
La comparaison entre le HCE et les régimes politiques précédents, leurs manières et méthodes de gouverner, suscite beaucoup de commentaires parmi les observateurs de la scène politique. Contrairement à ces régimes, y compris celui d’avant le 6 août 2008, le régime du HCE fait preuve d’une grande mobilité au plan interne, et s’active pour secourir ses concitoyens, disent certains. Faux! Rétorquent d’autres. Il ne le fait que pour s’accorder le soutien des populations et apparaître aux yeux de l’étranger comme un sauveur providentiel.
Les militaires et le FNDD (Front National de Défense de la Démocratie, qui leur est hostile, sans, pour autant, fédérer tous ceux qui n’acceptent plus le principe du coup d’Etat) divisent la scène politique nationale. Mais, en dépit de l’existence, juridiquement et citoyennement contestable et contestée du HCE, on trouve des gens qui étaient irrités par l’immobilisme et l’inaction de l’ex-gouvernement, légitime au demeurant, de Sidioca. A leurs yeux, celui-ci n’a pas réalisé de bilan concret, en quinze mois de pouvoir. Aussi ces gens s’identifient-ils facilement à la manière dégourdie et spontanée des militaires. Ils font une comparaison entre le règne actuel des militaires, et le règne de celui arbitrairement destitué.
Ils font valoir que le président du HCE bouge et fait montre d’une plus grande proximité des citoyens, par ses visites de terrain et les ordres intimés aux responsables, en vue d’améliorer les conditions de vie des populations, sans oublier la baisse des prix dont il a fait le fer de lance de son action politique.
Pure propagande populiste, disent les détracteurs du HCE, qui voient, à travers cette démarche, une imposture grossière, qui ne correspond pas à la réalité des choses. Ces mêmes détracteurs reprochent aux militaires leur improvisation dans les prises de décisions, comme pour les scanners des hôpitaux, la restructuration des quartiers périphériques ou la rénovation de la voirie urbaine. Ils ajoutent que les militaires n’ont les moyens ni matériels, ni institutionnels, ni même juridiques, de joindre leurs actes à leurs paroles, en vue de matérialiser leurs innombrables promesses. En gros, c’est «dépêchez-vous de manger votre pain blanc, dans quelques mois, il n’y en aura plus»…
Méthodes d’antan
Quant aux pratiques de gouvernement et aux us politiques, beaucoup d’observateurs voient dans le discours tenu par certains membres du HCE et du gouvernement ainsi que par nombre de responsables administratifs, un retour aux vieilles méthodes d’antan, ce qui n’augure rien de bon et trahit les véritables intentions des nouveaux maîtres du pays.
Les comportements de ces premiers responsables, les techniques de récupération politique, l’attitude des notables, dignitaires et cadres, qui continuent à embrigader les populations, en plus de la «rectification» de l’information, au sein des médias publics, surtout à travers l’extrême partialité des intervenants et la qualité péjorée des interventions, constituent, ensemble, des méthodes monolithiques décriées par les observateurs, qui y perçoivent un substantiel recul démocratique et un retour aux années noires.
Les commentateurs commentent, surtout, les dernières sorties médiatiques du HCE et du gouvernement, tendant à «expliquer», aux populations de l’intérieur du pays, les raisons qui les ont «contraints» au coup d’Etat du 6 août. La télévision a servi, à chaud, des images de liesse et de délire populaire, où des laudateurs, encenseurs de tout bord, se succèdent et se bousculent, devant les émissaires du HCE – pas encore la direction nationale éclairée, mais, en tout cas, le grand manitou de Nouakchott – pour vanter les prétendus mérites des auteurs de "la rectification bénie" du 6 août 2008, qui ont sauvé le pays d’une dérive dictatoriale et d’un blocage des institutions démocratiques.
Pour encore mieux vendre l’image du HCE à une population, fataliste et blasée par la succession de tant de présidents en si peu de temps, on ne lésine pas sur les moyens. Des véhicules tout-terrain, du carburant et des lignes de crédit ont été mobilisés pour la circonstance. Le portrait du général Mohamed Ould Abdel Aziz a été tiré à des milliers d’exemplaires et distribué partout.
Une différence cependant, de taille, avec les anciens régimes militaro-civils, estiment certains : le HCE continue, encore – pour combien de temps? – à privilégier la manière douce et à fonctionner comme une institution collégiale, qui ne développe pas, outre mesure, un discours autocratique, consacrant le règne personnel et le culte de la personnalité. Certaines institutions démocratiques continuent, d’ailleurs, à fonctionner normalement, et on n’est pas, non plus, dans une dictature pure et dure qui musèle les libertés à grande échelle et qui bâillonne la liberté d’expression, ajoutent-ils.
