
Avocate de formation, Madame Sall, née Aîssata Tall est une ancienne Ministre de la Culture et de la Communication dans le gouvernement Sénégalais d’avant l’alternance de 2000 dirigé par l’ancien Premier Ministre, Mamadou Lamine Loum.
Après la défaite historique en Mars de la même année du président Abdou Diouf alors candidat du Parti Socialiste, Me Tall devient militante active de cette formation politique à un moment où le Parti d’Ousmane Tanor Dieng faisait face à une cure d’amaigrissement sans précédent dans la vie de ce parti.
Aux Mauritaniens, elle n’est plus à présenter depuis qu’elle a pris la défense de l’ancien président Mohamed Khouna O Haîdalla lors de son procès en 2004 sur fonds d’accusations pour atteinte à la sûreté de l’Etat (sous le règne du dictateur Taya).
Récemment, elle s’est constitué avec un pool d’avocats Mauritaniens pour assurer la défense de l’ex-première dame de Mauritanie qui a porté plainte contre Baba Tandia pour diffamation devant un tribunal Dakarois. Nous avons rencontré Aissata tall Sall dans la veille ville de Podor ou(Douîra, le nom maure de cette localité) à l’occasion de la 3ème édition du Festival des Blues du Fleuve (dont elle était la Marraine) organisé du 27 au 29 Avril 2008 et elle a accepté de nous accorder un entretien.
Comptez-vous briguer un mandat électif aux élections locales prévues au mois de Mars 2009 et quels dividendes politiques espérer –vous en tirer en tant que Marraine de cette troisième édition du Festival des Blues du Fleuve?
Me Aîssata Tall Sall : …(rires) est- ce que donc nos frères Mauritaniens sont si intéressés par la politique intérieure au Sénégal ! Alors, j’en suis très contente et je vais vous répondre avec la façon la plus franche. Cette manifestation est culturelle et elle entend le rester. J’aurai pu être Marraine de la 1ère édition, de la deuxième, de la troisième, de la quatrième, de la cinquième édition. Peut être même marraine à vie, pourquoi pas ! Cela dépend de la volonté du choix de Baba Maal. Mais pour autant, je ne politise pas la manifestation.
D’ailleurs j’ai tout fait pour éviter de la politiser parce que je crois que Baba Maal est un bien commun qui transcende les partis politiques et même les clivages ethniques. Baba Maal est aussi bien écouté par les Halpulaar que par les Wolofs, les Bambara et les Maures. C’est un bien universel, si j’ose m’exprimer ainsi. Donc bien faux pour être ôté, celui qui pensait pouvoir faire la politique avec Baba Maal. L’idée ne m’a jamais traversé l’esprit. Pour le reste maintenant, je suis sur le terrain politique.
Je combats, je me bats et je n’escompte que les dividendes qui pourraient résulter de mon propre combat. Maintenant, Podor est une vieille commune. Et c’est une commune qui est très disputée. C’est vrai dans le camp socialiste, nous allons mener et conduire une liste. Comme vous le savez, notre mode de scrutin est un scrutin à deux tours pratiquement. Il y’a un premier tour où se sont les listes qui compétissent et qui gagnent. Et une fois qu’une liste gagne, c’est en son sein qu’on doit choisir le Maire. Est-ce que je serai le futur maire de Podor?
Je ne saurai le dire pour deux raisons :la première, il faut que notre liste gagne. Et inchallah nous ferons tout si les élections sont organisées pour qu’elle gagne. Est-ce que une fois que notre liste gagne je serai le Maire ? En ce moment là, j’en parlerai non pas d’abord avec mes camarades mais surtout avec les populations de Podor parce que seul Podor compte et seul l’intérêt de Podor un intérêt à mes yeux. Et si les populations de Podor décident que ça serait moi, je ne me débinerai pas et j’assumerai en ce moment là toutes mes responsabilités.
On nous a dit que votre choix comme Marraine de cette 3ème édition du FBF gênent certains de vos adversaires politiques à Podor ?
