
Le blogueur tunisien Slim Amamou, devenu secrétaire d'Etat à la Jeunesse et aux Sports, se rendant à son premier conseil des ministres le 20 janvier.
La révolution tunisienne est dans une large mesure, une révolution internet. Les réseaux sociaux ont permis de catalyser le ras-le-bol mais aussi d’organiser la résistance au régime Ben Ali. Vecteur de la circulation de l'info qui échappe au contrôle des autorités, internet a offert des plateformes d’échange qui ont libéré la parole et mobilisé les énergies. Notre envoyé spécial en Tunisie a observé le phénomène.
C’est une révolution internet au point qu’ici en Tunisie, les gens préfèrent parler d’une révolution facebook plutôt que de la révolution du jasmin, terme jugé impropre surtout quelque peu folklorique. Alors pourquoi facebook ? Parce que sans le réseau social américain et son petit frère twitter, non seulement le monde n’aurait pas eu vent des massacres de Kasserine, cette ville martyre de l’ouest tunisien mais de plus la mobilisation des manifestants n’aurait pas été possible, ou alors elle n’aurait pas eu la même ampleur. Elle aurait été moins simple dans ce pays très policier, très surveillé. Au plus fort des évènements, les Tunisiens ont publié sur facebook les vidéos des massacres des manifestations. Chaque nouvelle, chaque information importante était immédiatement répercutée à des centaines de milliers de personnes sur internet ou par SMS (Short Message Service).
Et pour donner une idée de l’ampleur du phénomène, il y a deux millions de comptes Facebook en Tunisie pour onze millions d’habitants à peine. Il y a quelques mois, le régime avait tenté de bloquer les réseaux sociaux, comme il l’avait fait il y a deux ans pour les réseaux de partage en ligne comme Youtube et Dailymotion mais il a dû reculer face à la colère des internautes. La toile était devenue en Tunisie le seul espace de liberté, la presse étant contrôlée, et c’est aussi grâce au web que la parole s’est libérée, que les tunisiens ont appris à ne plus avoir peur. Ces derniers mois, d’ailleurs, plutôt que de tenter « d’arrêter la mer avec ses bras » le régime Ben Ali avait préféré cibler certains blogueurs célèbres.
Slim Amamou, blogueur devenu ministre
Huit jours avant la chute du régime Ben Ali, la police frappe à la porte de Slim Amamou, et vient l’arrêter, lui, ainsi qu’un autre blogueur célèbre, Abdelaziz Hammami. Mais la riposte fut cinglante. Les collectifs d’internautes, qu’ils soient Tunisiens ou étrangers, ont entrepris de bloquer les sites gouvernementaux en les bombardant de messages et puis les autres cyber-dissidents, c’est comme cela qu’ils s’appellent entre eux, se sont déchaînés menaçant même de représailles, les opérateurs de télécommunications s’ils coupaient les réseaux. Deux jours avant la chute du régime, alors que Ben Ali annonçait la fin de la censure, Slim Amamou est libéré. Ce fut la dernière tentative du pouvoir pour calmer la jeunesse. Tentative qui prouve à quel point ces blogueurs qui sont de simples étudiants, Slim Amamou est un simple étudiant, avait acquis une influence sur la population et sur la marche des évènements. Ils sont ici bien plus célèbres que les opposants réduits au silence depuis des années. Après la chute du régime Ben Ali, Slim Amamou est contacté par le ministère de la Jeunesse et des sports par coup de fil pour devenir, secrétaire d’Etat. Un poste qu’il accepte «sans même réfléchir » nous a-t-il confié et bien entendu il a annoncé sa nomination sur twitter.
C’est une sorte d’hommage aux internautes tunisiens, si méfiants envers le pouvoir. Lui-même, Slim Amamou, n’a rien d’un activiste politique. Il se bat pour la liberté d’expression, contre la censure et twitter au cours d’un Conseil des ministres était pour lui, une sorte d’acte subversif : drôle à la fois aussi parce qu’il voulait montrer à cette classe politique tunisienne qu’elle doit vivre en phase avec sa jeunesse et avec son époque.
AFP/FETHI BELAIDPar RFI
tags: Tunisie
C’est une révolution internet au point qu’ici en Tunisie, les gens préfèrent parler d’une révolution facebook plutôt que de la révolution du jasmin, terme jugé impropre surtout quelque peu folklorique. Alors pourquoi facebook ? Parce que sans le réseau social américain et son petit frère twitter, non seulement le monde n’aurait pas eu vent des massacres de Kasserine, cette ville martyre de l’ouest tunisien mais de plus la mobilisation des manifestants n’aurait pas été possible, ou alors elle n’aurait pas eu la même ampleur. Elle aurait été moins simple dans ce pays très policier, très surveillé. Au plus fort des évènements, les Tunisiens ont publié sur facebook les vidéos des massacres des manifestations. Chaque nouvelle, chaque information importante était immédiatement répercutée à des centaines de milliers de personnes sur internet ou par SMS (Short Message Service).
Et pour donner une idée de l’ampleur du phénomène, il y a deux millions de comptes Facebook en Tunisie pour onze millions d’habitants à peine. Il y a quelques mois, le régime avait tenté de bloquer les réseaux sociaux, comme il l’avait fait il y a deux ans pour les réseaux de partage en ligne comme Youtube et Dailymotion mais il a dû reculer face à la colère des internautes. La toile était devenue en Tunisie le seul espace de liberté, la presse étant contrôlée, et c’est aussi grâce au web que la parole s’est libérée, que les tunisiens ont appris à ne plus avoir peur. Ces derniers mois, d’ailleurs, plutôt que de tenter « d’arrêter la mer avec ses bras » le régime Ben Ali avait préféré cibler certains blogueurs célèbres.
Slim Amamou, blogueur devenu ministre
Huit jours avant la chute du régime Ben Ali, la police frappe à la porte de Slim Amamou, et vient l’arrêter, lui, ainsi qu’un autre blogueur célèbre, Abdelaziz Hammami. Mais la riposte fut cinglante. Les collectifs d’internautes, qu’ils soient Tunisiens ou étrangers, ont entrepris de bloquer les sites gouvernementaux en les bombardant de messages et puis les autres cyber-dissidents, c’est comme cela qu’ils s’appellent entre eux, se sont déchaînés menaçant même de représailles, les opérateurs de télécommunications s’ils coupaient les réseaux. Deux jours avant la chute du régime, alors que Ben Ali annonçait la fin de la censure, Slim Amamou est libéré. Ce fut la dernière tentative du pouvoir pour calmer la jeunesse. Tentative qui prouve à quel point ces blogueurs qui sont de simples étudiants, Slim Amamou est un simple étudiant, avait acquis une influence sur la population et sur la marche des évènements. Ils sont ici bien plus célèbres que les opposants réduits au silence depuis des années. Après la chute du régime Ben Ali, Slim Amamou est contacté par le ministère de la Jeunesse et des sports par coup de fil pour devenir, secrétaire d’Etat. Un poste qu’il accepte «sans même réfléchir » nous a-t-il confié et bien entendu il a annoncé sa nomination sur twitter.
C’est une sorte d’hommage aux internautes tunisiens, si méfiants envers le pouvoir. Lui-même, Slim Amamou, n’a rien d’un activiste politique. Il se bat pour la liberté d’expression, contre la censure et twitter au cours d’un Conseil des ministres était pour lui, une sorte d’acte subversif : drôle à la fois aussi parce qu’il voulait montrer à cette classe politique tunisienne qu’elle doit vivre en phase avec sa jeunesse et avec son époque.
AFP/FETHI BELAIDPar RFI
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