
Le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi devait arriver, jeudi dernier, en provenance de Lemden, la petite bourgade où l’avaient confiné les militaires, avant sa libération. Il n’arrivera finalement pas dans la capitale. Les tracasseries policières, tout au long de la route, ont eu raison de sa volonté de reprendre, entouré cette fois de ses soutiens, le combat contre ses tombeurs. Il ne constituait pourtant pas un grand danger pour des képis étoilés qui tiennent le pays d’une main de fer et sur lequel s’étendent leurs tentacules. Le vieil homme allait prononcer un discours qui comprenait une proposition de sortie de crise et présider un meeting. Mais il n’a rien pu faire de tout cela. Des méthodes dignes d’un régime nazi l’ont convaincu qu’on n’épargnerait rien pour l’abattre, tel un vieux chêne.
Le pays aurait pu pourtant faire l’économie d’une telle mauvaise publicité. Déjà, la communauté internationale nous menace de pires représailles. Si l’on empêche, en plus, notre président en cours de mandat de se déplacer librement et de s’exprimer, personne ne vendra cher notre peau.
Nous allons au devant de graves difficultés quand les sanctions tomberont, quand les robinets des financements s’assècheront, quand les devises manqueront et quand les partenaires détaleront. Qu’importe! Nous avons notre lumineuse direction qui nous sortira des ténèbres, nous donnera gîtes et couverts, empêchera les prédateurs – qui sont, bien sûr, dans l’autre camp – de dilapider nos richesses naturelles, réglera nos problèmes d’eau, d’électricité, de santé et d’éducation.
L’aide extérieure, on n’en a que faire! Notre pays a suffisamment de ressources pour financer son développement. Il lui manquait juste un guide éclairé – à quoi au juste? –, l’a trouvé en la personne du général et ne s’en portera que mieux, s’ébaudissent les laudateurs qui nous ont déjà «vendu» Ould Taya, Ely et Sidi, avant de les clouer au pilori.
Il y a comme du déjà vu dans la situation ubuesque que nous vivons maintenant et qui, loin de nous faire rire, devrait nous faire pleurer sur notre sort. Pris en otage par un quarteron d’officiers «supérieurs» qui s’apprêtent à faire élire un des leurs à la magistrature suprême, à l’occasion d’un pastiche d’élection, programmée le 6 juin prochain.
Elle ressemblera, à s’y méprendre, à celle de janvier 92, lorsqu’un militaire, arrivé au pouvoir sur les chars, a confisqué la démocratie à son profit. Mais le contexte et les hommes n’étant pas les mêmes, il sera d’autant plus difficile de faire avaler cette couleuvre à la communauté internationale qui craint, à juste titre, que nos généraux ne fassent des émules.
Le pire en politique, c’est, probablement, l’aveuglement. On peut ne pas douter de la moralité d’Ould Abdel Aziz, on est, en tout cas, obligé de reconnaître son entêtement qui fait, de cet homme nanti de tant de pouvoirs – BASEP, armées, polices diverses, Parlement, Etat – une proie de choix pour tous les renards et autres serpents visqueux qui se sont empressés de lui dresser une estrade publique d’où épancher son populisme, fort utile en ces temps préélectoraux ; avant de l’enfermer, plus tard, dans une tour d’ivoire bien ajustée au personnage. On connaît la suite…
L’alternative à ce remake consisterait à voir se développer, maintenant, de puissants contre-pouvoirs, seuls garants de la vitalité de la République. Les opposants à la dérive en cours, qui voit, peu à peu, se concentrer la puissance en un minimum de mains, doivent s’employer, prioritairement, à cette tâche, sans s’obnubiler sur les personnes, les fonctions et les structures.
Du FNDD au RFD, en passant par les diverses structures de la société civile, au sens le plus large du terme, impliquant autant les réseaux associatifs que les milieux économiques, c’est tous azimuts que doit se recomposer l’opposition à la dictature, non plus dans l’affrontement stérile mais dans la plus grande fluidité possible. Notre société est élastique : trouvons donc la qualité de notre défaut...
Ahmed Ould Cheikh
Le Calame du mardi 27 janvier 2009
Le pays aurait pu pourtant faire l’économie d’une telle mauvaise publicité. Déjà, la communauté internationale nous menace de pires représailles. Si l’on empêche, en plus, notre président en cours de mandat de se déplacer librement et de s’exprimer, personne ne vendra cher notre peau.
Nous allons au devant de graves difficultés quand les sanctions tomberont, quand les robinets des financements s’assècheront, quand les devises manqueront et quand les partenaires détaleront. Qu’importe! Nous avons notre lumineuse direction qui nous sortira des ténèbres, nous donnera gîtes et couverts, empêchera les prédateurs – qui sont, bien sûr, dans l’autre camp – de dilapider nos richesses naturelles, réglera nos problèmes d’eau, d’électricité, de santé et d’éducation.
L’aide extérieure, on n’en a que faire! Notre pays a suffisamment de ressources pour financer son développement. Il lui manquait juste un guide éclairé – à quoi au juste? –, l’a trouvé en la personne du général et ne s’en portera que mieux, s’ébaudissent les laudateurs qui nous ont déjà «vendu» Ould Taya, Ely et Sidi, avant de les clouer au pilori.
Il y a comme du déjà vu dans la situation ubuesque que nous vivons maintenant et qui, loin de nous faire rire, devrait nous faire pleurer sur notre sort. Pris en otage par un quarteron d’officiers «supérieurs» qui s’apprêtent à faire élire un des leurs à la magistrature suprême, à l’occasion d’un pastiche d’élection, programmée le 6 juin prochain.
Elle ressemblera, à s’y méprendre, à celle de janvier 92, lorsqu’un militaire, arrivé au pouvoir sur les chars, a confisqué la démocratie à son profit. Mais le contexte et les hommes n’étant pas les mêmes, il sera d’autant plus difficile de faire avaler cette couleuvre à la communauté internationale qui craint, à juste titre, que nos généraux ne fassent des émules.
Le pire en politique, c’est, probablement, l’aveuglement. On peut ne pas douter de la moralité d’Ould Abdel Aziz, on est, en tout cas, obligé de reconnaître son entêtement qui fait, de cet homme nanti de tant de pouvoirs – BASEP, armées, polices diverses, Parlement, Etat – une proie de choix pour tous les renards et autres serpents visqueux qui se sont empressés de lui dresser une estrade publique d’où épancher son populisme, fort utile en ces temps préélectoraux ; avant de l’enfermer, plus tard, dans une tour d’ivoire bien ajustée au personnage. On connaît la suite…
L’alternative à ce remake consisterait à voir se développer, maintenant, de puissants contre-pouvoirs, seuls garants de la vitalité de la République. Les opposants à la dérive en cours, qui voit, peu à peu, se concentrer la puissance en un minimum de mains, doivent s’employer, prioritairement, à cette tâche, sans s’obnubiler sur les personnes, les fonctions et les structures.
Du FNDD au RFD, en passant par les diverses structures de la société civile, au sens le plus large du terme, impliquant autant les réseaux associatifs que les milieux économiques, c’est tous azimuts que doit se recomposer l’opposition à la dictature, non plus dans l’affrontement stérile mais dans la plus grande fluidité possible. Notre société est élastique : trouvons donc la qualité de notre défaut...
Ahmed Ould Cheikh
Le Calame du mardi 27 janvier 2009