Mais c’est peut être vrai parce que le terrain politique est parfois rude. C’est vraiment l’adversité à l’état pur, j’allais dire à l’état sauvage du terme (rires…). Donc il se peut parfaitement que le choix que Baba Maal a porté sur moi comme Marraine puisse gêner. Je pense que ces gens là ont une lecture simpliste de la situation. Si vous prenez la plaquette qui présente les Blues du fleuve, vous verrez que je ne suis pas la seule marraine.
Il y’a des Ministres membres du gouvernement de Abdoulaye Wade qui sont parrains de cette édition. Et mon plus grand plaisir aurait été qu’ils viennent à Podor et qu’ils honorent Baba Maal tels que Baba maal les a honorés. Ils ne l’ont pas fait. Peut être ils ont des raisons. Je ne suis pas la seule marraine de cette manifestation. Bon maintenant il y’a peut être le poids du fait que moi je suis de Podor, natif de Podor et que ça donne une autre tournure à ma qualité de marraine. C’est tout mais il n y’a pas à s’offusquer !
Quel est l’état de santé du Parti Socialiste au Sénégal et particulièrement dans le département de Podor ?
Je peux dire bien. Et ça ne sera pas de l’autosatisfaction que je fais. Le PS est un vieux parti qui a régné au Sénégal pendant quarante ans et qui a été battu en 2000 qui revient d’un grave traumatisme. Nous avons connu la transhumance, les menaces de toutes sortes et les invectives. Abdoulaye Wade a vraiment essayé de désagréger le parti socialiste. Il a intimidé ses dirigeants, il en a emprisonné certains, il en a libéré d’autres quand ils sont partis le rejoindre. Cependant toute cette tempête là, nous l’avons affronté en tenant solidement la barre du navire. A présent, il y’a un autre travail qui nous attend, c’est la reconstruction du parti.
Nous sommes entrain de nous y consacrer. C’est un travail difficile qui ne se fait pas en un jour ni en une année. Mais je pense qu’il faut qu’on le continue, qu’on l’amplifie et qu’on le densifie. Et le résultat est au bout de l’effort tout simplement. Dans le département de Podor le PS se porte bien. Je crois qu’il se porte même très bien. Notre ambition pour les élections locales, c’est de réaliser le grand chelem si elles avaient été organisées au moment où elles devraient être organisées.
Et figurez-vous, ironie du sort, c’est aujourd’hui que devait s’ouvrir la campagne électorale (rires) pour les élections locales. Notre ambition c’est de gagner toutes les communes de Podor et toutes les communautés rurales du département. Nous voulons le mettre à l’œuvre si les élections ont lieu.
Cinq ans après votre séjour en Mauritanie où vous étiez venu pour la défense de l’ancien président Khouna O Haîdallah lors de son procès en 2004 pour atteinte à la sûreté de l’Etat ; que pensez-vous de l’état de la démocratie dans ce pays ?
Pendant ma plaidoirie pour le président Haîdalla et ses compagnons, j’avais dit au président du tribunal de Mauritanie que ma conviction était que le régime de Ould Taya est fini. Que ce régime là était fini parce que la Mauritanie ne pouvait pas continuer à être géré de la façon dont j’ai vu le président Taya la gérer. Effectivement deux années après, la Mauritanie a repris son sort entre ses mains. Et bien je me félicite de cela car la Mauritanie est un pays charnière entre l’Afrique noire et l’Afrique arabe. Et pour être pays charnière et le rester, il faut qu’il soit un pays multiracial, un pays multilingue, un pays multiethnique ou un pays tout simplement multicolore.
Et je crois que c’est ça la marche de la Mauritanie et c’est comme ça qu’elle devra rester. J’ai suivi avec beaucoup d’attention et avec même beaucoup de fébrilité lorsque les premières élections ont été organisées qui ont porté le président Sidi au pouvoir. C’est quelque chose que nous avons beaucoup apprécié car nous avons vu le jeu de la démocratie s’instaurer en Mauritanie. La démocratie est un travail, une œuvre de tous les jours. Il faut la rendre perfectible, ça ne va pas être facile. Mais je suis convaincue que les Mauritaniens sont résolument tournés vers ça et la démocratie est définitivement ancrée dans ce pays.
