Dans une interview accordée à l'hebdomadaire Jeune Afrique, paru ce 22 janvier, le Président de la Commission Exécutive de l'Union Africaine, Monsieur Jean Ping, réitère sa plus vive préoccupation quant aux conséquences du Coup d'Etat du Général Ould Abdel Aziz sur la prolifération de ce mode de transmission du pouvoir sur le Continent africain. "Les auteurs du coup d’État de Nouakchott veulent confisquer la démocratie – et pour longtemps" dira-t-il. Aux mêmes moments, la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH), publiait un mémorandum, à l'occasion de la tenue du 12ème Sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l'Union Africaine dans lequel elle demande d' "Appliquer les sanctions mentionnées par le Conseil de paix et de sécurité dans le communiqué en date du 22 décembre si la Mauritanie ne répond pas ses injonctions avant le 5 février 2009 (PSC/MIN/Comm.3(CLXIII))".
Il convient de rappeler que l'Union Africaine tient sont sommet la semaine prochaine du 26 janvier au 3 février. Parallèlement à ce sommet, se tiendra à Addis Abéba, une réunion de consultation entre l'ensemble des partenaires de la Mauritanie à savoir l'Union Européenne, l'Union Africaine, l'Organisation Internationale pour la Francophonie, la Ligue Arabe, l'Organisation de la Conférence Islamique, l'ONU et les Etats Unis. Il s'agit de faire le point sur la crise et envisager les mesures appropriées à prendre pour rétablir la légalité constitutionnelle en Mauritanie.
L'Union Africaine, qui est le chef d'orchestre désigné par la Communauté Internationale pour traiter la crise mauritanienne, menace les auteurs du Putsch et notamment le chef de file Ould Abdel Aziz, de sanctions ciblées si l'ordre institutionnel n'était pas rétabli avant le 5 février. Ces sanctions seront transmises au Conseil de Sécurité des Nations Unies pour leur conférer un caractère universel.
En guise de rétablissement de l'ordre constitutionnel, la Junte a décidé de présenter son chef à des élections présidentielles qu'elle compte organiser en juin. En plus la Junte multiplie les provocations et les humiliations adressées au Président de la République qu'elle est censée avoir libéré le 23 décembre dernier. Le Président a été empêché de rentrer à Nouakchott le jeudi dernier et est toujours privé de passeport.
Voici l'extrait de l'interview du Président de la Commision:
(...)
Deux coups d’État militaires depuis le dernier sommet de l’UA, n’est-ce pas inquiétant ?
Si, bien sûr. En six mois, il y en a même eu presque trois. Deux réussis, en Mauritanie et en Guinée. Et un raté, en Guinée-Bissau. C’est dramatique et c’est la raison pour laquelle nous avons exclu la Guinée des activités de l’Union jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel. Mais les putschistes de Conakry promettent d’organiser très vite des élections auxquelles ils ne participeront pas. Après les condamnations d’usage, il est donc normal que nous aidions les Guinéens à sortir de la crise.
En Mauritanie, la junte a l’intention de présenter l’un de ses membres à l’élection présidentielle du mois de mai. N’est-ce pas encore plus préoccupant qu’en Guinée ?
Si, c’est bien plus préoccupant, il n’y a pas de comparaison. Les auteurs du coup d’État de Nouakchott veulent confisquer la démocratie – et pour longtemps. La Guinée se montre extrêmement flexible et favorable à ce que nous demandons. Pas la Mauritanie.
La démocratie est-elle en recul en Afrique ?
N’oubliez pas que nous avons eu une élection exemplaire au Ghana, qui a débouché sur une alternance, dans le calme. Il y a des échecs cuisants, mais aussi des succès retentissants. Alors je reste optimiste. Cela dit, la démocratie, ce n’est pas instantané. Il ne suffit pas de mettre un peu de café dans un verre d’eau chaude et hop, ça y est ! Non. Il n’y a pas de démocratie Nescafé.
Jeune Afrique
Propos recueillis par Christophe Boisbouvier
Voici l'extrait, concerant la Mauritanie, du mémorandum de la FIDH:
Mauritanie
La Mauritanie, premier pays à avoir ratifié la Charte africaine sur la démocratie, les élections et la gouvernance, est également le premier à l’avoir violée ! Alors que le pays sort d’un processus politique de transition qui avait mené aux premières élections démocratiques, une junte militaire menée par le général Ould Abdel Aziz à pris le pouvoir par les armes au mois d’août dernier.
Le président déchu Sidi Ould Cheikh Abdallahi est demeuré en résidence surveillée pendant près de 4 mois. Les putchistes ont refusé de répondre à l’ultimatum lancé le 23 septembre 2008 par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA exigeant le retour à l’ordre constitutionnel. Au contraire, les libertés publiques ont été gravement atteintes, à travers notamment la répression brutale de nombreuses manifestation et la censure des journaux.
A la suite des consultations nationales sur la démocratie, la junte aurait accepté le déroulement d’élections présidentielles en mai 2009, autorisant aux membres du gouvernement actuel de se présenter à la condition de démissionner de leur fonction.
