
«Ce serait un grand danger que l'Égypte devienne une République islamique», a déclaré au Devoir Abdou Diouf, hier à Québec. «Je le dis comme je le pense», a insisté l'ancien président sénégalais, qui depuis 2003 est le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, sortant de sa réserve diplomatique habituelle à l'endroit d'un pays membre. M. Diouf, qui participait à l'ouverture de la Conférence interparlementaire sur la diversité des expressions culturelles (CIDEC), a soutenu qu'en tant que «musulman modéré» — marié à une catholique —, il se méfiait du fondamentalisme. «Je suis contre toutes les idéologies destructrices.» M. Diouf soutient que les Égyptiens ont droit à une «démocratie réelle» qui pourrait se faire «avec ou sans Moubarak». Il faut à son sens éviter à tout prix que «cette démocratie que nous appelons de nos vœux ne soit confisquée par des idéologies destructrices, quelles qu'elles soient».
M. Diouf a pu s'entretenir mardi avec son prédécesseur et ami Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l'ONU (1992-1996) et ancien ministre des Affaires étrangères de l'Égypte (1977-1991). Ce dernier se trouvait au Caire où ses bureaux avaient été saccagés puis incendiés.
L'ouverture de la CIDEC s'est effectuée hier sur fond de crise dans le monde arabe. Une des 300 participantes, la députée marocaine Fatiha Layadi, interviewée par Le Devoir, disait avoir confiance qu'au Maroc, la situation demeure calme. Dans son pays, a-t-elle fait valoir, les réformes démocratiques sont entamées «depuis plus d'une décennie». Elle-même est députée de l'opposition, du parti Authenticité et modernité, et se dit opposée à l'islamisme. Du reste, au Maroc, le prix des denrées n'a pas explosé comme ailleurs au Maghreb. Bien qu'il soit inévitable que les islamistes participent à la transition en Tunisie et en Égypte, il ne sert à rien selon elle d'agiter le «spectre de l'islamisme». «Les populations ne se laisseront pas confisquer leur révolution.» Ce qu'elle dit craindre le plus est un soulèvement dans le pays voisin, l'Algérie: «Ce serait autrement plus violent que ce qui se passe aujourd'hui», a-t-elle opiné.
Antoine Robitaille
Source: ledevoir
M. Diouf a pu s'entretenir mardi avec son prédécesseur et ami Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l'ONU (1992-1996) et ancien ministre des Affaires étrangères de l'Égypte (1977-1991). Ce dernier se trouvait au Caire où ses bureaux avaient été saccagés puis incendiés.
L'ouverture de la CIDEC s'est effectuée hier sur fond de crise dans le monde arabe. Une des 300 participantes, la députée marocaine Fatiha Layadi, interviewée par Le Devoir, disait avoir confiance qu'au Maroc, la situation demeure calme. Dans son pays, a-t-elle fait valoir, les réformes démocratiques sont entamées «depuis plus d'une décennie». Elle-même est députée de l'opposition, du parti Authenticité et modernité, et se dit opposée à l'islamisme. Du reste, au Maroc, le prix des denrées n'a pas explosé comme ailleurs au Maghreb. Bien qu'il soit inévitable que les islamistes participent à la transition en Tunisie et en Égypte, il ne sert à rien selon elle d'agiter le «spectre de l'islamisme». «Les populations ne se laisseront pas confisquer leur révolution.» Ce qu'elle dit craindre le plus est un soulèvement dans le pays voisin, l'Algérie: «Ce serait autrement plus violent que ce qui se passe aujourd'hui», a-t-elle opiné.
Antoine Robitaille
Source: ledevoir