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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Ils sont devenus fous ! Ils étaient fous, pourrez-vous me rétorquer. Nos compatriotes – ou du moins ceux qui composent l’encadrement national – ont toujours été aussi fous.


En 1978, le 10 juillet, ils sont sortis soutenir la chute du Président qu’ils adulaient le 9 juillet. En 1984, le 12 décembre, mêmes sorties, mêmes extravagances. En 2005, le 3 août, encore la même attitude. Avec cependant le procès du régime en moins. Comment voulez-vous qu’il en soit autrement en 2008 ?



Ils sont devenus fous ! Ils étaient fous, pourrez-vous me rétorquer. Nos compatriotes – ou du moins ceux qui composent l’encadrement national – ont toujours été aussi fous.
Nous l’avons reproché au CMJD parce que pour nous le changement commençait par l’analyse critique complète des 27 années de régimes plus ou moins militaires, plus ou moins d’exception. Rompre avec les pratiques qui ont mené le pays à l’émiettement, à la faillite économique et politique, à la compromission…, cette rupture supposait à notre avis la stigmatisation de notre passé récent. Cela ne s’est pas fait. Soit parce que les maîtres de l’après étaient «mouillés», soit parce qu’ils n’avaient pas l’ambition de faire une révolution, soit les deux. Nous acceptâmes d’eux tous leurs engagements. Nous excusâmes toutes leurs faiblesses. Nous tûmes toutes leurs dérives.

Ainsi nous crûmes à la possibilité de reconstruire un monde nouveau. Nous nous enivrâmes de mots pour dire que nous devenions le modèle pour nos frères arabes et même nos frères africains qui avaient pourtant pris ce chemin bien avant nous (Mali, Sénégal, Bénin, Niger…). Et quand Kadhafi a dit qu’il ne faut rien attendre des bédouins, surtout pas l’appropriation de la démocratie, nous avions crié au scandale : «hassad awlad el ‘am». Dans ce registre furent aussi classées les réserves de Haykal, l’intellectuel égyptien hors paire, quant à la démocratie mauritanienne.

Un vieux connaisseur de notre société avait dit que les Bidhânes et les Peulhs sont «définitivement installés dans un complexe de supériorité…définitif».

Je crois que l’heure est venue de nous remettre en cause, de revoir nos certitudes. Ce n’est pas parce qu’un compatriote – jeune et brillant talent il est vrai – a obtenu la première place dans le concours de poésie organisé par la télévision émiratie, qu’il faille nous refaire le coup du «pays du million de poètes». Ce n’est pas non plus parce que nous avons vécu un processus unique dans le monde arabe, qu’il faille nous imposer aux autres comme un modèle. Il est vrai que l’épopée nous a rendu en partie notre fierté et surtout notre dignité. Des sentiments qui sont morts en trois décennies d’asservissement global.

Nous avons construit sur du faux. Tout le monde le sait. Du processus qu’on avait cru modèle, au Président que nous avons cru incarnation de la sagesse nécessaire à l’affermissement de la démocratie, aux chefs militaires que nous avons cru définitivement retirés des affaires publiques, aux partis politiques que nous avons cru atteints d’une brusque maturité, à la société civile que nous avons cru définitivement émancipée de l’emprise politique, à l’appareil de l’Etat que nous avons cru à l’abri de l’instrumentalisation… tout cela était faux.

Comme nous, nos partenaires ont été pris au piège de ce méga-mensonge. Leurs gouvernants avaient cru avoir eu un modèle à moindre prix à proposer à leurs opinions publiques qui les critiquaient pour les échecs des politiques dans «le grand Moyen-Orient». Les Etats-Unis n’ont pas investi un million de dollars dans le chantier de 2005. L’Union Européenne a mobilisé moins de dix millions d’euros. L’Union Africaine a plutôt coûté, comme la Ligue Arabe. Toute la communauté internationale n’a pas versé douze millions de dollars dans le panier commun, dont d’ailleurs une partie a été rétrocédée à l’UE à la fin du processus. Avec au bout du compte un modèle à présenter.

Croire à ce mensonge arrangeait toutes les parties. On en était prêt à oublier les risques d’une telle situation. Et parmi ces risques, le moindre était celui que nous vivons présentement.

Cinq minutes de vérité. Aux politiques de reconnaître n’avoir rien fait pour éviter la situation actuelle, plutôt d’y avoir poussé à force de vouloir une place dans la proximité pour les uns, un contrôle absolu du pouvoir pour les autres. A eux de se dire et de nous dire : «nous avons commis des fautes dont les obstructions au changement, l’absence de propositions prévenant l’impasse, l’incapacité de sortir des schémas traditionnels et de la logique des querelles personnelles, et l’insolvabilité politique des discours».

Aux militaires de reconnaître : «nous avons joué depuis le début. En fixant un délai trop court en 2005, en refusant d’aller au fond de l’analyse et d’apporter les solutions aux problèmes posés par la gestion du pouvoir par l’Armée, en interférant enfin dans le jeu politique notamment pendant la présidentielle. Nous n’avons pas voulu ce schéma et nous faisons l’économie d’un cycle incertain en prenant les devants. Nous avons réussi à embarquer avec nous la communauté internationale et la grande majorité des forces vives de la Nation. Nous payons tous le prix des dysfonctionnements que nous avions cautionnés».

Aux partenaires de reconnaître que ce qu’ils ont soutenu est un leurre, une illusion de plus. «Amenons les ‘amis’ mauritaniens à reconnaître leurs insuffisances et leurs errements. Amenons-les à discuter eux-mêmes de leur avenir et de fixer des règles dont le respect sera garanti des mécanismes inviolables».

... en attendant, le HCE doit se refuser de consacrer le retour en arrière en matière de liberté d’expression. L’ouverture observée dans les médias publics ces derniers jours est timide. La pensée unique, la vision unique, le discours unique… sont toujours les mêmes.

Je lisais récemment un texte de Soljenitsyne où il disait : «Quelqu’un que vous avez privé de tout n’est plus en votre pouvoir. Il est de nouveau entièrement libre» (Le premier cercle). Nous n’avions en fait que cette liberté d’expression comme acquis du processus vécu depuis 2005.


Mohamed Fall Ould Oumère
La Tribune n°415, du lundi 1e Septembre 2008


Lundi 1 Septembre 2008 - 16:54
Lundi 1 Septembre 2008 - 16:57
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