration rendue publique à l’issue de cette audience par l’agence officielle évoque des discussions ont porté sur «les différents aspects de la coopération fructueuse existant entre la Mauritanie et l'Union Européenne et les moyens susceptibles de renforcer cette coopération dans tous les domaines». Fin de citation.
Que reproche-t-on à Naha?
Naha Mint Mouknass, par ailleurs, présidente d’un parti de la majorité, s’est illustrée depuis la crise institutionnelle de 2008 comme l’un des soutiens de première heure du président Mohamed Ould Abdelaziz. Elle a indéniablement apporté de l’eau au moulin de la «rectification». Ses contributions diplomatiques tant au niveau des pays que sur le plan continental ont eu des incidences heureuses pour ce mouvement.
Le tact dont elle a fait preuve, dans les principaux conclaves diplomatiques faisait penser qu’elle était prédestinée à une longue période aux commandes de la diplomatie mauritanienne.
De plus, le fait d’être l’unique femme arabe à ce poste était reçu avec beaucoup de sympathie à travers le monde. Mais aujourd’hui, elle semble, en apparences, en tout cas, la seule grande perdante de ce remaniement qui a aussi vu le limogeage du ministre délégué auprès du ministre d'Etat à l'éducation nationale chargé de l'enseignement fondamental.
Même si aucune explication officielle n’a encore été donnée, ni par les autorités, encore moins par la concernée, le fait que l’un de ses plus proches collaborateurs à l’UDP, Adama Sy, resté à son poste de ministre secrétaire général de la présidence de la République, confirme qu’aucune sanction collective contre cette formation n’est engagée. Le camouflet semble donc orienté vers la stricte personne de Naha Mint Mouknass.
Si donc on se risque aujourd’hui à une explication, c’est bien en rapport avec la crise libyenne. Le soutien sans faille lors du groupe de contact à Nouakchott au Guide la Révolution de l’Ua contre la coalition occidentale y est probablement pour beaucoup. Malgré la frustration de l’Ua en rapport avec la fin de non recevoir des parties engagées contre Gaddafi (Usa, Ue et Ligue Arabe), pour «l’arrêt immédiat des frappes contre la Libye», le Guide libyen y a trouvé un soutien moral conséquent en dépit de la censure opposée par les médias internationaux à cette prise de position du Continent.
Naha Mint Mouknass serait-elle l’artisan de ce consensus autour du rejet par l’Ua de la déstabilisation du régime du Colonel? Ou ne sert-elle finalement que de bouc-émissaire face à l’ire des Occidentaux qui entendaient que l’Ua prenne ses distances par rapport au régime Ghaddafi. Une option partagée des Qataris et des Saoudiens, principaux pourvoyeurs du pays, et qui ne tenaient pas en odeur de sainteté le tonitruant Guide libyen.
Si tel était le cas, la jeune ministre des affaires étrangères apprend, à ses dépens, que les Etats n’ont pas d’amis, fussent-ils arabes, ils n’ont que des intérêts. Une leçon qu’elle va probablement mieux assimiler pour mieux rebondir…après le dénouement de la crise libyenne.
Jedna Deida
Le quotidien de Nouakchott
via cridem.org
Le remaniement ministériel annoncé mardi par un communiqué laconique de l’Ami indique que " par décret en date de ce jour et sur proposition du premier Ministre sont nommés MM : Hamady Ould Hamady, ministre des affaires étrangères et de la coopération, Ahmedou Ould Dey Ould Mohamed Radhi, ministre de la défense nationale et Hamed Hamouny, ministre délégué auprès du ministre d'Etat à l'éducation nationale chargé de l'enseignement fondamental".
Ce dernier était le Secrétaire général du ministère de la Culture de la jeunesse et des sports. Naha Mint Mouknasse, seule femme du monde arabe à occuper jusqu’ici ce poste clé dans le gouvernement du président Mohamed Ould Abdelaziz fait-elle les frais du soutien de l’Union Africaine au président Libyen, Mouammar Ghaddafi, actuellement dans le collimateur des Usa et de l’Ue?
La veille le président Mohamed Ould Abdelaziz, recevait au palais, SEM Hans-Goerg Gerstenlawer, chef de mission de l’Ue en Mauritanie, une coïncidence qui ne prête peut-être pas à causalité. La déclaration rendue publique à l’issue de cette audience par l’agence officielle évoque des discussions ont porté sur «les différents aspects de la coopération fructueuse existant entre la Mauritanie et l'Union Européenne et les moyens susceptibles de renforcer cette coopération dans tous les domaines». Fin de citation.
Que reproche-t-on à Naha?
Naha Mint Mouknass, par ailleurs, présidente d’un parti de la majorité, s’est illustrée depuis la crise institutionnelle de 2008 comme l’un des soutiens de première heure du président Mohamed Ould Abdelaziz. Elle a indéniablement apporté de l’eau au moulin de la «rectification». Ses contributions diplomatiques tant au niveau des pays que sur le plan continental ont eu des incidences heureuses pour ce mouvement.
Le tact dont elle a fait preuve, dans les principaux conclaves diplomatiques faisait penser qu’elle était prédestinée à une longue période aux commandes de la diplomatie mauritanienne.
De plus, le fait d’être l’unique femme arabe à ce poste était reçu avec beaucoup de sympathie à travers le monde. Mais aujourd’hui, elle semble, en apparences, en tout cas, la seule grande perdante de ce remaniement qui a aussi vu le limogeage du ministre délégué auprès du ministre d'Etat à l'éducation nationale chargé de l'enseignement fondamental.
Même si aucune explication officielle n’a encore été donnée, ni par les autorités, encore moins par la concernée, le fait que l’un de ses plus proches collaborateurs à l’UDP, Adama Sy, resté à son poste de ministre secrétaire général de la présidence de la République, confirme qu’aucune sanction collective contre cette formation n’est engagée. Le camouflet semble donc orienté vers la stricte personne de Naha Mint Mouknass.
Si donc on se risque aujourd’hui à une explication, c’est bien en rapport avec la crise libyenne. Le soutien sans faille lors du groupe de contact à Nouakchott au Guide la Révolution de l’Ua contre la coalition occidentale y est probablement pour beaucoup. Malgré la frustration de l’Ua en rapport avec la fin de non recevoir des parties engagées contre Gaddafi (Usa, Ue et Ligue Arabe), pour «l’arrêt immédiat des frappes contre la Libye», le Guide libyen y a trouvé un soutien moral conséquent en dépit de la censure opposée par les médias internationaux à cette prise de position du Continent.
Naha Mint Mouknass serait-elle l’artisan de ce consensus autour du rejet par l’Ua de la déstabilisation du régime du Colonel? Ou ne sert-elle finalement que de bouc-émissaire face à l’ire des Occidentaux qui entendaient que l’Ua prenne ses distances par rapport au régime Ghaddafi. Une option partagée des Qataris et des Saoudiens, principaux pourvoyeurs du pays, et qui ne tenaient pas en odeur de sainteté le tonitruant Guide libyen.
Si tel était le cas, la jeune ministre des affaires étrangères apprend, à ses dépens, que les Etats n’ont pas d’amis, fussent-ils arabes, ils n’ont que des intérêts. Une leçon qu’elle va probablement mieux assimiler pour mieux rebondir…après le dénouement de la crise libyenne.
Jedna Deida
Le quotidien de Nouakchott
via cridem.org