PREMIERE PARTIE: ORIENTATIONS STRATEGIQUES ET POLITIQUES
(Rappel historique)
Les résolutions issues du Congrès d’Aleg de mai 1958 avaient consacré le caractère biracial de la Mauritanie, zone de confluence de civilisations africaines et arabes.
Cette terre a connu l’apogée de grands empires dans lesquels les différentes composantes nationales ont coexisté dans l’harmonie, parfois en rapport de domination réciproque, dompté par les valeurs islamiques et la sagesse africaine légendaire.
De grandes figures nationalistes de toutes nos composantes ont collaboré pour se défendre de la pénétration coloniale et accompagner la naissance de notre pays, attesté comme trait d’union des deux mondes d’Afrique noire et blanche, que le père fondateur de la nation définissait comme le noir et le blanc de l’oeil, caractère adulé des premiers responsables de l’indépendance.
Le statut du français, héritage de la colonisation comme langue officielle, la promotion des valeurs de la diversité culturelle et du respect mutuel des différentes communautés, étaient tant de facteurs de consolidation de ((l’unité nationale » et du pacte d’engagement volontariste pour l’édification d’une nation indépendante.
La quête de la reconnaissance internationale par la Mauritanie a été décriée par les nations Arabes à l’exception de la Tunisie en compagnie des Etats de l’Afrique noire.
Mais, la création de la ligue arabe, l’adhésion de la Mauritanie en son sein, la naissance des idéologies nationalistes panarabes et la recherche de financements des pétrodollars, ont constitué autant d’éléments pour la réorientation politique et stratégique de notre pays. C’est alors que le congrès du Parti du Peuple Mauritanien (PPM) de 1966 à Nouakchott a opté pour l’arabité de la Mauritanie, remettant en cause le caractère biracial et multiculturel du pays, ce qui provoqua des émeutes interethniques mais plus ou moins intelligemment gérées en leur temps.
Ainsi, la première réforme de l’éducation en 1969, rendant obligatoire l’enseignement de la langue arabe, fût perçue par l’intelligentsia négro mauritanienne comme une menace à l’égalité de chances entre les enfants d’une même nation.
Par la suite, les réformes du système éducatif de 1971 et 1979 sont venues consolider les acquis de cette langue dont le coefficient trop élevé aux examens d’entrée en sixième, au brevet et au baccalauréat n’a fait que réduire d’avantage les chances d’admission des élèves négro mauritaniens.
Les protestations face à cette dernière mesure ont suscité la création de l’institut des langues nationales (ILN) qui n’a survécu que pour une phase expérimentale de 1 980 à 1999 pourtant très réussie comme test mais vite abandonnée et pour cause?
L’avancée spectaculaire de la promotion de l’enseignement de la langue arabe a eu pour conséquences:
• Le rétrécissement de la place du français comme méthode d’exclusion des cadres francisants (en majorité d’origine négro mauritanienne) des sphères de l’Etat,
• l’étouffement volontaire et programmé de l’expérimentation de l’enseignement des langues nationales par l’arrêt de sa généralisation à l’enseignement secondaire, violant ainsi le décret 79.348/ PG/MEFS du 10/12/1979 créant l’ILN.
• et un ensemble d’autres décisions qui ont créé deux écoles séparées pour les enfants mauritaniens, une arabe (sans choix pour les arabophones) et une bilingue que ne pouvaient choisir que les enfants négro-mauritaniens.
La loi pour la réorganisation domaniale et foncière fixée par l’ordonnance 83/127 du 05 juin 1 983 a été sciemment mal exécutée par les administrateurs en fonction dans les régions du sud. Ces derniers opéraient massivement et abusivement des expropriations de propriétés des collectivités négro mauritaniennes au nom de la notion de terre morte (indirass) sans consultation ni information préalables des populations autochtones qui y revendiquent des droits.
L’ordonnance 83/127 du 05juin 1983, bien qu’abolissant la tenure foncière collective traditionnelle reconnaît cependant la propriété privée et les différentes attributions officielles antérieures, constituées par le régime issu de I’AOF.
La gestion unilatérale et inique de cette question par une administration quasi arabe soutenant un climat conflictuel permanent dans la vallée entre les nouveaux venus ( appuyés par les autorités administratives Arabes) et les populations autochtones négro mauritaniennes, sont entre autres, les causes des tragiques et douloureux événements des années quatre vingt et quatre vingt dix et qui ont pour noms: déportation, exécutions extrajudiciaires et violations massives des droits de l’homme.
Et l’on retiendra qu’au même moment où la Mauritanie persiste à faire vivre vaille que vaille une Union du Maghreb Arabe (U MA) chancelante par ses contradictions et conflits internes, le régime en place à l’époque prend unilatéralement et contre toute logique la décision du retrait de la Mauritanie de la CEDEAO, pourtant reconnue comme outil d’intégration économique sous-régional et espace d’échanges naturels pour notre pays.
Pour corroborer ces acquis de politique antinationale le Pouvoir de l’époque mit en place un système et appareil judiciaires des plus racistes et décriés des temps modernes. La justice fut arabisée et ne laisse désormais aucune chance aux non-arabes de connaître leur chef d’inculpation encore moins de pouvoir s’expliquer et se défendre. Les avocats négro-mauritaniens sont mis au chômage ou contraints de s’expatrier. Sur l’ensemble du territoire national, il n’y a de nos jours aucun négro-mauritanien à la tête d’une structure judiciaire.
DEUXIEME PARTIE: LES CONSEQUENCES DE LA MAUVAISE COHABITATION OU LA POLITIQUE DE (DENEGRO-MAURITANISATION)
2.1. Définition de la cohabitation
Cohabiter, selon le Larousse, signifie exister ou vivre ensemble sous le même toit ou sur le même territoire. La cohabitation peut être pacifique si les règles du jeu de vivre ensemble sont bien définies et bien acceptées par les parties en présence, dans les cas contraires, elle est conflictuelle aux conséquences imprévisibles.