La FIDH recommande aux chefs d’Etat et de gouvernement à l’occasion du 12ème sommet de l’UA de :
* Refuser la présence de tout représentant de la junte au pouvoir à l’occasion de ce sommet ;
* Maintenir la suspension de la Mauritanie de toute instance de l’UA ;
* Exiger la tenue d’élections présidentielles transparentes dans les plus brefs délais ;
* Exiger de la junte le respect inconditionnel des droits garantis par la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ;
* Appliquer les sanctions mentionnées par le Conseil de paix et de sécurité dans le communiqué en date du 22 décembre si la Mauritanie ne répond pas ses injonctions avant le 5 février 2009 (PSC/MIN/Comm.3(CLXIII)) ;
formauritania
Il convient de rappeler que l'Union Africaine tient sont sommet la semaine prochaine du 26 janvier au 3 février. Parallèlement à ce sommet, se tiendra à Addis Abéba, une réunion de consultation entre l'ensemble des partenaires de la Mauritanie à savoir l'Union Européenne, l'Union Africaine, l'Organisation Internationale pour la Francophonie, la Ligue Arabe, l'Organisation de la Conférence Islamique, l'ONU et les Etats Unis. Il s'agit de faire le point sur la crise et envisager les mesures appropriées à prendre pour rétablir la légalité constitutionnelle en Mauritanie.
L'Union Africaine, qui est le chef d'orchestre désigné par la Communauté Internationale pour traiter la crise mauritanienne, menace les auteurs du Putsch et notamment le chef de file Ould Abdel Aziz, de sanctions ciblées si l'ordre institutionnel n'était pas rétabli avant le 5 février. Ces sanctions seront transmises au Conseil de Sécurité des Nations Unies pour leur conférer un caractère universel.
En guise de rétablissement de l'ordre constitutionnel, la Junte a décidé de présenter son chef à des élections présidentielles qu'elle compte organiser en juin. En plus la Junte multiplie les provocations et les humiliations adressées au Président de la République qu'elle est censée avoir libéré le 23 décembre dernier. Le Président a été empêché de rentrer à Nouakchott le jeudi dernier et est toujours privé de passeport.
Voici l'extrait de l'interview du Président de la Commision:
(...)
Deux coups d’État militaires depuis le dernier sommet de l’UA, n’est-ce pas inquiétant ?
Si, bien sûr. En six mois, il y en a même eu presque trois. Deux réussis, en Mauritanie et en Guinée. Et un raté, en Guinée-Bissau. C’est dramatique et c’est la raison pour laquelle nous avons exclu la Guinée des activités de l’Union jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel. Mais les putschistes de Conakry promettent d’organiser très vite des élections auxquelles ils ne participeront pas. Après les condamnations d’usage, il est donc normal que nous aidions les Guinéens à sortir de la crise.
En Mauritanie, la junte a l’intention de présenter l’un de ses membres à l’élection présidentielle du mois de mai. N’est-ce pas encore plus préoccupant qu’en Guinée ?
Si, c’est bien plus préoccupant, il n’y a pas de comparaison. Les auteurs du coup d’État de Nouakchott veulent confisquer la démocratie – et pour longtemps. La Guinée se montre extrêmement flexible et favorable à ce que nous demandons. Pas la Mauritanie.
La démocratie est-elle en recul en Afrique ?
N’oubliez pas que nous avons eu une élection exemplaire au Ghana, qui a débouché sur une alternance, dans le calme. Il y a des échecs cuisants, mais aussi des succès retentissants. Alors je reste optimiste. Cela dit, la démocratie, ce n’est pas instantané. Il ne suffit pas de mettre un peu de café dans un verre d’eau chaude et hop, ça y est ! Non. Il n’y a pas de démocratie Nescafé.
Jeune Afrique
Propos recueillis par Christophe Boisbouvier
Voici l'extrait, concerant la Mauritanie, du mémorandum de la FIDH:
Mauritanie
La Mauritanie, premier pays à avoir ratifié la Charte africaine sur la démocratie, les élections et la gouvernance, est également le premier à l’avoir violée ! Alors que le pays sort d’un processus politique de transition qui avait mené aux premières élections démocratiques, une junte militaire menée par le général Ould Abdel Aziz à pris le pouvoir par les armes au mois d’août dernier.
Le président déchu Sidi Ould Cheikh Abdallahi est demeuré en résidence surveillée pendant près de 4 mois. Les putchistes ont refusé de répondre à l’ultimatum lancé le 23 septembre 2008 par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA exigeant le retour à l’ordre constitutionnel. Au contraire, les libertés publiques ont été gravement atteintes, à travers notamment la répression brutale de nombreuses manifestation et la censure des journaux.
A la suite des consultations nationales sur la démocratie, la junte aurait accepté le déroulement d’élections présidentielles en mai 2009, autorisant aux membres du gouvernement actuel de se présenter à la condition de démissionner de leur fonction.
La FIDH recommande aux chefs d’Etat et de gouvernement à l’occasion du 12ème sommet de l’UA de :
* Refuser la présence de tout représentant de la junte au pouvoir à l’occasion de ce sommet ;
* Maintenir la suspension de la Mauritanie de toute instance de l’UA ;
* Exiger la tenue d’élections présidentielles transparentes dans les plus brefs délais ;
* Exiger de la junte le respect inconditionnel des droits garantis par la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ;
* Appliquer les sanctions mentionnées par le Conseil de paix et de sécurité dans le communiqué en date du 22 décembre si la Mauritanie ne répond pas ses injonctions avant le 5 février 2009 (PSC/MIN/Comm.3(CLXIII)) ;
formauritania