Ainsi, le pays reviendrait à une situation comparable à celle de 1991, avec une conjoncture nationale et internationale passablement différente et moins favorable au HCE, et avec, surtout, en prime, un front intérieur particulièrement hostile aux militaires, et, en général, à l’implication de l’armée dans la politique, à l’image du Front Démocratique Uni pour le Changement (FDUC) qui donna naissance, un peu plus tard, mais toujours en 1991, à l’Union des Forces Démocratiques (UFD), avec certaines variantes. La perspective de l’embargo et des sanctions contre le pays font craindre le pire, en ce sens que cela peut contribuer à radicaliser les positions et à brutaliser les méthodes de gouvernement, en développant des discours sectaires ou identitaires qui mobilisent sur la base des sentiments et des émotions. Au-delà du pain, et pourquoi pas, des jeux que la junte pourrait nous offrir, les perspectives ne sont pas, vraiment, rassurantes, du moins pour les citoyens responsables de leur citoyenneté …
Mohameden Ould Meyne
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Source: lecalame
Les militaires et le FNDD (Front National de Défense de la Démocratie, qui leur est hostile, sans, pour autant, fédérer tous ceux qui n’acceptent plus le principe du coup d’Etat) divisent la scène politique nationale. Mais, en dépit de l’existence, juridiquement et citoyennement contestable et contestée du HCE, on trouve des gens qui étaient irrités par l’immobilisme et l’inaction de l’ex-gouvernement, légitime au demeurant, de Sidioca. A leurs yeux, celui-ci n’a pas réalisé de bilan concret, en quinze mois de pouvoir. Aussi ces gens s’identifient-ils facilement à la manière dégourdie et spontanée des militaires. Ils font une comparaison entre le règne actuel des militaires, et le règne de celui arbitrairement destitué.
Ils font valoir que le président du HCE bouge et fait montre d’une plus grande proximité des citoyens, par ses visites de terrain et les ordres intimés aux responsables, en vue d’améliorer les conditions de vie des populations, sans oublier la baisse des prix dont il a fait le fer de lance de son action politique.
Pure propagande populiste, disent les détracteurs du HCE, qui voient, à travers cette démarche, une imposture grossière, qui ne correspond pas à la réalité des choses. Ces mêmes détracteurs reprochent aux militaires leur improvisation dans les prises de décisions, comme pour les scanners des hôpitaux, la restructuration des quartiers périphériques ou la rénovation de la voirie urbaine. Ils ajoutent que les militaires n’ont les moyens ni matériels, ni institutionnels, ni même juridiques, de joindre leurs actes à leurs paroles, en vue de matérialiser leurs innombrables promesses. En gros, c’est «dépêchez-vous de manger votre pain blanc, dans quelques mois, il n’y en aura plus»…
Méthodes d’antan
Quant aux pratiques de gouvernement et aux us politiques, beaucoup d’observateurs voient dans le discours tenu par certains membres du HCE et du gouvernement ainsi que par nombre de responsables administratifs, un retour aux vieilles méthodes d’antan, ce qui n’augure rien de bon et trahit les véritables intentions des nouveaux maîtres du pays.
Les comportements de ces premiers responsables, les techniques de récupération politique, l’attitude des notables, dignitaires et cadres, qui continuent à embrigader les populations, en plus de la «rectification» de l’information, au sein des médias publics, surtout à travers l’extrême partialité des intervenants et la qualité péjorée des interventions, constituent, ensemble, des méthodes monolithiques décriées par les observateurs, qui y perçoivent un substantiel recul démocratique et un retour aux années noires.
Les commentateurs commentent, surtout, les dernières sorties médiatiques du HCE et du gouvernement, tendant à «expliquer», aux populations de l’intérieur du pays, les raisons qui les ont «contraints» au coup d’Etat du 6 août. La télévision a servi, à chaud, des images de liesse et de délire populaire, où des laudateurs, encenseurs de tout bord, se succèdent et se bousculent, devant les émissaires du HCE – pas encore la direction nationale éclairée, mais, en tout cas, le grand manitou de Nouakchott – pour vanter les prétendus mérites des auteurs de "la rectification bénie" du 6 août 2008, qui ont sauvé le pays d’une dérive dictatoriale et d’un blocage des institutions démocratiques.
Pour encore mieux vendre l’image du HCE à une population, fataliste et blasée par la succession de tant de présidents en si peu de temps, on ne lésine pas sur les moyens. Des véhicules tout-terrain, du carburant et des lignes de crédit ont été mobilisés pour la circonstance. Le portrait du général Mohamed Ould Abdel Aziz a été tiré à des milliers d’exemplaires et distribué partout.
Une différence cependant, de taille, avec les anciens régimes militaro-civils, estiment certains : le HCE continue, encore – pour combien de temps? – à privilégier la manière douce et à fonctionner comme une institution collégiale, qui ne développe pas, outre mesure, un discours autocratique, consacrant le règne personnel et le culte de la personnalité. Certaines institutions démocratiques continuent, d’ailleurs, à fonctionner normalement, et on n’est pas, non plus, dans une dictature pure et dure qui musèle les libertés à grande échelle et qui bâillonne la liberté d’expression, ajoutent-ils.
Ainsi, le pays reviendrait à une situation comparable à celle de 1991, avec une conjoncture nationale et internationale passablement différente et moins favorable au HCE, et avec, surtout, en prime, un front intérieur particulièrement hostile aux militaires, et, en général, à l’implication de l’armée dans la politique, à l’image du Front Démocratique Uni pour le Changement (FDUC) qui donna naissance, un peu plus tard, mais toujours en 1991, à l’Union des Forces Démocratiques (UFD), avec certaines variantes. La perspective de l’embargo et des sanctions contre le pays font craindre le pire, en ce sens que cela peut contribuer à radicaliser les positions et à brutaliser les méthodes de gouvernement, en développant des discours sectaires ou identitaires qui mobilisent sur la base des sentiments et des émotions. Au-delà du pain, et pourquoi pas, des jeux que la junte pourrait nous offrir, les perspectives ne sont pas, vraiment, rassurantes, du moins pour les citoyens responsables de leur citoyenneté …
Mohameden Ould Meyne
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Source: lecalame