En Mauritanie, nos premiers leaders politiques préoccupés tantôt par des problèmes d’indépendance par rapport à la France coloniale, tantôt par des revendications expansionnistes de nos voisins (Maroc — Sénégal — Mali) ont ménagé la chèvre et le choux.
Les rapports de cohabitation sont donc allés en dents de scie et ont souvent abouti à des situations conflictuelles comme l’ont attesté les événements douloureux de 1966,1986 ,1987 puis de 1989 à 1992, causant une fracture sociale assez profonde et dont les plaies sont encore béantes au sein de toutes les communautés nationales.
La cohabitation entre groupes d’appartenances communautaires différentes, n’existe pas seulement en Mauritanie. Elle peut revêtir plusieurs formes : raciale, ethnique, ou tribale dans notre cas, religieuse ou idéologique sous d’autres cieux. Certains l’ont résolue intelligemment par consensus et d’autres par la violence mais temporairement.
Nous suggérons la voie pacifique et intelligente qui passe par des solutions de compromis et de partage dans l’équité et la justice. Et nous nous réjouissons de pouvoir l’exprimer de façon ouverte et solennelle pour écarter à tous égards des présomptions négatives et nuisibles à l’unité nationale.
2.2. Conséquences de la mauvaise cohabitation
Les faits regrettables énumérés ci-dessous, survenus en Mauritanie pendant les années 1966 puis 1986, 1987, 1989, 1990, 1991, et 1992 sont les conséquences de la mauvaise cohabitation en Mauritanie.
2.2.1. La Déportation
Un problème tout à fait banal entre négro-africains (éleveurs peulhs et agriculteurs Sooninke) des rives du fleuve Sénégal a provoqué un incident sans précédent entre la Mauritanie et le Sénégal. Les ressortissants des deux pays frères par l’aide des pays amis sont rapatriés dans leur pays respectif par pont aérien.
N’eussent été les contradictions latentes intercommunautaires et un climat de suspicions infondé fortement entretenu par les différents courants politiques et idéologiques, appuyés par le régime d’alors, cet incident donc banal n’aurait pas entraîné la Mauritanie dans la situation de crise profonde que nous avons vécue et qui s’est caractérisée par:
• Déportation massive des populations négro mauritaniennes;
• Destructions de villages entiers
• Confiscation des biens (terres, bétails, bijoux, argent, etc.)
• Récupération des sites et/ou rebaptisation,
L’intérieur du pays profond n’a pas été épargné par ces évènements. Eleveurs et fonctionnaires ont été dénoncés par leurs voisins et collègues, appuyés par la police politique dans l’optique de la «dénégromauritanisation » de l’espace, de l’administration centrale mais territoriale surtout.
2.2.2. Exécutions extrajudiciaires
Un climat de terreur a régné dans la vallée à partir de 1989. Certains éléments des forces armées et de sécurité et des hordes de razzieurs encadrées et organisées par les premières se sont attaqués aux populations innocentes, matant toute tentative de résistance à l’arbitraire. Ainsi, l’Etat de siège fut décrété dans tout le Sud sous lequel des femmes ont été violées, beaucoup de disparus signalés, des charniers et fosses communes découverts. Et le paroxysme fut atteint lorsque dans l’armée des arrestations de militaires négro-mauritaniens sont opérées à partir du milieu de l’année 1990, suivies de tortures et de liquidations systématiques extrajudiciaires et comme tout cela ne suffisait pas, une loi d’amnistie scélérate a été promulguée en juin 1993 pour absoudre ces crimes et forfaits et rendre irrecevable toute plainte.
2.2.3. Difficultés d’établissement d’actes d’état civil
Ces évènements ont créé un délit d’apostat collectif des négro-mauritaniens, accusés d’étrangers ou traités comme tels. L’obtention des papiers d’état civil (détruits à dessein pour certains et encore inexistants pour d’autres) devient un vrai parcours du combattant.
2.2.4. Exclusion des rouages de l’Etat et de l’échiquier international
Cette situation de violations des droits de l’homme est accentuée par la révocation des fonctionnaires négro-mauritaniens, ce qui explique leur absence actuelle dans toutes les administrations. C’est également ainsi que le nombre de wali et hakem ne dépasse plus respectivement deux sur treize et moins de dix sur cinquante trois dans le pays. Le cas est encore plus flagrant chez les femmes dans le quota de la nouvelle politique de participation aux postes de responsabilité (ministres, wali, hakem, ambassadrices, etc.).Dans le domaine de nos relations avec le Monde Extérieur rien n’a été épargné pour montrer qu’en Mauritanie il n’ y a que des Arabes : Sur les 53 pays que compte l’Afrique, la Mauritanie n’est représentée que dans cinq pays et par des Arabes, quant au même moment, elle est représentée dans tous les pays arabes et même en Israél. Dans le reste du Monde il n’y a pas plus de trois!
Est-ce réellement cela le vrai visage de la Mauritanie, notre pays commun? Honnêtement nous ne le pensons pas!
2.2.5. Découpage administratif et communal
Le découpage administratif par lequel l’Etat fixe le nombre de départements et le quota des parlementaires, ne prend pas en compte l’importance démographique des moughataa. C’est ainsi que le manque de proportionnelle intégrale pour déterminer le nombre de parlementaires par rapport à la population, a créé des faveurs pour une plus grande représentativité des localités désertiques inhabitées, au détriment des zones rurales à forte densité démographique.
A titre d’exemple, le Guidimakha, quatre à cinq fois plus peuplé que l’Adrar ne compte que deux préfectures contre quatre en Adrar et le nombre de députés et de sénateurs est de cinq et deux pour le Guidimakha contre cinq et quatre pour l’Adrar.
2.2.6. Exclusion économique
Malgré l’importance du potentiel agricole et d’élevage, les régions du Sud restent jusqu’ici enclavées et marquées par une absence de projets de développement à la base.
