Addis Abeba - La Libye, qui préside actuellement l'Union Africaine (UA), a évoqué samedi le possible retrait de la Cour pénale internationale (CPI) des Etats africains, estimant que le continent noir y souffrait de "discrimination", selon un ministre libyen.
"Nous, les Africains, n'acceptons pas la CPI, ni le mandat d'arrêt contre le président (Omar el) Béchir, tout le monde a exprimé cela. Nous sommes victimes de discrimination sur ce problème", a déclaré à des journalistes Ali Triki, ministre libyen des affaires de l'UA.
Interrogé sur un possible retrait des pays africains signataires du Traité de Rome, qui régit la CPI, il a affirmé: "si ça continue comme ça, cela va arriver, c'est sûr".
M. Triki s'exprimait en marge d'une réunion du Guide libyen Mouamar Kadhafi, qui préside actuellement l'UA, et a convoqué une réunion au siège de l'UA à Addis Abeba, avec les principaux responsables de l'organisation continentale.
M. Kadhafi a aussi rencontré le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, a-t-on appris de sources concordantes.
Selon M. Triki, la réunion à l'UA doit aborder "différentes questions de sécurité en Afrique, l'unité africaine et la CPI, qui constitue un des sujets majeurs".
La médiation du Colonel Kadhafi en Mauritanie a également été critiquée par l'UA, surtout après que le guide libyen ait de facto entériné le coup d'Etat du 6 août dernier.
Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA, qui s'est réuni mardi, a confirmé que les dirigeants "civils et militaires" de la junte mauritanienne seraient frappés par des sanctions, et qu'une "liste nominative" des personnes visées sera établie "d'ici un mois".
Les sanctions contre la junte ont été prises par le CPS de l'UA le 5 février. Elles prévoient notamment l'interdiction de voyager et le gel des avoirs des principales personnalités actuellement au pouvoir.
De sources diplomatiques africaines, le dirigeant libyen a "été très fâché de cette décision du CPS, ressentie comme un camouflet, et c'est l'une des raisons de sa visite à Addis Abeba".
Interrogé sur cette question, le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, a répondu prudemment qu'il y avait "différentes vues sur les voies et moyens d'aboutir au même objectif, le retour de l'ordre constitutionnel en Mauritanie".
"Le président de l'UA et le CPS sont en contradiction sur cette voie pour atteindre cet objectif", a-t-il ajouté.
Cette réunion intervient à la veille du sommet du G20 à Londres à laquelle le colonel Kadhafi n'a pas été invité. L'UA y sera représentée par M. Zenawi, le président sud-africain Kgalema Motlanthe, ainsi que par M. Ping.
Source: cridem