RFD : L’impossible consensus !

Le Bureau exécutif du RFD s’est séparé vendredi sur l’ajournement des décisions cruciales pour l’avenir du parti en rapport avec l’évolution politique du pays. Si à l’issue de cette réunion marathon, un premier bilan a été fait des six derniers mois du putsch, force est de constater que les avis n’en sont encore que plus partagés sur les choix politiques stratégiques de cette formation.

Dans ce qui ressemble aujourd’hui à une véritable arène, les instances du parti (BE, comité permanent et conseil national) secrètent les mêmes antagonismes.D’une part, les tenants d’une stratégie de continuité, à retoucher, s’opposent à ceux qui prônent une rupture de banc avec les militaires et une osmose avec le FNDD.

Pour exorciser l’implosion du parti, ses dirigeants tentent de trouver un consensus sur ces questions lancinantes pour la formation. In extrémis ?!Le Rassemblement des forces démocratiques est pris dans une tourmente sans précédent ces dernières semaines. Il fait face à un dilemme qui risquerait, en l’absence d’un consensus sur des questions existentielles pour le parti, de le faire voler en mille morceaux.

Bien plus que sauver les apparences, il lui faudra pourtant aujourd’hui faire, dans l’impossibilité de forcer une troisième voie, un choix entre deux thèses diamétralement opposées. Le RFD paie ainsi la bipolarisation politique entre le HCE et le FNDD.

Les thèses en présence.

Depuis la plate-forme du 16 août 2008, le président du Rassemblement des Forces Démocratiques et Chef de file de l’Opposition démocratique, Ahmed Ould Daddah faisait de l’inéligibilité des militaires en poste au 6 août 2008 son cheval de bataille. Pour ce faire, il avait même convenu d’une plate-forme avec plusieurs formations dont l’AJD/MR, Hatem et le MDD. Une plate-forme que le président du RFD est aujourd’hui le seul à réclamer. Une exigence laissée en sourdine jusqu’au lendemain des Etats Généraux de la démocratie (EGD), organisés du 27 décembre 2008 au 6 Janvier 2009.

Les conclusions des EGD et les appels à la candidature du général par certains sérails ont fini de désillusionner le président du RFD. Ce dernier marquera son mécontentement face à cette perspective, en faisant une déclaration le 6 janvier 2009 dans laquelle il prenait ses distances.

Or, c’est sur cette question qu’achoppent aujourd’hui les discussions au sein des instances dirigeantes du parti. Pour l’un des groupes symbolisés par Ismael Ould Amar, Nana Mint Cheikhna, Mohameden Ould Babah ou encore Mohamed Mahmoud Ould Wedadi, l’exigence de l’inéligibilité des militaires en poste au 6 août 2008 n’ayant pas été prise en considération, il y a lieu de douter de la transparence du scrutin et de s’amarrer au Front national pour la défense de la démocratie.

Dans l’autre groupe, comprenant d’autres responsables du parti comme Kane Hamidou Baba, Mohamed Abderrahmane Ould Meine, Mohamed Ould Beilil et Ould Zahaf, il y a lieu de «respecter la logique d’action prise par le parti depuis le 6 août 2008». Pour ce groupe, si la candidature des militaires est d’abord «un droit» –ce que ne réfuterait pas l’autre groupe- il faudrait cependant lui donner une dimension politique en maintenant les ponts du dialogue politique en vue d’obtenir encore plus de garanties de transparence pour la crédibilité du processus.

Ce groupe fustige aussi le gouvernement en place pour son manque de concertation avec les acteurs politiques. Mais ils sont d’autant plus engagés dans cette voie du maintien du dialogue qu’aucun rapport d’évaluation des EGD n’a jusqu’ici été fait et qu’aucune instance du parti n’a décidé d’une position affirmée fondée sur les conclusions des EGD sur cette question. Une commission pour l’évaluation de la participation du parti aux EGD a d’ailleurs été mise et regroupe le président Ahmed Ould Daddah, Kane Hamidou Baba et Mohamed Mahmoud Ould Wedadi.

Un suicide politique ?

Quelque soit l’attitude de ses collaborateurs, Ahmed Ould Daddah sait qu’il est pris entre plusieurs feux. Le premier -et pas des moindres- est celui d’échouer à favoriser un consensus entre ces duopoles au sein de sa propre formation.Toute division lui serait fatale. Secundo le choix qui lui est offert entre les «belligérants» reste cornélien.

S’il n’est pas assuré de se lancer dans une course présidentielle sans garantie de transparence, la question qui se pose à lui est celle de savoir que peut lui offrir, en retour, le FNDD dont les apôtres sont ses rivaux déclarés. Le moins que l’on puisse dire aujourd’hui est que le Chef de file de l’Opposition se retrouve dans une position peu enviable. En attendant, la reprise des travaux du BE du parti, suspendus, c’est le Conseil National du parti qui se réunit dimanche avec en filigranes le même cercle vicieux des dissensions.

JD

Source: le quotidien nouakchott