L’exclusion de ces régions de la politique de développement économique se manifeste par:
• L’absence d’infrastructures de désenclavement des zones de production et de liaisons entre les moughataa;
• La non généralisation de l’électrification et de l’accès à l’eau potable;
• La déforestation accentuée au sud par l’effet des coupes d’arbres pour le charbon de bois pour le compte d’hommes d’affaires au détriment même des autochtones;
• L’expropriation des terres de culture
• Le refus d’appliquer correctement la loi sur le code agro- pastoral pour protéger les paysans contre la divagation des animaux (chameaux, surtout) dans les zones de cultures sous pluie et de décrues ravageant impunément leur récolte .L’affectation des autorités dans ces régions s’est souvent faite à dessein (wali, hakem, commandants de brigade, autorités judiciaires, souvent de la même tribu ou proches des propriétaires des troupeaux de chameaux en divagation).
• La dégradation dangereuse de l’environnement dans l’insouciance totale de l’Etat.
• Le blocage des initiatives négro mauritaniennes visant la création d’institutions de financement (fonds de développement agricole pour la mise en valeur des terres)
• La politique de privatisation et bu de création de banques, de sociétés d’assurance, d’industrie, de commerce et de services ayant largement contribué à réduire les possibilités de développement du Sud mauritanien, les repreneurs de celles-ci étant exclusivement de la seule ethnie arabe et dont la conséquence fut:
— la difficulté d’obtention de crédits.
— l’exode rural vers les grands centres urbains, l’émigration et même clandestine exposant nos concitoyens à la mort, la fuite sans précédent des cerveaux hors du territoire national;
Au demeurant il faut noter que l’exclusion sous toutes ses formes ne concerne pas seulement les négros africains .Elle est peut-être même plus exacerbée chez nos frères harratines qui croupissent encore sous le poids de l’esclavage, ce fléau honni et anachronique d’un autre âge qui n ‘est pas entretenu seulement par l’ethnie arabe blanche. Ses séquelles sont encore très observables dans les autres composantes nationales. Nous devons donc, tous ensemble, le combattre dans toutes ses manifestations quotidiennes.
2.2.7. Exclusion socio-culturelle:
Dans la politique d’exclusion culturelle, les émissions de la TVM et de la Radio Mauritanie ne consacrent aux composantes de culture nègre (Pulaar, Sooninké, Wolof) que trois heures d’antennes par jour.
En outre, la TVM fait tout pour faire disparaître la présence négromauritanienne sur les écrans, jusque dans les meetings populaires et même dans les régions où la population noire est dominante.
Les compatriotes harratines ne doivent leur salut que par le fait qu’ils parlent la même langue que les tenants du pouvoir du moment.
TROISIEME PARTIE: RECOMMANDATIONS
3.1. Règlement du problème culturel
La Mauritanie est un pays biracial, multinational et multilingue. Le respect et la promotion de la diversité culturelle doivent être le fondement de notre politique culturelle.
Une reformulation correcte du système éducatif doit tendre vers la promotion et l’enseignement de toutes les langues nationales par la réouverture immédiate de l’institut des Langues Nationales et la mise à sa disposition d’outils et moyens nécessaires pour l’accomplissement correcte de sa mission.
Est-il besoin de rappeler que la première richesse d’un pays est avant tout son potentiel humain (surtout intellectuel scientifique et technique) et que celui-ci ne s’acquiert qu’à l’école?
Que l’école mauritanienne, au lieu d’unir ses enfants et de créer cette richesse, n’a fait, depuis la mise en place de ses multiples réformes initiées sur le seul critère du chauvinisme d’Etat, entretenu par la volonté des courants idéologiques anachroniques, que les diviser et retarder. Et comme l’ont si bien compris nos frères arabes, l’enfant ne peut s’épanouir que dans sa langue maternelle. Refuser donc ce droit élémentaire aux enfants négro mauritaniens d’accéder aux connaissances universelles relève d’une logique, on ne peut plus incompréhensible.
Aussi peut-on vivre ensemble sans se communiquer, ou en vase clos sans le monde extérieur? D’où, l’impérieuse nécessité d’avoir une ou des langues de communication entre nos composantes nationales que sont les arabes, les haalpulaaren, les Sooninke et les Wolof.
En conséquence, le maintien de l’arabe comme langue officielle et du français comme langue de travail et d’ouverture s’impose comme compromis politique entre toutes les composantes nationales et déjà accepté à la création de l’Etat Mauritanien.
L’option de l’officialisation des langues Pulaar, Sooninke, ouolof doit être inscrite dans la constitution dans la perspective de leur utilisation comme langue de communication et de travail.
3.2. Réparations des conséquences de la déportation
• Poursuivre les opérations de rapatriement des déportés entamées le 28 Janvier 2008, conformément à l’esprit du rapport de synthèse des journées nationales de concertation de novembre 2007 et de l’accord tripartite entre la Mauritanie, le Sénégal et le HCR.
• Impliquer les déportés (ceux déjà revenus et les réfugiés) dans les structures d’appui de rapatriement, dans les commissions désignées à cet effet (Commission Nationale d’Orientation et de Concertation, Commission Nationale d’identification, Commission Régionale, Départementale et Locale des sages) et dans le Conseil d’Administration de I’ANAIR,
• Procéder à l’indemnisation des éleveurs, à la restitution des terres des cultivateurs, à la réintégration des fonctionnaires et/ou à leur réinsertion et aux réparations pour les torts subis.
• Elaborer un accord tripartite entre la Mauritanie, le Mali et le HCR pour le rapatriement de nos compatriotes au Mali.
3.3. Résolution du problème des exécutions extraludiciaires et des victimes d’exactions (Passif humanitaire et violation des Droits de l’homme)
Les mauritaniens ont besoin de se réconcilier. L’armée Nationale a elle aussi besoin de se débarrasser de l’épine qu’elle traîne dans les pieds par la seule faute de certains éléments eux-mêmes contraints par des chefs irresponsables.
