Message adressé par Son Excellence Monsieur Sidi Mohamed Ould CHEIKH ABDALLAHI, Président de la République Islamique de Mauritanie, aux Chefs d’Etats Africains réunis à Addis Abeba, du 1er au 3 février 2009 pour le 12ème Sommet de l’Union Africaine
Majestés,
Excellences,
J’étais parmi vous lors de votre dernier sommet à Charm Cheikh, et j’aurais souhaité être avec vous aujourd’hui à Addis Abeba, fort d’une expérience démocratique consolidée dans mon pays et d’un bilan marqué par l’amélioration notable des indicateurs de stabilité et de développement économique et social.
Malheureusement je regrette de ne pouvoir être présent à ce sommet car l’expérience démocratique, qui avait fait notre fierté et qui était pleine de promesses pour notre continent, a été interrompue le 6 Août dernier par un coup d’état insensé, fomenté par une junte militaire au mépris de la volonté populaire et des engagements internationaux de notre pays.
J’ai tenu cependant à vous envoyer un message de persévérance et de détermination à lutter pour bannir cette inacceptable effraction qui consiste à s’emparer du pouvoir par la force des armes et pour enraciner définitivement, dans notre continent, l’attachement aux choix et aux valeurs démocratiques.
Je vous envoie ce message parce que la Mauritanie a opposé, pour la première fois dans son histoire, une résistance populaire ouverte et multiforme qui s’est dressée, dès le premier jour et avec courage et fermeté, devant l’usurpation du pouvoir par la force armée.
Je vous transmets ce message aussi pour vous exprimer mes sincères remerciements et ceux de mon peuple pour votre prise de position ferme contre le coup d’état du 6 août et la remise en cause des progrès enregistrés dans la marche vers une démocratisation réelle de la vie politique en Mauritanie.
Au lendemain de mon retour du sommet africain de Charm Cheikh, je me suis adressé au peuple mauritanien. Dans ce discours je réaffirmais ma détermination à préserver les acquis démocratiques dans mon pays, quel qu’en fût le prix. J’avais pleinement conscience des sacrifices que pareille attitude supposait. J’ai payé cet engagement au prix de ma liberté et je continue à le faire, persuadé que mon sacrifice et celui des mauritaniens qui se s’opposent au coup d’état, étaient le seul moyen de rétablir l’ordre constitutionnel et de barrer la route de manière radicale aux velléités d’usurpation de pouvoir par des coups de force.
Majestés,
Excellences,
La junte qui s’est emparée du pouvoir en Mauritanie tente par des manœuvres dilatoires de gagner du temps pour consacrer le fait accompli et l’imposer au peuple mauritanien, à notre Union Africaine et à la Communauté Internationale. Il est de mon devoir d’attirer votre attention sur la spécificité du cas mauritanien et sur la fermeté et l’intransigeance qu’il faut observer dans le traitement de ce dossier.
Le coup d’état militaire du 6 août en Mauritanie est l’œuvre d’officiers qui bénéficiaient de ma confiance et qui ont récompensé cette confiance par une trahison. Ils ont d’abord fait une erreur d’appréciation en pensant qu’ils pouvaient me soumettre à leur volonté et continuer à diriger le pays par procuration. Voyant la conduite du pays échapper définitivement à l’emprise des forces armées, ils ont engagé une campagne de déstabilisation en s’appuyant sur une frange de la classe politique habituée à profiter d’avantages indus incompatibles avec la politique de bonne gouvernance que nous nous efforcions de mettre en œuvre. Pour mettre fin à ces agissements inacceptables de la part d’officiers supérieurs sensés respecter la discipline de leur corps et observer la plus grande réserve par rapport aux affaires politiques, j’ai effectivement été amène à prendre la décision de les destituer des postes de commandement qu’ils occupaient.
