
Apparemment, cette année 2009 commence de la plus mauvaise des manières. Comme a fini 2008. Avec un régime militaire qui a conquis le pouvoir, par la force, et s’y accroche. Obstinément. Malgré la forte opposition intérieure, les mises en garde extérieures, les sanctions qui commencent à pleuvoir et qui feront de nous, bientôt, un pays pestiféré, les appels à la raison, lancés, tous azimuts, au général. Rien n’y a fait. Lors du dernier conseil des ministres, dans ce qui s’apparente à une comédie ubuesque, un ministre interpelle Ould Abdel Aziz sur ses intentions réelles. Et le général de répondre : «Oui, je serai candidat». S’en suit une longue dissertation, sur l’échec de la première transition et du gouvernement qui l’a suivie, les problèmes qu’affronte la Mauritanie, Ould Daddah, «qui ne pense qu’à être président», la dernière proposition de sortie de crise du RFD, «qui ne contient rien de nouveau». Ovation des ministres, inquiétés par les rumeurs d’un probable désistement du chef de l’Etat mais, surtout, par leur propre avenir, leur sort étant lié à celui des putschistes.
Ce qu’on craignait, donc, au soir du 6 août dernier, a désormais toutes les chances de se produire. Sans véritablement mesurer la portée de son acte, Ould Abdel Aziz va briguer la magistrature suprême, le 6 juin prochain. Que la communauté internationale brandisse ses menaces ou les applique, que le FNDD continue sa résistance, que le RFD claque la porte, que le pays souffre, il n’en a cure. Il a pris sa décision. Et plus rien ne l’arrêtera. Il a ses parlementaires, ses maires, ses partis politiques et ses chefs de tribus qui le soutiennent. Exactement comme un certain Maaouya Ould Taya. Et la ressemblance ne s’arrête pas là. Les appels du pied pour la candidature de notre nouveau guide «éclairé», les initiatives de soutien, les réunions à caractère tribal ou régional, ont fait, font encore florès, depuis le départ de Sidioca. On croyait, pourtant, avoir rompu avec ce genre de pratiques. Et, effectivement, elles avaient disparu, depuis 2005. Mais elles furent tellement ancrées dans les mémoires, pendant les années de plomb et la démocratie de façade, qu’elles ne demandaient qu’un seul geste du pouvoir, pour ressurgir, encore plus fortes.
Du coup, nous assistons, depuis quelques semaines, à un fourmillement d’invitations dans le seul but de prêter allégeance au général. C’est la course à qui ameutera le plus grand monde, afin d’apparaître, proportionnellement , détenteur du plus gros paquet de voix, le jour du vote. Avec, évidemment à la clé, un poste, un marché, des «facilités», que sais-je encore? Jeu malsain qui a déjà fait dévier notre démocratie du chemin qu’elle devait normalement emprunter et qui a permis à Ould Taya d’asseoir son illusion. Avec les résultats qu’on sait. Dérive autocratique, digne de la Roumanie de Ceausescu ou de Cuba de Fidel Castro. Mais, paradoxalement, ce pouvoir clientéliste, sans fondements solides, s’est écroulé, comme un château de cartes, sitôt décapité. S’achemine-t-on vers un remake de cette ineptie, la reconnaissance internationale et l’abondance en moins?
J’entends dire : Ah ! On va retrouver, enfin, les vaches grasses! N’a-t-on pas compris que le prix à payer de celles-ci fut nos problèmes d’aujourd’hui? L’argent si complaisamment détourné aurait dû financer les infrastructures, leur qualité, leur entretien, qui assureraient, maintenant, notre développement. Un exemple : si l’on avait, depuis 1992, réellement investi l’argent des bailleurs, à son propos d’urbanisme, Nouakchott ne ressemblerait pas, ce matin, à un monceau d’ordures, embouteillé, sous-équipé, dont le coût de rénovation grimpe, chaque jour, de façon exponentielle… En la matière, le temps perdu ne se rattrape jamais, sinon à un prix démentiel. Il va falloir faire des choix, draconiens. Déjà, les fontaines des financements acquis sous les précédents gouvernements se tarissent. Attendez-vous, messieurs-dames, à une nouvelle ascendance, dans la spirale des coûts de la survie. On veut bien croire, certes, qu’il y aura quelques vaches grasses. Pour quelques heureux élus, rares et se raréfiant. On comprend, dès lors, qu’en prévision de ces lendemains très sélectifs, on se rue à l’allégeance…
Sinon quoi? Quelle stature, assez forte, assez stable, assez audacieuse, assez républicaine, peut se dresser, sereinement, dans la caricature guignolesque du plébiscite annoncé? Le «chef-de-file- institutionnel- de-l’opposition» ? Voilà des mois qu’il a perdu sa couronne. Tel ou tel leader du FNDD, espérant rallier, en quelques mois, les bataillons écartelés des démocrates? Le président d’un défunt CMJD passablement mouillé dans la dérive actuelle? On se posera, plutôt, la question subsidiaire : la classe politique mauritanienne a-t-elle, enfin, atteint le terme de sa corruption, si aimablement aidée, en cela, par les artisans du 6 août? «Du mort, Il fait sortir le vivant.», nous rappelle le Saint Coran. Cette renaissance est-elle envisageable avant le 6 juin. Faudrait-il, alors, parier sur les lendemains «déchanteurs» et l’écroulement rapide d’un système Taya-bis, héritier souffreteux, miné par les incohérences du premier? Rude chemin, crevé d’ornières...