Pour ce faire, il y a lieu de:
• Procéder à la mise en place d’une commission nationale indépendante dotée d’une autonomie financière pour le règlement du passif humanitaire.
• Respecter les devoirs reconnus par les nations unies de vérité, justice, réparations, mémoire et réconciliation.
• impliquer les ayant droits et les victimes d’exactions dans tout processus de règlement.
3.4. Solution des problèmes de l’Etat civil
Lever toute forme d’obstruction à l’établissement de l’état civil à tous les citoyens mauritaniens sans exclusive, en particulier à ceux qui en étaient dessaisis au moment de la déportation et à leurs enfants.
3.5. Mettre fin à l’exclusion aux postes de responsabilité
Consacrer l’égalité en droit comme en devoir dans tous les rouages de l’état, le seul critère devant prévaloir étant celui de la compétence, de l’intégrité morale, du mérite, du dévouement à la cause nationale.
Créer et institutionnaliser un poste de vice-présidence de la République qui ne peut être détenu que par un mauritanien d’ethnie différente de celle du Président de la République. Le Vice Président doit être investi de prérogatives réelles .Le Président et le vice- Président sont colistiers et élus au suffrage universel direct.
Mettre fin à la discrimination dans les recrutements de la fonction publique, et particulièrement dans les corps constitués: armée nationale, gendarmerie nationale, garde nationale, douane, police, et dans tous les concours nationaux, notamment ceux de l’ENA.
Mettre fin à tout privilège et monopole dans les nominations aux postes techniques.
3.6. Révision du découpage administratif et communal
Pour plus d’équité:
• revoir le découpage administratif et communal, en tenant compte des critères objectifs tels que le poids démographique, l’espace vital, la communauté d’intérêt et la cohésion communautaire.
• instaurer la proportionnelle intégrale pour l’élection des parlementaires (députés et sénateurs),
• réinstaurer les conseils régionaux afin d’avoir un pouvoir de contrôle sur l’administration territoriale.
3.7. Arrêt des mesures d’exclusion économique
• Tenir compte du déficit de développement du sud dans le cadre de l’affectation des projets et programmes de développement
• Instaurer une politique équitable et non discriminatoire pour la mise en place d’infrastructures pour l’accès à l’eau potable et à l’électrification rurale.
• Lutter contre la désertification par l’arrêt systématique de la déforestation du sud et du sud-est. et promouvoir l’utilisation du gaz butane.
• Pour préserver l’environnement, promouvoir une nouvelle politique d’élevage et de reboisement à grande échelle, de construction de barrages et de retenues d’eau pour lutter contre les érosions et la dégradation des sols
• Appliquer correctement et intégralement la loi sur le code agropastoral et le code de l’environnement
• Initier une politique bancaire et d’assurance interdisant aux banquiers d’aller au-delà de leurs missions primaires.
• Lever les blocages pour la création d’institutions de financement pour le développement agricole du Sud en mettant fin au monopole de I’UNCACEM.
3.8. Révision et revalorisation de la politique socio-culturelle
• Faire l’inventaire de tout le patrimoine culturel et artistique mauritanien,
• Permettre l’accès équitable aux média d’état dans le respect de la diversité culturelle.
• Promouvoir les activités sportives en dehors de toutes considérations autres que l’aptitude, l’amour, le dévouement et la recherche de la performance.
CONCLUSION
Tous les mauritaniens sont des frères par le sang, par la religion et par la communauté de destin. Dans ce pays de plus d’un million de km2, il y a de la place pour tous ses fils et filles.
Nous avons également plus de 100.000 hectares de bonnes terres arables aptes à toutes les cultures céréalières de grande consommation (riz, mil, blé et mais), légumières et fruitières sans compter les terres de cultures sous- pluies, derrière barrages et dans les oasis.
Si donc la loi pour la réorganisation domaniale et foncière fixée par l’ordonnance 83/127 du 05 juin 1983 était bien expliquée pour être bien comprise, sans esprit partisan et sans contrainte, les agriculteurs de ce pays (paysans traditionnels et hommes d’affaires) peuvent être tous satisfaits au grand bonheur de notre autosuffisance et sécurité alimentaires.
L’Etat mauritanien doit être un Etat fort, moderne et égalitaire au service exclusif de tous ces fils et filles sans discrimination, luttant contre les privilèges indus et les monopoles, ce qui passe par la mise en place d’un système et appareil judiciaires performants et démocratiques.
Le socle de l’unité nationale doit reposer nécessairement sur le partage du pouvoir à tous les niveaux (politique, économique, socioculturel).
L’école doit être ce creuset du savoir pour concourir au développement économique du pays et les langues - moyens de communication, sans lesquels, il ne peut y avoir de nation. Ce sont donc des facteurs indispensables pour la consolidation de notre unité nationale.
Les forces armées et de sécurité doivent être nationales (c’est à dire, constituées de toutes les composantes nationales), républicaines et orientées vers leur mission primaire: défendre la patrie et garantir l’intégrité territoriale.
Notre diplomatie doit refléter notre position géopolitique et stratégique et jouer pleinement son rôle de trait d’union entre l’Afrique noire et l’Afrique blanche, être un vecteur d’intégration sous régionale et écrire en lettre d’or le nom de notre chère patrie dans le concert des grandes nations.
Pour une Mauritanie unie, égalitaire, démocratique et prospère.
Fait à Nouakchott, le 25 décembre 2008
Contact:
Siège Ilot M chez M. Gagny Diawara Tel : 641 15 1 7 / 633 43 05 — Nouakchott
Email : cnmc2008@gmail.com
Commission de suivi:
Dr. Dramane KAMARA Président 205 70 06 / 630 85 38 / 649 59 88
Dr. Toumbo MBAYE Membre 644 79 49
Mamadou SY dit Membre 692 22 59
Saghirou
Aliou Mamadou AW Membre 640 11 14
Moussa SY Membre 643 17 20
Adama ANNE Membre 6722694
Mamadou KANE Membre 641 40 71
(Rappel historique)
Les résolutions issues du Congrès d’Aleg de mai 1958 avaient consacré le caractère biracial de la Mauritanie, zone de confluence de civilisations africaines et arabes.
