
Wal Fadjri : Peut-on savoir à quel titre, vous avez été convoqué par le Sénat ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : J’avoue que, très franchement, je n’ai pas été convoqué. Et c’est aux environs de 11h que des véhicules, remplis de policiers armés et habillés en uniforme, accompagnés d’un commissaire de police, se sont présentés à moi. Ils m’ont signifié qu’ils avaient reçu l’ordre de me conduire au niveau du Sénat. Et dès que je suis arrivé, on m’a demandé de patienter pour quelques minutes dans la grande salle. C’est après une bonne heure d’attente qu’on m’a amené devant un groupe de sénateurs. Ces derniers se sont présentés à moi comme étant membres de la commission sénatoriale et qu’ils sont chargés d’enquêter sur les modes de financement et de fonctionnement de la Fondation KB.
Wal Fadjri : Pouvez-vous revenir sur le fil de votre audition ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : En fait, dès que je suis arrivé, la commission m’a demandé de m’asseoir. Et c’est le moment qu’a choisi le président de la commission pour me préciser que je me trouvais juste devant une commission d’enquête, mais pas devant une Cour de justice. Ils m’ont expliqué ce qu’ils cherchaient. Et que c’est uniquement pour faire la lumière sur le financement et le fonctionnement de la Fondation que dirigeait ma mère. Après quoi, ils m’ont posé des séries de questions. Des questions auxquelles je n’ai pas accepté de répondre en l’absence de mes avocats.
Wal Fadjri : Qu’est-ce qu’on reproche à la Fondation KB ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : Jusqu’à présent, nous ne savons pas ce dont on nous reproche. Nous n’avons jamais eu de communication officielle avec une quelconque institution d’enquête. Mieux, nous n’avons, à ce jour, rien reçu du Sénat. Tout ce que nous savons, nous le savons grâce à la presse. J’ai l’impression qu’on nous reproche quelque chose. Mais Dieu sait que nous ignorons ce qu’on nous reproche.
Wal Fadjri : Après la présidente de la Fondation qui se trouve être votre mère, aujourd’hui c’est à votre tour en tant que vice-président de KB d’être entendu… Comment l’appréciez-vous ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : On veut tout simplement s’attaquer à notre fondation. Mais ces gens qui viennent enquêter sur nous, nous ont pas dit, jusqu’à présent, ce qu’ils nous reprochent. Au contraire, on a l’impression qu’ils nous demandent de leur fournir le matériel pour qu’ils puissent nous reprocher quelque chose. Et depuis cinq mois qu’on a déclenché ces enquêtes, l n’y a aucun fait précis qu’on nous reproche et sur lequel on nous demande de nous expliquer.
Wal Fadjri : Serait-ce de l’acharnement ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : Ce qui se passe depuis ces cinq mois, n’est rien d’autre que des manœuvres politiques et des intimidations, de la part de ceux qui, pour une raison ou une autre, étaient opposés au président Sidi.
Wal Fadjri : Trois mois d’emprisonnement. Comment la famille vit-elle la résidence surveillée du père ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : Ce n’est pas la première fois que notre père a été mis en résidence surveillée. C’est la troisième fois qu’il rencontre de telles péripéties. Nous sommes donc habitués. Et nous essayons surtout de ne pas mettre nos sentiments en avant puisqu’il s’agit tout d’abord d’une question nationale. Il s’agit de l’intérêt de la Mauritanie. Il s’agit de savoir si la Mauritanie est capable d’être un Etat de droit, d’avoir une démocratie qui fonctionne et dans laquelle le désaccord est tout à fait normal. Et que tous les accords soient traités de façon démocratique ; ou bien que nous sommes un pays, où il n’y a que la force qui soit la loi. Aujourd’hui, le combat qui se mène partout est, pour la première fois, un combat de tout un peuple. Le Mauritanien est en train de se rendre compte que la démocratie est quelque chose de précieux. Parce que cela ne fait pas trois mois qu’il y a eu un nouveau coup d’Etat et le citoyen moyen se rend compte davantage de l’ampleur du recul des libertés publiques. Parce que pendant toute la durée du mandat de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, personne n’a été envoyé en prison pour ses opinions ; personne n’a été tabassé par la police pour avoir dit quelque chose contre le gouvernement. Et aucun journal n’a été saisi sous le règne du président Sidi. D’ailleurs, durant cette période, l’opposition ne cessait de critiquer à tout bout de champs.