C’est en réaction à cette mesure que, pris d’une rage folle, l’un d’entre eux, a décidé d’anéantir les acquis du peuple et s’autoproclamer Chef de l’Etat en violation de l’ordre Constitutionnel et des usages et conventions internationales.
Ce putsch est donc inadmissible. Le tolérer signifie un renoncement aux socles mêmes sur lesquels se fondent les Etats dans notre ère moderne. Il signifie aussi un blanc seing à tous ceux qui, disposant de la force des armes sont tentés d’imposer leur volonté au mépris des choix exprimés en toute liberté par les citoyens. Il signifie enfin la transgression de toutes les valeurs qui vous rassemblent aujourd’hui, pour lesquels vous luttez et que vous voulez faire respecter sur tout notre Continent.
Notre combat pour la Mauritanie est un combat pour l’Afrique et pour la démocratie ; un combat pour les nobles idéaux à valeur universelle. C’est un combat pour l’édification de l’Etat de droit, l’avènement d’une armée républicaine qui ne s’immisce pas dans les affaires politiques et qui se consacre à sa mission de défense de l’intégrité territoriale. C’est un combat pour éviter le retour à l’époque révolue des régimes militaires, du despotisme et de l’arbitraire.
En rejetant le coup de force en Mauritanie, vous exprimez votre attachement au droit de l’Afrique à se sortir – comme c’est le cas de la plupart des autres pays du monde – du cercle vicieux des coups d’état qui s’encouragent les uns les autres.
C’est pourquoi nous comptons sur votre solide appui et votre solidarité agissante, et vous promettons, de notre part, fermeté, résolution et constance dans notre lutte, qui est en fait celle de l’Afrique toute entière ; l’Afrique qui veut faire promouvoir les libertés, consolider les institutions, garantir l’alternance pacifique au pouvoir et se consacrer au travail, à la production et au développement global.
Majestés,
Excellences,
Le dialogue constitue l’une de nos valeurs religieuses et morales authentiques et une de nos traditions enracinées. Nous l’avons érigé, depuis que nous avons pris en main les rênes du pays, en comportement politique de tous les jours. Les différentes assises que nous avons tenues sur certaines grandes questions nationales et au cours desquelles nous avons écouté les points de vue des mauritaniens de toutes les obédiences politiques, en donnent la preuve. En témoigne également la mise en œuvre du statut de l’opposition démocratique dans notre pays. Et si de nombreux mauritaniens valeureux ont rejeté ce que les putschistes ont appelé « les Etats Généraux de la Démocratie », c’est bien parce qu’il s’agissait d’une supercherie orchestrée par la junte qui cherche à obtenir une caution pour légitimer son coup de force et faire accepter son forfait par la communauté internationale.
Nous sommes parfaitement conscients que la mise en échec du coup d’état, le maintien de l’armée à distance par rapport aux rivalités politiques, est une condition essentielle pour la tenue d’un débat franc et constructif, dans lequel les mauritaniens bénéficieront des mêmes opportunités pour exprimer leurs opinions.
Majestés,
Excellences
Dans le souci d’éviter à mon pays les risques inhérents au coup d’état, j’ai exprimé récemment ma disponibilité, une fois l’ordre constitutionnel restauré, à organiser après concertation avec toute la classe politique, sans exclusive, des élections législatives et présidentielles anticipées, conformément à un calendrier accepté de manière consensuelle.
Je sollicite votre appui à cette initiative, qui pourrait constituer l’ossature d’une solution de sortie de crise mettant en échec le coup d’état perpétré contre nos institutions démocratiques. L’exemplarité de l’échec que nous devons administrer à ce putsch doit être dissuasive au point d’en faire le dernier des coups d’état en Afrique.
Cet objectif ne saurait être réalisé qu’à travers une position ferme et déterminée. Ainsi, notre Continent aura les mains libres pour créer les conditions propices pour imposer les règles de bonne gouvernance et se consacrer à la lutte qu’il doit mener contre la pauvreté, la maladie, l’ignorance et le sous-développement.