Cette terre a connu l’apogée de grands empires dans lesquels les différentes composantes nationales ont coexisté dans l’harmonie, parfois en rapport de domination réciproque, dompté par les valeurs islamiques et la sagesse africaine légendaire.
De grandes figures nationalistes de toutes nos composantes ont collaboré pour se défendre de la pénétration coloniale et accompagner la naissance de notre pays, attesté comme trait d’union des deux mondes d’Afrique noire et blanche, que le père fondateur de la nation définissait comme le noir et le blanc de l’oeil, caractère adulé des premiers responsables de l’indépendance.
Le statut du français, héritage de la colonisation comme langue officielle, la promotion des valeurs de la diversité culturelle et du respect mutuel des différentes communautés, étaient tant de facteurs de consolidation de ((l’unité nationale » et du pacte d’engagement volontariste pour l’édification d’une nation indépendante.
La quête de la reconnaissance internationale par la Mauritanie a été décriée par les nations Arabes à l’exception de la Tunisie en compagnie des Etats de l’Afrique noire.
Mais, la création de la ligue arabe, l’adhésion de la Mauritanie en son sein, la naissance des idéologies nationalistes panarabes et la recherche de financements des pétrodollars, ont constitué autant d’éléments pour la réorientation politique et stratégique de notre pays. C’est alors que le congrès du Parti du Peuple Mauritanien (PPM) de 1966 à Nouakchott a opté pour l’arabité de la Mauritanie, remettant en cause le caractère biracial et multiculturel du pays, ce qui provoqua des émeutes interethniques mais plus ou moins intelligemment gérées en leur temps.
Ainsi, la première réforme de l’éducation en 1969, rendant obligatoire l’enseignement de la langue arabe, fût perçue par l’intelligentsia négro mauritanienne comme une menace à l’égalité de chances entre les enfants d’une même nation.
Par la suite, les réformes du système éducatif de 1971 et 1979 sont venues consolider les acquis de cette langue dont le coefficient trop élevé aux examens d’entrée en sixième, au brevet et au baccalauréat n’a fait que réduire d’avantage les chances d’admission des élèves négro mauritaniens.
Les protestations face à cette dernière mesure ont suscité la création de l’institut des langues nationales (ILN) qui n’a survécu que pour une phase expérimentale de 1 980 à 1999 pourtant très réussie comme test mais vite abandonnée et pour cause?
L’avancée spectaculaire de la promotion de l’enseignement de la langue arabe a eu pour conséquences:
• Le rétrécissement de la place du français comme méthode d’exclusion des cadres francisants (en majorité d’origine négro mauritanienne) des sphères de l’Etat,
• l’étouffement volontaire et programmé de l’expérimentation de l’enseignement des langues nationales par l’arrêt de sa généralisation à l’enseignement secondaire, violant ainsi le décret 79.348/ PG/MEFS du 10/12/1979 créant l’ILN.
• et un ensemble d’autres décisions qui ont créé deux écoles séparées pour les enfants mauritaniens, une arabe (sans choix pour les arabophones) et une bilingue que ne pouvaient choisir que les enfants négro-mauritaniens.
La loi pour la réorganisation domaniale et foncière fixée par l’ordonnance 83/127 du 05 juin 1 983 a été sciemment mal exécutée par les administrateurs en fonction dans les régions du sud. Ces derniers opéraient massivement et abusivement des expropriations de propriétés des collectivités négro mauritaniennes au nom de la notion de terre morte (indirass) sans consultation ni information préalables des populations autochtones qui y revendiquent des droits.
L’ordonnance 83/127 du 05juin 1983, bien qu’abolissant la tenure foncière collective traditionnelle reconnaît cependant la propriété privée et les différentes attributions officielles antérieures, constituées par le régime issu de I’AOF.
La gestion unilatérale et inique de cette question par une administration quasi arabe soutenant un climat conflictuel permanent dans la vallée entre les nouveaux venus ( appuyés par les autorités administratives Arabes) et les populations autochtones négro mauritaniennes, sont entre autres, les causes des tragiques et douloureux événements des années quatre vingt et quatre vingt dix et qui ont pour noms: déportation, exécutions extrajudiciaires et violations massives des droits de l’homme.
Et l’on retiendra qu’au même moment où la Mauritanie persiste à faire vivre vaille que vaille une Union du Maghreb Arabe (U MA) chancelante par ses contradictions et conflits internes, le régime en place à l’époque prend unilatéralement et contre toute logique la décision du retrait de la Mauritanie de la CEDEAO, pourtant reconnue comme outil d’intégration économique sous-régional et espace d’échanges naturels pour notre pays.
Pour corroborer ces acquis de politique antinationale le Pouvoir de l’époque mit en place un système et appareil judiciaires des plus racistes et décriés des temps modernes. La justice fut arabisée et ne laisse désormais aucune chance aux non-arabes de connaître leur chef d’inculpation encore moins de pouvoir s’expliquer et se défendre. Les avocats négro-mauritaniens sont mis au chômage ou contraints de s’expatrier. Sur l’ensemble du territoire national, il n’y a de nos jours aucun négro-mauritanien à la tête d’une structure judiciaire.
DEUXIEME PARTIE: LES CONSEQUENCES DE LA MAUVAISE COHABITATION OU LA POLITIQUE DE (DENEGRO-MAURITANISATION)
2.1. Définition de la cohabitation
Cohabiter, selon le Larousse, signifie exister ou vivre ensemble sous le même toit ou sur le même territoire. La cohabitation peut être pacifique si les règles du jeu de vivre ensemble sont bien définies et bien acceptées par les parties en présence, dans les cas contraires, elle est conflictuelle aux conséquences imprévisibles.
