Wal-Mart part à la conquête des consommateurs africains

Ça y est, Wal-Mart a donné le coup d'envoi à son expansion en Afrique.

On avait longtemps spéculé sur la stratégie que le groupe de distribution américain adopterait pour tirer profit de la croissance africaine ; il a finalement choisi de faire une offre de 4,2 milliards de dollars (3 milliards d'euros) pour racheter le groupe sud-africain Massmart.

L'ampleur de la somme fera très probablement grincer les dents des actionnaires de la société, mais l'opération permettrait à Wal-Mart de prendre pied en Afrique dans les meilleures conditions et d'acquérir un savoir-faire local qui faciliterait son expansion sur ce continent.

Si, de son côté, Massmart se laisse séduire, la transaction valorisera le distributeur basé à Johannesburg à près de 13 fois son excédent brut d'exploitation. Comme il est en ce moment plutôt coté à un multiple de 7, cela veut dire que Wal-Mart propose une prime tout à fait coquette, même si la somme reste dérisoire en comparaison de la capitalisation boursière du groupe américain (200 milliards de dollars).

Joli potentiel de croissance

C'est le prix à payer pour s'installer au coeur d'une région qui recèle un joli potentiel de croissance. L'Afrique du Sud, où les 232 magasins de Massmart sont présents de Limpopo au Cap, figure en effet au rang des "Civets" - avec la Colombie, l'Indonésie, le Vietnam, l'Egypte et la Turquie -, les pays émergents de demain. Le Fonds monétaire international estime, de son côté, que la croissance de l'Afrique sub-saharienne avoisinera les 6 % par an à partir de l'année 2011.

Tenter de profiter de cet essor ne serait pas une sinécure pour un groupe basé à Bentonville, dans l'Arkansas. Wal-Mart a certes acquis une belle stature international ; la société américaine sait également comment s'adresser aux consommateurs les plus modestes, une catégorie de clients particulièrement bien représentée sur le continent africain. Mais se lancer sur un nouveau marché sans avoir la connaissance du terrain est plus que périlleux. En s'appuyant sur le réseau de Massmart, le géant américain limite ce risque.

Or, le distributeur sud-africain a réussi à implanter des chaînes de magasins de toutes les tailles sur son marché domestique et il a également déployé son enseigne de discompte Game au Botswana, au Ghana, au Malawi, au Mozambique, en Namibie, en Zambie et ailleurs.

Son rachat aurait par ailleurs la vertu d'étoffer les marges de la division internationale de Wal-Mart, laquelle pèse déjà pour un quart du chiffre d'affaires du groupe. Au premier semestre de cette année, la marge opérationnelle de la société a atteint 3,8 % quand celle de Massmart a avoisiné 5 %. Avec tout le poids que représente le groupe américain en tant que centrale d'achat, ses résultats pourraient donc être encore facilement améliorés.

Certes, Wal-Mart paierait assez cher l'accès au marché de l'un de ces alléchants "Civets", mais la croissance est tellement anémique sur son marché domestique que les actionnaires du groupe devraient accepter de signer ce gros chèque sans hésiter et sans tarder.

(Traduction de Christine Lahuec.)


Source: lemonde