Vive l’Afrique libre, solidaire et démocratique.
Village de Lemden, le 31 Janvier 2009
Source: M. OULD JIDDOU
Majestés,
Excellences,
J’étais parmi vous lors de votre dernier sommet à Charm Cheikh, et j’aurais souhaité être avec vous aujourd’hui à Addis Abeba, fort d’une expérience démocratique consolidée dans mon pays et d’un bilan marqué par l’amélioration notable des indicateurs de stabilité et de développement économique et social.
Malheureusement je regrette de ne pouvoir être présent à ce sommet car l’expérience démocratique, qui avait fait notre fierté et qui était pleine de promesses pour notre continent, a été interrompue le 6 Août dernier par un coup d’état insensé, fomenté par une junte militaire au mépris de la volonté populaire et des engagements internationaux de notre pays.
J’ai tenu cependant à vous envoyer un message de persévérance et de détermination à lutter pour bannir cette inacceptable effraction qui consiste à s’emparer du pouvoir par la force des armes et pour enraciner définitivement, dans notre continent, l’attachement aux choix et aux valeurs démocratiques.
Je vous envoie ce message parce que la Mauritanie a opposé, pour la première fois dans son histoire, une résistance populaire ouverte et multiforme qui s’est dressée, dès le premier jour et avec courage et fermeté, devant l’usurpation du pouvoir par la force armée.
Je vous transmets ce message aussi pour vous exprimer mes sincères remerciements et ceux de mon peuple pour votre prise de position ferme contre le coup d’état du 6 août et la remise en cause des progrès enregistrés dans la marche vers une démocratisation réelle de la vie politique en Mauritanie.
Au lendemain de mon retour du sommet africain de Charm Cheikh, je me suis adressé au peuple mauritanien. Dans ce discours je réaffirmais ma détermination à préserver les acquis démocratiques dans mon pays, quel qu’en fût le prix. J’avais pleinement conscience des sacrifices que pareille attitude supposait. J’ai payé cet engagement au prix de ma liberté et je continue à le faire, persuadé que mon sacrifice et celui des mauritaniens qui se s’opposent au coup d’état, étaient le seul moyen de rétablir l’ordre constitutionnel et de barrer la route de manière radicale aux velléités d’usurpation de pouvoir par des coups de force.
Majestés,
Excellences,
La junte qui s’est emparée du pouvoir en Mauritanie tente par des manœuvres dilatoires de gagner du temps pour consacrer le fait accompli et l’imposer au peuple mauritanien, à notre Union Africaine et à la Communauté Internationale. Il est de mon devoir d’attirer votre attention sur la spécificité du cas mauritanien et sur la fermeté et l’intransigeance qu’il faut observer dans le traitement de ce dossier.
Le coup d’état militaire du 6 août en Mauritanie est l’œuvre d’officiers qui bénéficiaient de ma confiance et qui ont récompensé cette confiance par une trahison. Ils ont d’abord fait une erreur d’appréciation en pensant qu’ils pouvaient me soumettre à leur volonté et continuer à diriger le pays par procuration. Voyant la conduite du pays échapper définitivement à l’emprise des forces armées, ils ont engagé une campagne de déstabilisation en s’appuyant sur une frange de la classe politique habituée à profiter d’avantages indus incompatibles avec la politique de bonne gouvernance que nous nous efforcions de mettre en œuvre. Pour mettre fin à ces agissements inacceptables de la part d’officiers supérieurs sensés respecter la discipline de leur corps et observer la plus grande réserve par rapport aux affaires politiques, j’ai effectivement été amène à prendre la décision de les destituer des postes de commandement qu’ils occupaient.
C’est en réaction à cette mesure que, pris d’une rage folle, l’un d’entre eux, a décidé d’anéantir les acquis du peuple et s’autoproclamer Chef de l’Etat en violation de l’ordre Constitutionnel et des usages et conventions internationales.