En Mauritanie, nos premiers leaders politiques préoccupés tantôt par des problèmes d’indépendance par rapport à la France coloniale, tantôt par des revendications expansionnistes de nos voisins (Maroc — Sénégal — Mali) ont ménagé la chèvre et le choux.
Les rapports de cohabitation sont donc allés en dents de scie et ont souvent abouti à des situations conflictuelles comme l’ont attesté les événements douloureux de 1966,1986 ,1987 puis de 1989 à 1992, causant une fracture sociale assez profonde et dont les plaies sont encore béantes au sein de toutes les communautés nationales.
La cohabitation entre groupes d’appartenances communautaires différentes, n’existe pas seulement en Mauritanie. Elle peut revêtir plusieurs formes : raciale, ethnique, ou tribale dans notre cas, religieuse ou idéologique sous d’autres cieux. Certains l’ont résolue intelligemment par consensus et d’autres par la violence mais temporairement.
Nous suggérons la voie pacifique et intelligente qui passe par des solutions de compromis et de partage dans l’équité et la justice. Et nous nous réjouissons de pouvoir l’exprimer de façon ouverte et solennelle pour écarter à tous égards des présomptions négatives et nuisibles à l’unité nationale.
2.2. Conséquences de la mauvaise cohabitation
Les faits regrettables énumérés ci-dessous, survenus en Mauritanie pendant les années 1966 puis 1986, 1987, 1989, 1990, 1991, et 1992 sont les conséquences de la mauvaise cohabitation en Mauritanie.
2.2.1. La Déportation
Un problème tout à fait banal entre négro-africains (éleveurs peulhs et agriculteurs Sooninke) des rives du fleuve Sénégal a provoqué un incident sans précédent entre la Mauritanie et le Sénégal. Les ressortissants des deux pays frères par l’aide des pays amis sont rapatriés dans leur pays respectif par pont aérien.
N’eussent été les contradictions latentes intercommunautaires et un climat de suspicions infondé fortement entretenu par les différents courants politiques et idéologiques, appuyés par le régime d’alors, cet incident donc banal n’aurait pas entraîné la Mauritanie dans la situation de crise profonde que nous avons vécue et qui s’est caractérisée par:
• Déportation massive des populations négro mauritaniennes;
• Destructions de villages entiers
• Confiscation des biens (terres, bétails, bijoux, argent, etc.)
• Récupération des sites et/ou rebaptisation,
L’intérieur du pays profond n’a pas été épargné par ces évènements. Eleveurs et fonctionnaires ont été dénoncés par leurs voisins et collègues, appuyés par la police politique dans l’optique de la «dénégromauritanisation » de l’espace, de l’administration centrale mais territoriale surtout.
2.2.2. Exécutions extrajudiciaires
Un climat de terreur a régné dans la vallée à partir de 1989. Certains éléments des forces armées et de sécurité et des hordes de razzieurs encadrées et organisées par les premières se sont attaqués aux populations innocentes, matant toute tentative de résistance à l’arbitraire. Ainsi, l’Etat de siège fut décrété dans tout le Sud sous lequel des femmes ont été violées, beaucoup de disparus signalés, des charniers et fosses communes découverts. Et le paroxysme fut atteint lorsque dans l’armée des arrestations de militaires négro-mauritaniens sont opérées à partir du milieu de l’année 1990, suivies de tortures et de liquidations systématiques extrajudiciaires et comme tout cela ne suffisait pas, une loi d’amnistie scélérate a été promulguée en juin 1993 pour absoudre ces crimes et forfaits et rendre irrecevable toute plainte.
2.2.3. Difficultés d’établissement d’actes d’état civil
Ces évènements ont créé un délit d’apostat collectif des négro-mauritaniens, accusés d’étrangers ou traités comme tels. L’obtention des papiers d’état civil (détruits à dessein pour certains et encore inexistants pour d’autres) devient un vrai parcours du combattant.
2.2.4. Exclusion des rouages de l’Etat et de l’échiquier international
Cette situation de violations des droits de l’homme est accentuée par la révocation des fonctionnaires négro-mauritaniens, ce qui explique leur absence actuelle dans toutes les administrations. C’est également ainsi que le nombre de wali et hakem ne dépasse plus respectivement deux sur treize et moins de dix sur cinquante trois dans le pays. Le cas est encore plus flagrant chez les femmes dans le quota de la nouvelle politique de participation aux postes de responsabilité (ministres, wali, hakem, ambassadrices, etc.).Dans le domaine de nos relations avec le Monde Extérieur rien n’a été épargné pour montrer qu’en Mauritanie il n’ y a que des Arabes : Sur les 53 pays que compte l’Afrique, la Mauritanie n’est représentée que dans cinq pays et par des Arabes, quant au même moment, elle est représentée dans tous les pays arabes et même en Israél. Dans le reste du Monde il n’y a pas plus de trois!
Est-ce réellement cela le vrai visage de la Mauritanie, notre pays commun? Honnêtement nous ne le pensons pas!
2.2.5. Découpage administratif et communal
Le découpage administratif par lequel l’Etat fixe le nombre de départements et le quota des parlementaires, ne prend pas en compte l’importance démographique des moughataa. C’est ainsi que le manque de proportionnelle intégrale pour déterminer le nombre de parlementaires par rapport à la population, a créé des faveurs pour une plus grande représentativité des localités désertiques inhabitées, au détriment des zones rurales à forte densité démographique.
A titre d’exemple, le Guidimakha, quatre à cinq fois plus peuplé que l’Adrar ne compte que deux préfectures contre quatre en Adrar et le nombre de députés et de sénateurs est de cinq et deux pour le Guidimakha contre cinq et quatre pour l’Adrar.
2.2.6. Exclusion économique
Malgré l’importance du potentiel agricole et d’élevage, les régions du Sud restent jusqu’ici enclavées et marquées par une absence de projets de développement à la base.