Lors des élections de Février 2007, vous étiez coordinatrice de votre parti dans le département de Podor où d’ailleurs il est bien implanté. Comment expliquez-vous votre défaite à la publication des résultats ?
Votre question est pertinente. Comment se fait alors qu’on pense que le département de Podor est un département socialiste qu’on n’ait pas gagné aux élections présidentielles ! Tout le monde sait que Abdoulaye Wade a volé le vote et le scrutin. Il n y’a pas de mystère et d’explication. Nous ici à Podor, nous savons très bien quelles sont nos forces et nos faiblesses et, personnes n’a pu imaginer que le parti socialiste perde dans ce département. Au soir des résultats, on m’a appelé de tout le Sénégal pour me demander quels sont les résultats de Podor.
Quand j’ai dit qu’on a perdu, ils ont dit alors qu’on ne gagnera nulle part si on a perdu Podor! Pour vous dire à quel point Podor était emblématique de la présence du PS dans les localités. Mais ces élections nous les avons contestés. Lorsque nous avons été devant le conseil constitutionnel qui a déclaré Wade vainqueur, c’est ce jour là où j’ai dit sur les ondes de RFI que Wade a peut être une légalité puisque le conseil constitutionnel a confirmé sa victoire mais nous lui contesterons tout temps sa légitimité parce que nous savons que ces élections procèdent du vol.
Et la preuve qu’on en a eue, c’est que pour les élections législatives qui ont suivi quand nous avons décidé de les boycotter, Wade qui disait avoir été élu à 56 % des suffrages et qui avait pu mobiliser un taux de participation de plus de 68 %, ce même taux de participation a chuté jusqu’à 24 % pour le même parti, le même leadership et des gens qui avaient l’ambition d’investir l’assemblée nationale.
Tout le monde a compris par là que par l’abstention de nos militants, Abdoulaye Wade n’avait gagné à l’élection présidentielle. Et c’est ça qui a conduit au blocage actuel de la situation politique au Sénégal. Maintenant, nous sommes résolument tournés vers les assises nationales où le président wade est convié. A lui de venir ou de ne pas venir à ses assises nationales pour les quelles en tout cas toutes les forces vives sont engagées. Voilà pour ce qui est des élections.
Le Festival des Blues du fleuve est une manifestation itinérante. Que pensez-vous de son déplacement dans l’une des villes Mauritaniennes ?
Je crois que ce festival s’il devient international, il doit le devenir, c’est parce que justement c’est le fleuve qui est le cordon ombilical qui lie tous ces peuples là qu’il traverse ; aussi bien le Sénégal, la Mauritanie, le Mali que la Guinée. Moi, Aîssata Tall Sall, si je donne un avis, si demain Baba Maal organise ses Blues en Mauritanie, ces Blues là seront beaucoup plus légitimes que les Blues de Podor. Nous, nous sommes des Foutankais et nous disons toujours que le Fouta authentique est en Mauritanie et non pas au Sénégal.
En tant que marraine de la troisième édition du Festival des Blues du fleuve, quelle impression, vous vous faites de l’organisation de la 3ème édition 2008?
C’est une impression de fierté, fierté d’abord non pas seulement en tant que marraine mais en tant que Podoroise et soeur de Baba Maal de voir avec quelle parfaite organisation cette 3ème a été porté sur les fonds baptismaux. Une troisième édition qui est bien sur dédiée à la culture parce que Baba Maal est un homme de culture mais une 3ème édition qui est également dédiée au développement. Baba Maal l’a dit dans son discours à l’occasion de la cérémonie inaugurale où il a repris le leitmotiv du président Abdoulaye wade en disant qu’il invitait les Sénégalais à retourner à la culture justement pour que le Sénégal consomme ce qu’il produit.
Baba Maal a décidé désormais de placer ses activités dans ce cadre là. Et enfin un 3ème motif de fierté parce que cette 3ème édition a définitivement fini de porter Podor au pinacre des rendez-vous culturels de notre pays. Cette édition est vraiment une édition internationale par la présence du ministre de la Culture de la République Islamique de Mauritanie, Mohamed vall O cheîkh, de l’ex premier ministre de Guinée, Sellou Dalane Diallo et surtout du représentant du Haut Commissaire de l’OMVS, ce qui m’a beaucoup frappé.