Ahmed Ould Cheikh
Ce qu’on craignait, donc, au soir du 6 août dernier, a désormais toutes les chances de se produire. Sans véritablement mesurer la portée de son acte, Ould Abdel Aziz va briguer la magistrature suprême, le 6 juin prochain. Que la communauté internationale brandisse ses menaces ou les applique, que le FNDD continue sa résistance, que le RFD claque la porte, que le pays souffre, il n’en a cure. Il a pris sa décision. Et plus rien ne l’arrêtera. Il a ses parlementaires, ses maires, ses partis politiques et ses chefs de tribus qui le soutiennent. Exactement comme un certain Maaouya Ould Taya. Et la ressemblance ne s’arrête pas là. Les appels du pied pour la candidature de notre nouveau guide «éclairé», les initiatives de soutien, les réunions à caractère tribal ou régional, ont fait, font encore florès, depuis le départ de Sidioca. On croyait, pourtant, avoir rompu avec ce genre de pratiques. Et, effectivement, elles avaient disparu, depuis 2005. Mais elles furent tellement ancrées dans les mémoires, pendant les années de plomb et la démocratie de façade, qu’elles ne demandaient qu’un seul geste du pouvoir, pour ressurgir, encore plus fortes.
Du coup, nous assistons, depuis quelques semaines, à un fourmillement d’invitations dans le seul but de prêter allégeance au général. C’est la course à qui ameutera le plus grand monde, afin d’apparaître, proportionnellement , détenteur du plus gros paquet de voix, le jour du vote. Avec, évidemment à la clé, un poste, un marché, des «facilités», que sais-je encore? Jeu malsain qui a déjà fait dévier notre démocratie du chemin qu’elle devait normalement emprunter et qui a permis à Ould Taya d’asseoir son illusion. Avec les résultats qu’on sait. Dérive autocratique, digne de la Roumanie de Ceausescu ou de Cuba de Fidel Castro. Mais, paradoxalement, ce pouvoir clientéliste, sans fondements solides, s’est écroulé, comme un château de cartes, sitôt décapité. S’achemine-t-on vers un remake de cette ineptie, la reconnaissance internationale et l’abondance en moins?
J’entends dire : Ah ! On va retrouver, enfin, les vaches grasses! N’a-t-on pas compris que le prix à payer de celles-ci fut nos problèmes d’aujourd’hui? L’argent si complaisamment détourné aurait dû financer les infrastructures, leur qualité, leur entretien, qui assureraient, maintenant, notre développement. Un exemple : si l’on avait, depuis 1992, réellement investi l’argent des bailleurs, à son propos d’urbanisme, Nouakchott ne ressemblerait pas, ce matin, à un monceau d’ordures, embouteillé, sous-équipé, dont le coût de rénovation grimpe, chaque jour, de façon exponentielle… En la matière, le temps perdu ne se rattrape jamais, sinon à un prix démentiel. Il va falloir faire des choix, draconiens. Déjà, les fontaines des financements acquis sous les précédents gouvernements se tarissent. Attendez-vous, messieurs-dames, à une nouvelle ascendance, dans la spirale des coûts de la survie. On veut bien croire, certes, qu’il y aura quelques vaches grasses. Pour quelques heureux élus, rares et se raréfiant. On comprend, dès lors, qu’en prévision de ces lendemains très sélectifs, on se rue à l’allégeance…
Sinon quoi? Quelle stature, assez forte, assez stable, assez audacieuse, assez républicaine, peut se dresser, sereinement, dans la caricature guignolesque du plébiscite annoncé? Le «chef-de-file- institutionnel- de-l’opposition» ? Voilà des mois qu’il a perdu sa couronne. Tel ou tel leader du FNDD, espérant rallier, en quelques mois, les bataillons écartelés des démocrates? Le président d’un défunt CMJD passablement mouillé dans la dérive actuelle? On se posera, plutôt, la question subsidiaire : la classe politique mauritanienne a-t-elle, enfin, atteint le terme de sa corruption, si aimablement aidée, en cela, par les artisans du 6 août? «Du mort, Il fait sortir le vivant.», nous rappelle le Saint Coran. Cette renaissance est-elle envisageable avant le 6 juin. Faudrait-il, alors, parier sur les lendemains «déchanteurs» et l’écroulement rapide d’un système Taya-bis, héritier souffreteux, miné par les incohérences du premier? Rude chemin, crevé d’ornières...
Ahmed Ould Cheikh