L’exclusion de ces régions de la politique de développement économique se manifeste par:
• L’absence d’infrastructures de désenclavement des zones de production et de liaisons entre les moughataa;
• La non généralisation de l’électrification et de l’accès à l’eau potable;
• La déforestation accentuée au sud par l’effet des coupes d’arbres pour le charbon de bois pour le compte d’hommes d’affaires au détriment même des autochtones;
• L’expropriation des terres de culture
• Le refus d’appliquer correctement la loi sur le code agro- pastoral pour protéger les paysans contre la divagation des animaux (chameaux, surtout) dans les zones de cultures sous pluie et de décrues ravageant impunément leur récolte .L’affectation des autorités dans ces régions s’est souvent faite à dessein (wali, hakem, commandants de brigade, autorités judiciaires, souvent de la même tribu ou proches des propriétaires des troupeaux de chameaux en divagation).
• La dégradation dangereuse de l’environnement dans l’insouciance totale de l’Etat.
• Le blocage des initiatives négro mauritaniennes visant la création d’institutions de financement (fonds de développement agricole pour la mise en valeur des terres)
• La politique de privatisation et bu de création de banques, de sociétés d’assurance, d’industrie, de commerce et de services ayant largement contribué à réduire les possibilités de développement du Sud mauritanien, les repreneurs de celles-ci étant exclusivement de la seule ethnie arabe et dont la conséquence fut:
— la difficulté d’obtention de crédits.
— l’exode rural vers les grands centres urbains, l’émigration et même clandestine exposant nos concitoyens à la mort, la fuite sans précédent des cerveaux hors du territoire national;
Au demeurant il faut noter que l’exclusion sous toutes ses formes ne concerne pas seulement les négros africains .Elle est peut-être même plus exacerbée chez nos frères harratines qui croupissent encore sous le poids de l’esclavage, ce fléau honni et anachronique d’un autre âge qui n ‘est pas entretenu seulement par l’ethnie arabe blanche. Ses séquelles sont encore très observables dans les autres composantes nationales. Nous devons donc, tous ensemble, le combattre dans toutes ses manifestations quotidiennes.
2.2.7. Exclusion socio-culturelle:
Dans la politique d’exclusion culturelle, les émissions de la TVM et de la Radio Mauritanie ne consacrent aux composantes de culture nègre (Pulaar, Sooninké, Wolof) que trois heures d’antennes par jour.
En outre, la TVM fait tout pour faire disparaître la présence négromauritanienne sur les écrans, jusque dans les meetings populaires et même dans les régions où la population noire est dominante.
Les compatriotes harratines ne doivent leur salut que par le fait qu’ils parlent la même langue que les tenants du pouvoir du moment.
TROISIEME PARTIE: RECOMMANDATIONS
3.1. Règlement du problème culturel
La Mauritanie est un pays biracial, multinational et multilingue. Le respect et la promotion de la diversité culturelle doivent être le fondement de notre politique culturelle.
Une reformulation correcte du système éducatif doit tendre vers la promotion et l’enseignement de toutes les langues nationales par la réouverture immédiate de l’institut des Langues Nationales et la mise à sa disposition d’outils et moyens nécessaires pour l’accomplissement correcte de sa mission.
Est-il besoin de rappeler que la première richesse d’un pays est avant tout son potentiel humain (surtout intellectuel scientifique et technique) et que celui-ci ne s’acquiert qu’à l’école?
Que l’école mauritanienne, au lieu d’unir ses enfants et de créer cette richesse, n’a fait, depuis la mise en place de ses multiples réformes initiées sur le seul critère du chauvinisme d’Etat, entretenu par la volonté des courants idéologiques anachroniques, que les diviser et retarder. Et comme l’ont si bien compris nos frères arabes, l’enfant ne peut s’épanouir que dans sa langue maternelle. Refuser donc ce droit élémentaire aux enfants négro mauritaniens d’accéder aux connaissances universelles relève d’une logique, on ne peut plus incompréhensible.
Aussi peut-on vivre ensemble sans se communiquer, ou en vase clos sans le monde extérieur? D’où, l’impérieuse nécessité d’avoir une ou des langues de communication entre nos composantes nationales que sont les arabes, les haalpulaaren, les Sooninke et les Wolof.
En conséquence, le maintien de l’arabe comme langue officielle et du français comme langue de travail et d’ouverture s’impose comme compromis politique entre toutes les composantes nationales et déjà accepté à la création de l’Etat Mauritanien.
L’option de l’officialisation des langues Pulaar, Sooninke, ouolof doit être inscrite dans la constitution dans la perspective de leur utilisation comme langue de communication et de travail.
3.2. Réparations des conséquences de la déportation
• Poursuivre les opérations de rapatriement des déportés entamées le 28 Janvier 2008, conformément à l’esprit du rapport de synthèse des journées nationales de concertation de novembre 2007 et de l’accord tripartite entre la Mauritanie, le Sénégal et le HCR.
• Impliquer les déportés (ceux déjà revenus et les réfugiés) dans les structures d’appui de rapatriement, dans les commissions désignées à cet effet (Commission Nationale d’Orientation et de Concertation, Commission Nationale d’identification, Commission Régionale, Départementale et Locale des sages) et dans le Conseil d’Administration de I’ANAIR,
• Procéder à l’indemnisation des éleveurs, à la restitution des terres des cultivateurs, à la réintégration des fonctionnaires et/ou à leur réinsertion et aux réparations pour les torts subis.
• Elaborer un accord tripartite entre la Mauritanie, le Mali et le HCR pour le rapatriement de nos compatriotes au Mali.
3.3. Résolution du problème des exécutions extraludiciaires et des victimes d’exactions (Passif humanitaire et violation des Droits de l’homme)
Les mauritaniens ont besoin de se réconcilier. L’armée Nationale a elle aussi besoin de se débarrasser de l’épine qu’elle traîne dans les pieds par la seule faute de certains éléments eux-mêmes contraints par des chefs irresponsables.