Ça veut dire que le fleuve est un facteur d’union, de communication et que nous devons travailler autour du fleuve pour assurer le développement de nos pays respectifs et tout cela me réjouit en tant que Podoroise, en que Sénégalaise mais en tant qu’africaine tout court.
De nombreux observateurs ont noté des couacs dans l’organisation. Qu’est ce que vous avez remarqué et quelles suggestions apporteriez vous pour les futures manifestations ?
Me ATS : Il faut qu’on comprenne que toute organisation est une œuvre humaine. Donc elle connaît des défaillances humaines. Ensuite ce n’est que la troisième édition, la machine doit aller en se perfectionnant. Et s’il y’a des couacs, non pas il faut s’en féliciter mais il faut les comprendre. C’est que l’affaire a pris une réelle ampleur, une très grande dimension et il faut aujourd’hui que Baba Maal s’en rende compte et qu’il se dise finalement que ce festival est devenu une des plus grosses manifestations au Sénégal avec les contraintes de Podor. Podor est une petite commune qui ne dispose pas de beaucoup d’infrastructures.
Nous avons des problèmes pour héberger tout le monde (logistique, commodité). Mais malgré tout cela, Baba Maal a tenu à ce que ça reste à Podor. Alors, il faut en tirer la leçon. Et cette leçon, c’est nous tous, fils et filles de Podor qui devons la tirer. C’est de faire coprendre à Baba Maal que cette affaire est l’affaire de tout Podor, de tout le Sénégal. Et nous devrons nous investir tous à l’avenir dans l’organisation de ce festival pour qu’on puisse éviter les couacs.
Couacs qui sont inhérents à toute organisation. Le tout c’est de tirer la leçon, de faire le bilan de l’expérience, de corriger les fautes du passé et de continuer en se tournant résolument vers l’avenir. Je suis sûr que Baba Maal le fera. En tout cas moi, il est de ma responsabilité d’en parler à Baba Maal. Je le ferai et inchallah le tout sera corrigé à l’avenir.
source : Le Quotidien de Nouakchott
Après la défaite historique en Mars de la même année du président Abdou Diouf alors candidat du Parti Socialiste, Me Tall devient militante active de cette formation politique à un moment où le Parti d’Ousmane Tanor Dieng faisait face à une cure d’amaigrissement sans précédent dans la vie de ce parti.
Aux Mauritaniens, elle n’est plus à présenter depuis qu’elle a pris la défense de l’ancien président Mohamed Khouna O Haîdalla lors de son procès en 2004 sur fonds d’accusations pour atteinte à la sûreté de l’Etat (sous le règne du dictateur Taya).
Récemment, elle s’est constitué avec un pool d’avocats Mauritaniens pour assurer la défense de l’ex-première dame de Mauritanie qui a porté plainte contre Baba Tandia pour diffamation devant un tribunal Dakarois. Nous avons rencontré Aissata tall Sall dans la veille ville de Podor ou(Douîra, le nom maure de cette localité) à l’occasion de la 3ème édition du Festival des Blues du Fleuve (dont elle était la Marraine) organisé du 27 au 29 Avril 2008 et elle a accepté de nous accorder un entretien.
Comptez-vous briguer un mandat électif aux élections locales prévues au mois de Mars 2009 et quels dividendes politiques espérer –vous en tirer en tant que Marraine de cette troisième édition du Festival des Blues du Fleuve?
Me Aîssata Tall Sall : …(rires) est- ce que donc nos frères Mauritaniens sont si intéressés par la politique intérieure au Sénégal ! Alors, j’en suis très contente et je vais vous répondre avec la façon la plus franche. Cette manifestation est culturelle et elle entend le rester. J’aurai pu être Marraine de la 1ère édition, de la deuxième, de la troisième, de la quatrième, de la cinquième édition. Peut être même marraine à vie, pourquoi pas ! Cela dépend de la volonté du choix de Baba Maal. Mais pour autant, je ne politise pas la manifestation.