Ce putsch est donc inadmissible. Le tolérer signifie un renoncement aux socles mêmes sur lesquels se fondent les Etats dans notre ère moderne. Il signifie aussi un blanc seing à tous ceux qui, disposant de la force des armes sont tentés d’imposer leur volonté au mépris des choix exprimés en toute liberté par les citoyens. Il signifie enfin la transgression de toutes les valeurs qui vous rassemblent aujourd’hui, pour lesquels vous luttez et que vous voulez faire respecter sur tout notre Continent.
Notre combat pour la Mauritanie est un combat pour l’Afrique et pour la démocratie ; un combat pour les nobles idéaux à valeur universelle. C’est un combat pour l’édification de l’Etat de droit, l’avènement d’une armée républicaine qui ne s’immisce pas dans les affaires politiques et qui se consacre à sa mission de défense de l’intégrité territoriale. C’est un combat pour éviter le retour à l’époque révolue des régimes militaires, du despotisme et de l’arbitraire.
En rejetant le coup de force en Mauritanie, vous exprimez votre attachement au droit de l’Afrique à se sortir – comme c’est le cas de la plupart des autres pays du monde – du cercle vicieux des coups d’état qui s’encouragent les uns les autres.
C’est pourquoi nous comptons sur votre solide appui et votre solidarité agissante, et vous promettons, de notre part, fermeté, résolution et constance dans notre lutte, qui est en fait celle de l’Afrique toute entière ; l’Afrique qui veut faire promouvoir les libertés, consolider les institutions, garantir l’alternance pacifique au pouvoir et se consacrer au travail, à la production et au développement global.
Majestés,
Excellences,
Le dialogue constitue l’une de nos valeurs religieuses et morales authentiques et une de nos traditions enracinées. Nous l’avons érigé, depuis que nous avons pris en main les rênes du pays, en comportement politique de tous les jours. Les différentes assises que nous avons tenues sur certaines grandes questions nationales et au cours desquelles nous avons écouté les points de vue des mauritaniens de toutes les obédiences politiques, en donnent la preuve. En témoigne également la mise en œuvre du statut de l’opposition démocratique dans notre pays. Et si de nombreux mauritaniens valeureux ont rejeté ce que les putschistes ont appelé « les Etats Généraux de la Démocratie », c’est bien parce qu’il s’agissait d’une supercherie orchestrée par la junte qui cherche à obtenir une caution pour légitimer son coup de force et faire accepter son forfait par la communauté internationale.
Nous sommes parfaitement conscients que la mise en échec du coup d’état, le maintien de l’armée à distance par rapport aux rivalités politiques, est une condition essentielle pour la tenue d’un débat franc et constructif, dans lequel les mauritaniens bénéficieront des mêmes opportunités pour exprimer leurs opinions.
Majestés,
Excellences
Dans le souci d’éviter à mon pays les risques inhérents au coup d’état, j’ai exprimé récemment ma disponibilité, une fois l’ordre constitutionnel restauré, à organiser après concertation avec toute la classe politique, sans exclusive, des élections législatives et présidentielles anticipées, conformément à un calendrier accepté de manière consensuelle.
Je sollicite votre appui à cette initiative, qui pourrait constituer l’ossature d’une solution de sortie de crise mettant en échec le coup d’état perpétré contre nos institutions démocratiques. L’exemplarité de l’échec que nous devons administrer à ce putsch doit être dissuasive au point d’en faire le dernier des coups d’état en Afrique.
Cet objectif ne saurait être réalisé qu’à travers une position ferme et déterminée. Ainsi, notre Continent aura les mains libres pour créer les conditions propices pour imposer les règles de bonne gouvernance et se consacrer à la lutte qu’il doit mener contre la pauvreté, la maladie, l’ignorance et le sous-développement.
Vive l’Afrique libre, solidaire et démocratique.
Village de Lemden, le 31 Janvier 2009
Source: M. OULD JIDDOU