Pour ce faire, il y a lieu de:
• Procéder à la mise en place d’une commission nationale indépendante dotée d’une autonomie financière pour le règlement du passif humanitaire.
• Respecter les devoirs reconnus par les nations unies de vérité, justice, réparations, mémoire et réconciliation.
• impliquer les ayant droits et les victimes d’exactions dans tout processus de règlement.
3.4. Solution des problèmes de l’Etat civil
Lever toute forme d’obstruction à l’établissement de l’état civil à tous les citoyens mauritaniens sans exclusive, en particulier à ceux qui en étaient dessaisis au moment de la déportation et à leurs enfants.
3.5. Mettre fin à l’exclusion aux postes de responsabilité
Consacrer l’égalité en droit comme en devoir dans tous les rouages de l’état, le seul critère devant prévaloir étant celui de la compétence, de l’intégrité morale, du mérite, du dévouement à la cause nationale.
Créer et institutionnaliser un poste de vice-présidence de la République qui ne peut être détenu que par un mauritanien d’ethnie différente de celle du Président de la République. Le Vice Président doit être investi de prérogatives réelles .Le Président et le vice- Président sont colistiers et élus au suffrage universel direct.
Mettre fin à la discrimination dans les recrutements de la fonction publique, et particulièrement dans les corps constitués: armée nationale, gendarmerie nationale, garde nationale, douane, police, et dans tous les concours nationaux, notamment ceux de l’ENA.
Mettre fin à tout privilège et monopole dans les nominations aux postes techniques.
3.6. Révision du découpage administratif et communal
Pour plus d’équité:
• revoir le découpage administratif et communal, en tenant compte des critères objectifs tels que le poids démographique, l’espace vital, la communauté d’intérêt et la cohésion communautaire.
• instaurer la proportionnelle intégrale pour l’élection des parlementaires (députés et sénateurs),
• réinstaurer les conseils régionaux afin d’avoir un pouvoir de contrôle sur l’administration territoriale.
3.7. Arrêt des mesures d’exclusion économique
• Tenir compte du déficit de développement du sud dans le cadre de l’affectation des projets et programmes de développement
• Instaurer une politique équitable et non discriminatoire pour la mise en place d’infrastructures pour l’accès à l’eau potable et à l’électrification rurale.
• Lutter contre la désertification par l’arrêt systématique de la déforestation du sud et du sud-est. et promouvoir l’utilisation du gaz butane.
• Pour préserver l’environnement, promouvoir une nouvelle politique d’élevage et de reboisement à grande échelle, de construction de barrages et de retenues d’eau pour lutter contre les érosions et la dégradation des sols
• Appliquer correctement et intégralement la loi sur le code agropastoral et le code de l’environnement
• Initier une politique bancaire et d’assurance interdisant aux banquiers d’aller au-delà de leurs missions primaires.
• Lever les blocages pour la création d’institutions de financement pour le développement agricole du Sud en mettant fin au monopole de I’UNCACEM.
3.8. Révision et revalorisation de la politique socio-culturelle
• Faire l’inventaire de tout le patrimoine culturel et artistique mauritanien,
• Permettre l’accès équitable aux média d’état dans le respect de la diversité culturelle.
• Promouvoir les activités sportives en dehors de toutes considérations autres que l’aptitude, l’amour, le dévouement et la recherche de la performance.
CONCLUSION
Tous les mauritaniens sont des frères par le sang, par la religion et par la communauté de destin. Dans ce pays de plus d’un million de km2, il y a de la place pour tous ses fils et filles.
Nous avons également plus de 100.000 hectares de bonnes terres arables aptes à toutes les cultures céréalières de grande consommation (riz, mil, blé et mais), légumières et fruitières sans compter les terres de cultures sous- pluies, derrière barrages et dans les oasis.
Si donc la loi pour la réorganisation domaniale et foncière fixée par l’ordonnance 83/127 du 05 juin 1983 était bien expliquée pour être bien comprise, sans esprit partisan et sans contrainte, les agriculteurs de ce pays (paysans traditionnels et hommes d’affaires) peuvent être tous satisfaits au grand bonheur de notre autosuffisance et sécurité alimentaires.
L’Etat mauritanien doit être un Etat fort, moderne et égalitaire au service exclusif de tous ces fils et filles sans discrimination, luttant contre les privilèges indus et les monopoles, ce qui passe par la mise en place d’un système et appareil judiciaires performants et démocratiques.
Le socle de l’unité nationale doit reposer nécessairement sur le partage du pouvoir à tous les niveaux (politique, économique, socioculturel).
L’école doit être ce creuset du savoir pour concourir au développement économique du pays et les langues - moyens de communication, sans lesquels, il ne peut y avoir de nation. Ce sont donc des facteurs indispensables pour la consolidation de notre unité nationale.
Les forces armées et de sécurité doivent être nationales (c’est à dire, constituées de toutes les composantes nationales), républicaines et orientées vers leur mission primaire: défendre la patrie et garantir l’intégrité territoriale.
Notre diplomatie doit refléter notre position géopolitique et stratégique et jouer pleinement son rôle de trait d’union entre l’Afrique noire et l’Afrique blanche, être un vecteur d’intégration sous régionale et écrire en lettre d’or le nom de notre chère patrie dans le concert des grandes nations.
Pour une Mauritanie unie, égalitaire, démocratique et prospère.
Fait à Nouakchott, le 25 décembre 2008
Contact:
Siège Ilot M chez M. Gagny Diawara Tel : 641 15 1 7 / 633 43 05 — Nouakchott
Email : cnmc2008@gmail.com
Commission de suivi:
Dr. Dramane KAMARA Président 205 70 06 / 630 85 38 / 649 59 88
Dr. Toumbo MBAYE Membre 644 79 49
Mamadou SY dit Membre 692 22 59
Saghirou
Aliou Mamadou AW Membre 640 11 14
Moussa SY Membre 643 17 20
Adama ANNE Membre 6722694
Mamadou KANE Membre 641 40 71