D’ailleurs j’ai tout fait pour éviter de la politiser parce que je crois que Baba Maal est un bien commun qui transcende les partis politiques et même les clivages ethniques. Baba Maal est aussi bien écouté par les Halpulaar que par les Wolofs, les Bambara et les Maures. C’est un bien universel, si j’ose m’exprimer ainsi. Donc bien faux pour être ôté, celui qui pensait pouvoir faire la politique avec Baba Maal. L’idée ne m’a jamais traversé l’esprit. Pour le reste maintenant, je suis sur le terrain politique.
Je combats, je me bats et je n’escompte que les dividendes qui pourraient résulter de mon propre combat. Maintenant, Podor est une vieille commune. Et c’est une commune qui est très disputée. C’est vrai dans le camp socialiste, nous allons mener et conduire une liste. Comme vous le savez, notre mode de scrutin est un scrutin à deux tours pratiquement. Il y’a un premier tour où se sont les listes qui compétissent et qui gagnent. Et une fois qu’une liste gagne, c’est en son sein qu’on doit choisir le Maire. Est-ce que je serai le futur maire de Podor?
Je ne saurai le dire pour deux raisons :la première, il faut que notre liste gagne. Et inchallah nous ferons tout si les élections sont organisées pour qu’elle gagne. Est-ce que une fois que notre liste gagne je serai le Maire ? En ce moment là, j’en parlerai non pas d’abord avec mes camarades mais surtout avec les populations de Podor parce que seul Podor compte et seul l’intérêt de Podor un intérêt à mes yeux. Et si les populations de Podor décident que ça serait moi, je ne me débinerai pas et j’assumerai en ce moment là toutes mes responsabilités.
On nous a dit que votre choix comme Marraine de cette 3ème édition du FBF gênent certains de vos adversaires politiques à Podor ?
Mais c’est peut être vrai parce que le terrain politique est parfois rude. C’est vraiment l’adversité à l’état pur, j’allais dire à l’état sauvage du terme (rires…). Donc il se peut parfaitement que le choix que Baba Maal a porté sur moi comme Marraine puisse gêner. Je pense que ces gens là ont une lecture simpliste de la situation. Si vous prenez la plaquette qui présente les Blues du fleuve, vous verrez que je ne suis pas la seule marraine.
Il y’a des Ministres membres du gouvernement de Abdoulaye Wade qui sont parrains de cette édition. Et mon plus grand plaisir aurait été qu’ils viennent à Podor et qu’ils honorent Baba Maal tels que Baba maal les a honorés. Ils ne l’ont pas fait. Peut être ils ont des raisons. Je ne suis pas la seule marraine de cette manifestation. Bon maintenant il y’a peut être le poids du fait que moi je suis de Podor, natif de Podor et que ça donne une autre tournure à ma qualité de marraine. C’est tout mais il n y’a pas à s’offusquer !
Quel est l’état de santé du Parti Socialiste au Sénégal et particulièrement dans le département de Podor ?
Je peux dire bien. Et ça ne sera pas de l’autosatisfaction que je fais. Le PS est un vieux parti qui a régné au Sénégal pendant quarante ans et qui a été battu en 2000 qui revient d’un grave traumatisme. Nous avons connu la transhumance, les menaces de toutes sortes et les invectives. Abdoulaye Wade a vraiment essayé de désagréger le parti socialiste. Il a intimidé ses dirigeants, il en a emprisonné certains, il en a libéré d’autres quand ils sont partis le rejoindre. Cependant toute cette tempête là, nous l’avons affronté en tenant solidement la barre du navire. A présent, il y’a un autre travail qui nous attend, c’est la reconstruction du parti.
Nous sommes entrain de nous y consacrer. C’est un travail difficile qui ne se fait pas en un jour ni en une année. Mais je pense qu’il faut qu’on le continue, qu’on l’amplifie et qu’on le densifie. Et le résultat est au bout de l’effort tout simplement. Dans le département de Podor le PS se porte bien. Je crois qu’il se porte même très bien. Notre ambition pour les élections locales, c’est de réaliser le grand chelem si elles avaient été organisées au moment où elles devraient être organisées.
