Sanctions individuelles : La liste de tous les vœux !

Depuis quelques jours, l’éventualité d’une liste “noire” de personnes contre lesquelles des sanctions individuelles devraient être prises pour leur soutien avéré ou parfois supposé, anime les débats dans les salons de la capitale et les milieux intellectuels, dont notamment les différentes rédactions de la presse nationale.

Dans les milieux des opposants au putsch du 6 août dernier, on croise les mains et on prie sur tous les saints pour que tombe finalement la fameuse liste noire américaine portant sanction contre les soutiens de la junte au pouvoir.

Selon ces milieux, le FNDD surtout, une liste est en préparation avancée par l’administration américaine. Elle porte les noms des personnes contre lesquelles il sera entre autres, interdit de voyager à l’étranger et dont les biens dans les banques extérieures pourraient être gelées. Cette décision sera prise, toujours selon les mêmes sources, à partir de la semaine prochaine. Elle aura, poursuit la source, la caution probable de la France.

Mais la question essentielle est de savoir si l’Amérique a vraiment besoin, si tant est qu’elle voudrait sanctionner ces personnes, de publier cette liste. Avec l’aide de qui d’ailleurs cette liste sera élaborée et quelle garantie de transparence elle peut avoir et surtout peut-elle, dans un avenir immédiat avoir une portée efficace? Rien n’est moins sûr. Car si le putsch rencontre une certaine opposition, il est tout aussi évident que la junte bénéficie d’un large élan de solidarité, dont et c’est le plus important, des élus du peuple mauritanien qui bénéficient de la même légitimité populaire que les autres députés. Ils sont, eux aussi, porteurs du mandat populaire et toute sanction contre eux, constitue à coup sûr, une méprise de la volonté d’un large pan de ce peuple.

Par ailleurs, l’on est en droit de se demander où étaient les occidentaux, il y a quelques années, lorsque dans ce pays sévissait un dictateur sanguinaire ayant tué de sang froid des mauritaniens et en avait déporté des milliers d’autres. Pourquoi des sanctions n’avaient pas été prises contre les autorités de l’époque? Quelle est cette logique “borgne” qui fait que les lois constitutionnelles sont plus importantes que la vie des hommes? Autrement dit, quand vous violez (encore que) des lois, vous êtes sanctionné et fiché, mais si vous tuez des dizaines de personnes innocentes, on vous soutient à coup de projets et de financements de plusieurs milliers de dollars et d’euros. Si les occidentaux publient leur fameuse liste, la Mauritanie, elle aussi, pourrait toujours en faire autant pour les pays ayant soutenu au cours des dernières décennies le régime sanguinaire de Ould Taya. Le Sénégal, lui, a bien compris: avec les anciens colons et les puissances étrangères, il faut refuser la capitulation et jouer l’honneur.

Le monde qui nous entoure est si plein de contradictions et de choses à se reprocher qu’il lui est difficile, voire impossible, de s’ériger en censeur ou donneur de leçon.

Dans les circonstances actuelles, la priorité est à la lutte contre le terrorisme et non à la surenchère. La meilleure liste qu’on peut s’attendre de nos partenaires et pays frères, est celle des moyens et des types de coopération pour un front commun contre le fléau.


Bâ Adama MoussaBiladi