Aujourd’hui, il n’y a qu’un seul point de vue, c’est bien sûr celui de la junte. Et toute personne qui va à l’encontre de la junte ou qui manifeste ou même si elle montre un poster du président Sidi, est tabassée. Aujourd’hui, nous avons un ancien ministre qui est en prison pour avoir tenu à la télévision nationale des propos qui ne sont pas appréciés par la junte. Je n’ai donc pas de doute sur l’issue finale de la bataille qui est en train d’être menée. A travers ce qui se fait, nous obtiendrons la vraie démocratie. C’est cette démocratie qui peut être pérenne. Aujourd’hui, le retour de mon père est une exigence de la communauté internationale et du peuple mauritanien. Sidi Ould Cheikh a été élu démocratiquement pour cinq ans. Et les moyens d’enlever un président sont clairs dans la constitution mauritanienne. Ce qui s’est passé le 6 août n’est rien d’autre qu’un kidnapping. Il s’agit d’un officier de police supérieur, qui a été limogé, et qui n’a trouvé rien de mieux que de kidnapper un président. Cet officier est en train de vouloir se maintenir par la force et contre la volonté de la communauté internationale et du peuple mauritanien. Cela ne passera pas.
Wal Fadjri : Etes-vous en contact avec votre père ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : Non, pas du tout. Depuis qu’il est en prison, nous n’avons de ses nouvelles qu’à travers la presse si ce ne sont pas certains de ses visiteurs qui nous donnent de ses nouvelles. Ce sont pour la plupart des ambassadeurs occidentaux. Récemment, il a aussi reçu un groupe de personnes qui travaillent dans le cadre des œuvres humanitaires. Et ce sont des occasions de ce genre qui nous permettent d’avoir des nouvelles de notre père.
Wal Fadjri : Comment appréciez-vous le combat que mène le Front national de la défense pour la démocratie ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : Même si je déplore ce coup d’Etat, je crois qu’il constitue une très grande chance pour la Mauritanie. Après un dur labeur, cette lutte que nous menons avec tout le peuple, a plus de valeur et de saveur que lorsqu’on vous l’offre. Et la démocratie que nous avions avant ,était une démocratie offerte. Et elle sera différente de celle que nous aurons après l’échec de ce coup d’Etat qui semble imminent.
Propos Recueillis par Abou KANE
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Source: walfad
(M) avomm
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : J’avoue que, très franchement, je n’ai pas été convoqué. Et c’est aux environs de 11h que des véhicules, remplis de policiers armés et habillés en uniforme, accompagnés d’un commissaire de police, se sont présentés à moi. Ils m’ont signifié qu’ils avaient reçu l’ordre de me conduire au niveau du Sénat. Et dès que je suis arrivé, on m’a demandé de patienter pour quelques minutes dans la grande salle. C’est après une bonne heure d’attente qu’on m’a amené devant un groupe de sénateurs. Ces derniers se sont présentés à moi comme étant membres de la commission sénatoriale et qu’ils sont chargés d’enquêter sur les modes de financement et de fonctionnement de la Fondation KB.
Wal Fadjri : Pouvez-vous revenir sur le fil de votre audition ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : En fait, dès que je suis arrivé, la commission m’a demandé de m’asseoir. Et c’est le moment qu’a choisi le président de la commission pour me préciser que je me trouvais juste devant une commission d’enquête, mais pas devant une Cour de justice. Ils m’ont expliqué ce qu’ils cherchaient. Et que c’est uniquement pour faire la lumière sur le financement et le fonctionnement de la Fondation que dirigeait ma mère. Après quoi, ils m’ont posé des séries de questions. Des questions auxquelles je n’ai pas accepté de répondre en l’absence de mes avocats.
Wal Fadjri : Qu’est-ce qu’on reproche à la Fondation KB ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : Jusqu’à présent, nous ne savons pas ce dont on nous reproche. Nous n’avons jamais eu de communication officielle avec une quelconque institution d’enquête. Mieux, nous n’avons, à ce jour, rien reçu du Sénat. Tout ce que nous savons, nous le savons grâce à la presse. J’ai l’impression qu’on nous reproche quelque chose. Mais Dieu sait que nous ignorons ce qu’on nous reproche.
Wal Fadjri : Après la présidente de la Fondation qui se trouve être votre mère, aujourd’hui c’est à votre tour en tant que vice-président de KB d’être entendu… Comment l’appréciez-vous ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : On veut tout simplement s’attaquer à notre fondation. Mais ces gens qui viennent enquêter sur nous, nous ont pas dit, jusqu’à présent, ce qu’ils nous reprochent. Au contraire, on a l’impression qu’ils nous demandent de leur fournir le matériel pour qu’ils puissent nous reprocher quelque chose. Et depuis cinq mois qu’on a déclenché ces enquêtes, l n’y a aucun fait précis qu’on nous reproche et sur lequel on nous demande de nous expliquer.