Et figurez-vous, ironie du sort, c’est aujourd’hui que devait s’ouvrir la campagne électorale (rires) pour les élections locales. Notre ambition c’est de gagner toutes les communes de Podor et toutes les communautés rurales du département. Nous voulons le mettre à l’œuvre si les élections ont lieu.
Cinq ans après votre séjour en Mauritanie où vous étiez venu pour la défense de l’ancien président Khouna O Haîdallah lors de son procès en 2004 pour atteinte à la sûreté de l’Etat ; que pensez-vous de l’état de la démocratie dans ce pays ?
Pendant ma plaidoirie pour le président Haîdalla et ses compagnons, j’avais dit au président du tribunal de Mauritanie que ma conviction était que le régime de Ould Taya est fini. Que ce régime là était fini parce que la Mauritanie ne pouvait pas continuer à être géré de la façon dont j’ai vu le président Taya la gérer. Effectivement deux années après, la Mauritanie a repris son sort entre ses mains. Et bien je me félicite de cela car la Mauritanie est un pays charnière entre l’Afrique noire et l’Afrique arabe. Et pour être pays charnière et le rester, il faut qu’il soit un pays multiracial, un pays multilingue, un pays multiethnique ou un pays tout simplement multicolore.
Et je crois que c’est ça la marche de la Mauritanie et c’est comme ça qu’elle devra rester. J’ai suivi avec beaucoup d’attention et avec même beaucoup de fébrilité lorsque les premières élections ont été organisées qui ont porté le président Sidi au pouvoir. C’est quelque chose que nous avons beaucoup apprécié car nous avons vu le jeu de la démocratie s’instaurer en Mauritanie. La démocratie est un travail, une œuvre de tous les jours. Il faut la rendre perfectible, ça ne va pas être facile. Mais je suis convaincue que les Mauritaniens sont résolument tournés vers ça et la démocratie est définitivement ancrée dans ce pays.
Lors des élections de Février 2007, vous étiez coordinatrice de votre parti dans le département de Podor où d’ailleurs il est bien implanté. Comment expliquez-vous votre défaite à la publication des résultats ?
Votre question est pertinente. Comment se fait alors qu’on pense que le département de Podor est un département socialiste qu’on n’ait pas gagné aux élections présidentielles ! Tout le monde sait que Abdoulaye Wade a volé le vote et le scrutin. Il n y’a pas de mystère et d’explication. Nous ici à Podor, nous savons très bien quelles sont nos forces et nos faiblesses et, personnes n’a pu imaginer que le parti socialiste perde dans ce département. Au soir des résultats, on m’a appelé de tout le Sénégal pour me demander quels sont les résultats de Podor.
Quand j’ai dit qu’on a perdu, ils ont dit alors qu’on ne gagnera nulle part si on a perdu Podor! Pour vous dire à quel point Podor était emblématique de la présence du PS dans les localités. Mais ces élections nous les avons contestés. Lorsque nous avons été devant le conseil constitutionnel qui a déclaré Wade vainqueur, c’est ce jour là où j’ai dit sur les ondes de RFI que Wade a peut être une légalité puisque le conseil constitutionnel a confirmé sa victoire mais nous lui contesterons tout temps sa légitimité parce que nous savons que ces élections procèdent du vol.
Et la preuve qu’on en a eue, c’est que pour les élections législatives qui ont suivi quand nous avons décidé de les boycotter, Wade qui disait avoir été élu à 56 % des suffrages et qui avait pu mobiliser un taux de participation de plus de 68 %, ce même taux de participation a chuté jusqu’à 24 % pour le même parti, le même leadership et des gens qui avaient l’ambition d’investir l’assemblée nationale.
Tout le monde a compris par là que par l’abstention de nos militants, Abdoulaye Wade n’avait gagné à l’élection présidentielle. Et c’est ça qui a conduit au blocage actuel de la situation politique au Sénégal. Maintenant, nous sommes résolument tournés vers les assises nationales où le président wade est convié. A lui de venir ou de ne pas venir à ses assises nationales pour les quelles en tout cas toutes les forces vives sont engagées. Voilà pour ce qui est des élections.
