Deux semaines après la démission de l’équipe de Ould Waghf (sans e, puisque c’est désormais ainsi qu’il faut l’appeler, conformément à une circulaire officielle portant en-tête de la primature), la Mauritanie n’a toujours pas de gouvernement. Le premier ministre sortant – et rapidement rentrant – nous avait pourtant promis qu’il dévoilera la liste des «heureux» élus dans une semaine. A compter du jour où il a été reconduit. A la fin de ce délai, alors qu’un épais brouillard entourait les tractations qui allaient décider de la composition du futur gouvernement, il revient de nouveau à la charge pour annoncer qu’il a encore besoin de 48 heures. C’était à l’occasion d’un point de presse où il annonçait le divorce de la «majorité» (sans préciser laquelle : celle des frondeurs ou celle qui lui fait encore confiance?) avec l’UFP et les islamistes, après deux mois, à peine, de plus ou moins justes noces. Devant l’ampleur de la tâche, qui ressemble, à s’y méprendre, aux travaux d’Hercule, Ould Waghf, la mine défaite, déclare à la presse que l’annonce tant attendue est reportée à une date ultérieure. Que s’est-il passé entretemps? La majorité expurgée n’a-t-elle pas réussi à s’entendre sur les quotas de chacun, les noms des ministrables ou le maintien ou non des «symboles de la gabegie»? Une chose est, en tout cas, certaine : Ould Waghf, qui avait toutes les cartes en main pour réussir, a tout fait voler en éclats. Amateurisme? Maladresse? Malchance? Quelles que soient les raisons de ce gâchis, le premier ministre parait débordé. Et le pays n’a toujours pas de gouvernement. Ould Waghf s’accroche pourtant à son poste. Ailleurs, on rendrait son tablier pour moins que ça.
Mais on n’est pas premier ministre tous les jours. Autant donc faire durer le plaisir.
En tout état de cause, ce bras de fer, qui oppose les deux pans de la majorité et qui n’a toujours pas rendu son verdict, pénalise grandement le pays. Un duel fratricide dans lequel le grand perdant n’est autre que la Mauritanie. Face aux grands défis, aux difficultés en tout genre, aux menaces qui pèsent sur le pays, notre classe politique n’a pas trouvé mieux que de se chamailler pour des intérêts pas si personnels qu’on pourrait le croire. Il est vrai qu’il y a d’autres enjeux en jeu. Dont, notamment, la nature du pouvoir et sa soumission ou non à une aile militaire qui ne veut absolument rien lâcher, convaincue – à raison d’ailleurs, plus qu’à juste titre – que Sidi lui doit tout. Et qui se refuse à admettre qu’il puisse s’affranchir, jusqu’à vouloir se débarrasser d’elle sans coup férir. Voilà où se situe l’origine du problème qui ne trouvera une solution – définitive? – qu’avec la victoire de l’une des parties. Le président, après avoir tenté une courageuse manœuvre de diversion, en brandissant l’arme de la dissolution de l’assemblée nationale, est redevenue subitement lui-même et semble avoir baissé pavillon, devant des armes autrement plus dissuasives. Les généraux, qui ont déjà mobilisé leurs troupes civiles – en attendant de plus militaires? – pour susciter une motion de censure contre le gouvernement et une commission d’enquête sur la fondation KB, ont, en représailles, réduit ses pouvoirs à la portion congrue. C’est ainsi que les directeurs des organes de presse officielle auraient reçu instruction de ne diffuser aucun décret en provenance de la présidence sur le limogeage ou la mutation d’un officier de l’armée quel que le poste qu’il occupe dans la hiérarchie militaire. Avant d’en avoir avisé qui vous savez!
Voilà qui en dit long sur la situation intenable que vit le président. A qui faut-il en faire le reproche? A celui qui a accepté d’être «présidentié» sans trop d’efforts et qui n’a pas réussi à présider ou à ceux qui lui ont offert un parachute doré et qui ne l’acceptent qu’en homme de paille?
Ahmed Ould Cheikh
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Source: LeCalame
(M) avomm
Mais on n’est pas premier ministre tous les jours. Autant donc faire durer le plaisir.
En tout état de cause, ce bras de fer, qui oppose les deux pans de la majorité et qui n’a toujours pas rendu son verdict, pénalise grandement le pays. Un duel fratricide dans lequel le grand perdant n’est autre que la Mauritanie. Face aux grands défis, aux difficultés en tout genre, aux menaces qui pèsent sur le pays, notre classe politique n’a pas trouvé mieux que de se chamailler pour des intérêts pas si personnels qu’on pourrait le croire. Il est vrai qu’il y a d’autres enjeux en jeu. Dont, notamment, la nature du pouvoir et sa soumission ou non à une aile militaire qui ne veut absolument rien lâcher, convaincue – à raison d’ailleurs, plus qu’à juste titre – que Sidi lui doit tout. Et qui se refuse à admettre qu’il puisse s’affranchir, jusqu’à vouloir se débarrasser d’elle sans coup férir. Voilà où se situe l’origine du problème qui ne trouvera une solution – définitive? – qu’avec la victoire de l’une des parties. Le président, après avoir tenté une courageuse manœuvre de diversion, en brandissant l’arme de la dissolution de l’assemblée nationale, est redevenue subitement lui-même et semble avoir baissé pavillon, devant des armes autrement plus dissuasives. Les généraux, qui ont déjà mobilisé leurs troupes civiles – en attendant de plus militaires? – pour susciter une motion de censure contre le gouvernement et une commission d’enquête sur la fondation KB, ont, en représailles, réduit ses pouvoirs à la portion congrue. C’est ainsi que les directeurs des organes de presse officielle auraient reçu instruction de ne diffuser aucun décret en provenance de la présidence sur le limogeage ou la mutation d’un officier de l’armée quel que le poste qu’il occupe dans la hiérarchie militaire. Avant d’en avoir avisé qui vous savez!
Voilà qui en dit long sur la situation intenable que vit le président. A qui faut-il en faire le reproche? A celui qui a accepté d’être «présidentié» sans trop d’efforts et qui n’a pas réussi à présider ou à ceux qui lui ont offert un parachute doré et qui ne l’acceptent qu’en homme de paille?
Ahmed Ould Cheikh
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Source: LeCalame
(M) avomm