Wal Fadjri : Serait-ce de l’acharnement ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : Ce qui se passe depuis ces cinq mois, n’est rien d’autre que des manœuvres politiques et des intimidations, de la part de ceux qui, pour une raison ou une autre, étaient opposés au président Sidi.
Wal Fadjri : Trois mois d’emprisonnement. Comment la famille vit-elle la résidence surveillée du père ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : Ce n’est pas la première fois que notre père a été mis en résidence surveillée. C’est la troisième fois qu’il rencontre de telles péripéties. Nous sommes donc habitués. Et nous essayons surtout de ne pas mettre nos sentiments en avant puisqu’il s’agit tout d’abord d’une question nationale. Il s’agit de l’intérêt de la Mauritanie. Il s’agit de savoir si la Mauritanie est capable d’être un Etat de droit, d’avoir une démocratie qui fonctionne et dans laquelle le désaccord est tout à fait normal. Et que tous les accords soient traités de façon démocratique ; ou bien que nous sommes un pays, où il n’y a que la force qui soit la loi. Aujourd’hui, le combat qui se mène partout est, pour la première fois, un combat de tout un peuple. Le Mauritanien est en train de se rendre compte que la démocratie est quelque chose de précieux. Parce que cela ne fait pas trois mois qu’il y a eu un nouveau coup d’Etat et le citoyen moyen se rend compte davantage de l’ampleur du recul des libertés publiques. Parce que pendant toute la durée du mandat de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, personne n’a été envoyé en prison pour ses opinions ; personne n’a été tabassé par la police pour avoir dit quelque chose contre le gouvernement. Et aucun journal n’a été saisi sous le règne du président Sidi. D’ailleurs, durant cette période, l’opposition ne cessait de critiquer à tout bout de champs.
Aujourd’hui, il n’y a qu’un seul point de vue, c’est bien sûr celui de la junte. Et toute personne qui va à l’encontre de la junte ou qui manifeste ou même si elle montre un poster du président Sidi, est tabassée. Aujourd’hui, nous avons un ancien ministre qui est en prison pour avoir tenu à la télévision nationale des propos qui ne sont pas appréciés par la junte. Je n’ai donc pas de doute sur l’issue finale de la bataille qui est en train d’être menée. A travers ce qui se fait, nous obtiendrons la vraie démocratie. C’est cette démocratie qui peut être pérenne. Aujourd’hui, le retour de mon père est une exigence de la communauté internationale et du peuple mauritanien. Sidi Ould Cheikh a été élu démocratiquement pour cinq ans. Et les moyens d’enlever un président sont clairs dans la constitution mauritanienne. Ce qui s’est passé le 6 août n’est rien d’autre qu’un kidnapping. Il s’agit d’un officier de police supérieur, qui a été limogé, et qui n’a trouvé rien de mieux que de kidnapper un président. Cet officier est en train de vouloir se maintenir par la force et contre la volonté de la communauté internationale et du peuple mauritanien. Cela ne passera pas.
Wal Fadjri : Etes-vous en contact avec votre père ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : Non, pas du tout. Depuis qu’il est en prison, nous n’avons de ses nouvelles qu’à travers la presse si ce ne sont pas certains de ses visiteurs qui nous donnent de ses nouvelles. Ce sont pour la plupart des ambassadeurs occidentaux. Récemment, il a aussi reçu un groupe de personnes qui travaillent dans le cadre des œuvres humanitaires. Et ce sont des occasions de ce genre qui nous permettent d’avoir des nouvelles de notre père.
Wal Fadjri : Comment appréciez-vous le combat que mène le Front national de la défense pour la démocratie ?
Mohamed Sidi Ould Cheikh ABDALLAHI : Même si je déplore ce coup d’Etat, je crois qu’il constitue une très grande chance pour la Mauritanie. Après un dur labeur, cette lutte que nous menons avec tout le peuple, a plus de valeur et de saveur que lorsqu’on vous l’offre. Et la démocratie que nous avions avant ,était une démocratie offerte. Et elle sera différente de celle que nous aurons après l’échec de ce coup d’Etat qui semble imminent.
Propos Recueillis par Abou KANE
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Source: walfad
(M) avomm