Le Festival des Blues du fleuve est une manifestation itinérante. Que pensez-vous de son déplacement dans l’une des villes Mauritaniennes ?
Je crois que ce festival s’il devient international, il doit le devenir, c’est parce que justement c’est le fleuve qui est le cordon ombilical qui lie tous ces peuples là qu’il traverse ; aussi bien le Sénégal, la Mauritanie, le Mali que la Guinée. Moi, Aîssata Tall Sall, si je donne un avis, si demain Baba Maal organise ses Blues en Mauritanie, ces Blues là seront beaucoup plus légitimes que les Blues de Podor. Nous, nous sommes des Foutankais et nous disons toujours que le Fouta authentique est en Mauritanie et non pas au Sénégal.
En tant que marraine de la troisième édition du Festival des Blues du fleuve, quelle impression, vous vous faites de l’organisation de la 3ème édition 2008?
C’est une impression de fierté, fierté d’abord non pas seulement en tant que marraine mais en tant que Podoroise et soeur de Baba Maal de voir avec quelle parfaite organisation cette 3ème a été porté sur les fonds baptismaux. Une troisième édition qui est bien sur dédiée à la culture parce que Baba Maal est un homme de culture mais une 3ème édition qui est également dédiée au développement. Baba Maal l’a dit dans son discours à l’occasion de la cérémonie inaugurale où il a repris le leitmotiv du président Abdoulaye wade en disant qu’il invitait les Sénégalais à retourner à la culture justement pour que le Sénégal consomme ce qu’il produit.
Baba Maal a décidé désormais de placer ses activités dans ce cadre là. Et enfin un 3ème motif de fierté parce que cette 3ème édition a définitivement fini de porter Podor au pinacre des rendez-vous culturels de notre pays. Cette édition est vraiment une édition internationale par la présence du ministre de la Culture de la République Islamique de Mauritanie, Mohamed vall O cheîkh, de l’ex premier ministre de Guinée, Sellou Dalane Diallo et surtout du représentant du Haut Commissaire de l’OMVS, ce qui m’a beaucoup frappé.
Ça veut dire que le fleuve est un facteur d’union, de communication et que nous devons travailler autour du fleuve pour assurer le développement de nos pays respectifs et tout cela me réjouit en tant que Podoroise, en que Sénégalaise mais en tant qu’africaine tout court.
De nombreux observateurs ont noté des couacs dans l’organisation. Qu’est ce que vous avez remarqué et quelles suggestions apporteriez vous pour les futures manifestations ?
Me ATS : Il faut qu’on comprenne que toute organisation est une œuvre humaine. Donc elle connaît des défaillances humaines. Ensuite ce n’est que la troisième édition, la machine doit aller en se perfectionnant. Et s’il y’a des couacs, non pas il faut s’en féliciter mais il faut les comprendre. C’est que l’affaire a pris une réelle ampleur, une très grande dimension et il faut aujourd’hui que Baba Maal s’en rende compte et qu’il se dise finalement que ce festival est devenu une des plus grosses manifestations au Sénégal avec les contraintes de Podor. Podor est une petite commune qui ne dispose pas de beaucoup d’infrastructures.
Nous avons des problèmes pour héberger tout le monde (logistique, commodité). Mais malgré tout cela, Baba Maal a tenu à ce que ça reste à Podor. Alors, il faut en tirer la leçon. Et cette leçon, c’est nous tous, fils et filles de Podor qui devons la tirer. C’est de faire coprendre à Baba Maal que cette affaire est l’affaire de tout Podor, de tout le Sénégal. Et nous devrons nous investir tous à l’avenir dans l’organisation de ce festival pour qu’on puisse éviter les couacs.
Couacs qui sont inhérents à toute organisation. Le tout c’est de tirer la leçon, de faire le bilan de l’expérience, de corriger les fautes du passé et de continuer en se tournant résolument vers l’avenir. Je suis sûr que Baba Maal le fera. En tout cas moi, il est de ma responsabilité d’en parler à Baba Maal. Je le ferai et inchallah le tout sera corrigé à l’avenir.
source : Le Quotidien de Nouakchott